L'art de la guerre
Stratégie secrète de la terreur
Manlio Dinucci
Mardi 29 mars 2016
« L’ennemi obscur qui se cache
dans les angles sombres de la terre »
(comme l’avait défini en 2001 le
président Bush) continue à broyer des
victimes, les dernières à Bruxelles.
C’est le terrorisme, un « ennemi
différent de celui affronté jusqu’à
présent », qu’on révéla en mondovision
le 11 septembre avec l’image
apocalyptique des Tours qui
s’écroulaient. Pour l’éliminer, ce que
Bush identifia comme « la colossale
lutte du Bien contre le Mal » est encore
en cours. Mais chaque fois qu’on coupe
une tête de l’Hydre de la terreur,
d’autres se forment.
Que devons-nous faire ? Avant tout ne pas croire ce qu’on nous a
raconté pendant presque quinze années. A
commencer par la version officielle du
11 septembre, écroulée sous le poids des
preuves technico-scientifiques, que
Washington, n’arrivant pas à réfuter,
liquide comme du « complotisme ».
Les plus grandes attaques terroristes en Occident ont trois signes
particuliers. Premièrement, la
ponctualité. L’attaque du 11 septembre
arrive au moment où les USA ont déjà
décidé (comme le rapportait le New
York Times le 31 août 2001) de
déplacer en Asie le centre focal de leur
stratégie pour contrecarrer le
rapprochement entre Russie et Chine :
moins d’un mois après, le 7 octobre
2001, sous prétexte de faire la chasse à
Oussama Ben Laden commanditaire du 11
septembre, les USA commencent la guerre
en Afghanistan, première d’une nouvelle
escalade guerrière. L’attaque terroriste
à Bruxelles survient quand les USA et
l’Otan se préparent à occuper la Libye,
sous le prétexte d’éliminer l’Isis (Daesh)
qui menace l’Europe.
Deuxièmement, l'effet terreur : le massacre, dont les images défilent de
façon récurrente devant nos yeux, crée
une vaste opinion publique favorable à
l’intervention armée pour éliminer la
menace. Des massacres terroristes bien
pires, comme à Damas il y a deux mois,
passent par contre quasiment inaperçus.
Troisièmement, la signature : paradoxalement « l’ennemi obscur » signe
toujours les attaques terroristes. En
2001, quand New York est encore
enveloppée par la fumée des Tours
écroulées, sont diffusées photos et
biographies des 19 auteurs des
détournements membres d’al Qaeda,
plusieurs se trouvant déjà connus du FBI
et de la Cia. Pareil à Bruxelles en 2016
: avant d’identifier toutes les
victimes, on identifie les auteurs de
l’attentat déjà connus par les services
secrets.
Est-il possible que les services secrets, à commencer par la tentaculaire
« communauté de renseignement »
étasunienne formée de 17 organisations
fédérales avec des agents dans le monde
entier, soient tellement inefficients ?
Ou est-ce au contraire les rouages de la
stratégie de la terreur qui sont très
efficients ? La main d’oeuvre ne manque
pas : c’est celle des mouvements
terroristes de marque islamiste, armés
et entraînés par la Cia et financés par
l’Arabie Saoudite, pour démolir l’Etat
libyen et fragmenter celui de la Syrie
avec le soutien de la Turquie et de 5
mille foreign fighters européens
qui ont afflué en Syrie avec la
complicité de leurs gouvernements.
Dans ce grand bassin on peut recruter aussi bien le commando suicide,
persuadé de s’immoler pour une cause
sainte, que le professionnel de la
guerre ou le petit délinquant qui va
être « suicidé » au cours de l’action,
en faisant retrouver sa carte d’identité
(comme dans l’attaque de Charlie Hebdo)
ou en faisant exploser la charge avant
qu’il ne se soit éloigné. On peut aussi
faciliter la formation de cellules
terroristes, qui alimentent de façon
autonome la stratégie de la terreur en
créant un climat d’état de siège, comme
aujourd’hui dans les pays européens de
l’Otan, qui justifie de nouvelles
guerres sous commandement USA.
Ou bien on peut recourir au faux, comme les « preuves » sur les armes de
destruction massive irakiennes montrées
par Colin Powell au Conseil de sécurité
de l’Onu le 5 février 2003. Preuves qui
se sont avérées fausses ensuite,
fabriquées par la Cia pour justifier la
« guerre préventive » contre l’Irak.
Edition de mardi 29 mars 2016 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/strategia-segreta-del-terrore/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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