L'art de la guerre
Escalade USA contre la Chine
Manlio Dinucci
Mardi 31 mai 2016
« La révolution scientifique qui a
conduit à la scission de l’atome
requiert aussi une révolution morale » :
c’est avec cette phrase historique
(forgée par les speech-writer
présidentiels) qu’a culminé la visite d’Obama
en Asie, où depuis Hiroshima il a
proclamé la volonté de « tracer une voie
qui conduise à la destruction des
arsenaux nucléaires ». Ce que dément la
Fédération des scientifiques américains,
en démontrant que l’administration Obama
a réduit moins que les précédentes le
nombre de têtes nucléaires.
Les USA ont aujourd’hui 4500 têtes stratégiques, dont 1750 prêtes au
lancement, plus 180 « tactiques » prêtes
au lancement en Europe, plus 2500
retirées mais non démantelées. Avec les
françaises et les britanniques, l’Otan
dispose de 5015 têtes nucléaires, dont
2330 prêtes au lancement. Plus que la
Russie (4490, dont 1790 prêtes au
lancement) et que la Chine (300, aucune
prête au lancement).
L’administration Obama -documente le New York Times (21 septembre
2014)- a promulgué un plan de 1000
milliards de dollars qui prévoit la
construction de 400 autres missiles
balistiques intercontinentaux, 12
sous-marins et 100 bombardiers
stratégiques d’attaque nucléaire. Pour
la « modernisation » des têtes
nucléaires, y compris celles stockées en
Italie, est en phase d’expansion aux USA
un complexe national composé de huit
grands sites et laboratoires avec un
personnel de plus de 40 mille personnes.
La course aux armements nucléaires
relancée, Obama a proclamé à Hiroshima
la volonté d’éliminer non seulement les
armes nucléaires, mais la guerre
elle-même : rappelant que « les gens
ordinaires ne veulent plus de guerres »,
il a souligné que « c’est notre
mentalité même sur la guerre que nous
devons changer, pour prévenir les
conflits grâce à la diplomatie ».
Au même moment, à Washington, le Pentagone accusait la Chine de
déployer des systèmes de défense en Mer
de Chine Méridionale pour « contrôler
cette mer et limiter notre capacité de
nous déplacer dans la région
Asie/Pacifique ». Région dans laquelle
les USA sont en train d’accroître leur
présence militaire, sur la base d’un
plan qui prévoit de déployer aussi, au
bord de la Chine et de la Russie, des
navires et des bases Aegis analogues à
ceux qu’ils ont en Europe, dotés de
systèmes de lancement adaptés à la fois
à des missiles intercepteurs et à des
missiles d’attaque nucléaire.
Tandis que des unités lance-missiles étasuniennes croisent en Mer
de Chine Méridionale, la US Navy prépare
dans le Pacifique le Rimpac 2016[1],
le plus grand exercice naval du monde.
Les Philippines ont déjà mis à la
disposition des USA cinq bases
militaires, et l’Australie, où sont déjà
déployés les marines, se prépare
à accueillir des bombardiers
stratégiques étasuniens d’attaque
nucléaire.
Sur la position de Washington : le G7 dans sa totalité (USA, Canada,
France, Allemagne, Japon,
Grande-Bretagne et Italie) qui, réuni au
Japon, a demandé la « liberté de
navigation et de survol » de la Mer de
Chine Méridionale et Orientale,
confirmant en même temps les sanctions
contre la Russie pour l’ « agression »
de l’Ukraine (pendant que l’Ue confirme
celles contre la Syrie).
La stratégie USA/Otan en Europe contre la Russie est soudée à celle mise
en acte par les USA contre la Chine et
la Russie dans la région Asie/Pacifique,
en alliance avec le Japon qui est en
train d’assumer un rôle militaire
croissant.
C’est dans ce même cadre stratégique que s’insère la visite d’Obama au
Vietnam, à qui les USA retirent leur
embargo pour fournir des armes dans une
fonction anti-chinoise. Plus les Peace
Corps (dont est connue la connexion avec
la Cia), qui iront au Vietnam enseigner
l’anglais (ou plutôt l’américain), et
l’Université Fulbright qui ouvrira un
siège à Ho Chi Minh Ville pour fournir
aux jeunes vietnamiens une « instruction
de classe mondiale ».
Les USA, vaincus par l’héroïque
résistance vietnamienne, reviennent avec
d’autres armes.
Edition de mardi 31 mai 2016 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/escalation-usa-contro-la-cina/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
NdT sur le Programme Fulbright :
« Le programme Fulbright est un
système de bourses d'étude (les bourses
Fulbright) très compétitif et basé sur
le mérite, subventionné conjointement
par le
département d'État des États-Unis
et par les gouvernements des pays
désireux d'y participer ». Voir
notamment la liste des bénéficiaires du
Prix Fulbright (dont notre brave
«Organisation Non Gouvernementale » MSF
-« neutre, indépendant et impartial »)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_Fulbright
« A la différence du système français,
l'enseignement supérieur américain est
totalement décentralisé (sic). Ainsi,
les établissements universitaires
jouissent d'une très large autonomie
dans l'organisation des programmes, le
choix des méthodes d'enseignement, le
recrutement des enseignants et le régime
des examens ».
http://www.fulbright-france.org/fr/etudier-usa/etudes-usa/systeme-universitaire
.
Pour un aperçu de notre indépendance
(grâce à la « décentralisation ») voir
aussi la liste « des lauréats Fulbright
français qui sont allés aux Etats-Unis
et sont devenus célèbres grâce à leur
parcours professionnel » :
http://www.fulbright-france.org/fr/anciens-celebres
.
[1]
Rimpac 2016http://www.public.navy.mil/surfor/Pages/RIMPAC-2016.aspx#.V00rDjfHzs0
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