L'art de la guerre
Pactes clairs, sujétion longue
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 25 octobre 2016
Après avoir appelé les Italiens à
voter Oui au référendum[1],
en s’ingérant dans notre politique
nationale avec le silence complice de
l’opposition parlementaire, le président
Obama a confirmé à son « bon ami
Matteo » qu’avec l’Italie les USA ont
« des pactes clairs, une amitié
longue ».
Il ne fait aucun doute que les pactes soient clairs, et avant tout le
Pacte atlantique qui soumet l’Italie aux
USA. Le Commandant suprême allié en
Europe est toujours nommé par le
Président des Etats-Unis d’Amérique et
tous les autres commandements clé sont
aux mains des USA.
Après la fin de la guerre froide, à la
suite de la désagrégation de l’URSS,
Washington affirmait l’«importance
fondamentale de préserver l’Otan comme
canal de l’influence et de la
participation étasuniennes dans les
affaires européennes, en empêchant la
création de dispositifs uniquement
européens qui mineraient la structure de
commandement de l’Alliance»,
c’est-à-dire le commandement étasunien.
Concept réaffirmé par le secrétaire de
l’Otan, Stoltenberg dans la récente
table ronde sur la « grande idée
d’Europe » : « Nous devons assurer que
le renforcement de la défense européenne
ne constitue pas un doublon de l’Otan,
qu’il ne devienne pas une alternative à
l’Otan ». Garantie de cela : le fait que
22 des 28 pays de l’Ue (21 sur 27 après
la sortie de la grande-Bretagne) font
partie de l’Otan sous commandement USA,
reconnue par l’Union européenne comme
« fondement de la défense collective ».
La politique extérieure et militaire de l’Ue est ainsi fondamentalement
subordonnée à la stratégie étasunienne,
sur laquelle convergent les puissances
européennes dont les conflits d’intérêt
se re-compactent quand entre en jeu leur
intérêt fondamental : conserver la
domination de l’Occident, de plus en
plus vacillant face à l’émergence de
nouveaux sujets étatiques et sociaux. Il
suffit de penser que l’Organisation de
Shanghai pour la coopération, née de
l’accord stratégique sino-russe, dispose
de ressources capables d’en faire la
plus grande aire économique intégrée du
monde.
Dans le cadre de la stratégie USA/Otan -documente la Maison Blanche-
l’Italie se distingue comme « allié
solide et actif des Etats-Unis ». Le
démontre le fait que «l’Italie abrite
plus de 30 mille militaires et
fonctionnaires civils du Département USA
de la défense dans des sites déployés
dans tout le pays ».
En même temps l’Italie est « partenaire des USA pour la sécurité
mondiale », en fournissant des forces
militaires et des financements pour une
vaste gamme de « défis » : au Kosovo,
Afghanistan, Irak, Libye, Syrie,
Baltique et ailleurs, partout où a été
et se trouve engagée la machine de
guerre USA/Otan.
Un ultime fait confirme ce qu’est le rapport USA-Italie : sont en train
d’arriver à la base d’Amendola dans les
Pouilles, probablement le 8 novembre,
les deux premiers des 90 chasseurs F-35
de l’étasunienne Lockheed Martin, que
l’Italie s’est engagée à acheter.
Le coût de la participation italienne au programme F-35, en tant que
partenaire de second niveau, est
officiellement quantifié dans la Loi de
stabilité 2016 : 12 milliards 356
millions d’euros d’argent public, plus
d’autres dépenses pour les modifications
continues au chasseur qui n’est pas
encore pleinement opérationnel et
nécessitera des mises à jour continues.
Malgré cela -confirme Analisi Difesa-
l’Italie aura une « souveraineté
limitée » sur les F-35 de sa propre
aéronautique. Une loi étasunienne
interdit que les « données de mission »
(les software de gestion des systèmes de
combat des chasseurs) soient communiqués
à d’autres. Ce seront donc les USA qui
contrôleront les F-35 italiens,
prédisposés à l’utilisation des
nouvelles bombes nucléaires B61-12 que
le Pentagone basera contre la Russie, à
la place des actuelles B-61, sur notre
territoire « national ».
Edition de mardi 25 septembre 2016
de il manifesto
http://ilmanifesto.info/patti-chiari-sudditanza-lunga/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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