L'art de la guerre
La chaîne de commandement
Manlio Dinucci
Mardi 15 mars 2016
Nous avons un nouveau Commandeur
suprême allié en Europe : le général
Curtis Scaparrotti de l’armée des
Etats-Unis. Choisi selon la procédure
démocratique de l’Otan. Le président
Obama -qui est en même temps chef
d’Etat, chef du gouvernement et
commandant en chef des forces armées- a
nommé le général Scaparrotti commandant
du Commandement européen des Etats-Unis,
charge qui lui donne le droit d’assumer
en même temps celle de Commandeur
suprême allié en Europe. Le Conseil Nord
Atlantique, composé des représentants
des 28 Etats membres, a ensuite approuvé
la nomination.
Ainsi se poursuit la « tradition » selon laquelle le Commandeur suprême
en Europe doit être toujours un général
ou un amiral des Etats-Unis, lesquels
peuvent de cette façon contrôler l’Otan
à travers leur propre chaîne de
commandement. Sont aussi aux mains des
Etats-Unis les autres commandements
clés. En Afghanistan, le général
étasunien Nicholson a pris le
commandement de la mission Otan
« Soutien résolu », en remplaçant le
général étasunien Campbell.
En même temps l’Otan a signé avec le Koweït l’ « Accord sur le
transit », qui permet de créer le
premier « hub » (escale aéroportuaire de
transit) de l’Alliance atlantique dans
le Golfe. Il servira non seulement à
accroître l’envoi de forces et matériels
militaires en Afghanistan, mais aussi à
la « coopération pratique de l’Otan avec
le Koweït et autres partenaires de l’Ici
(Initiative de coopération d’Istanbul),
comme l’Arabie Saoudite ».
Des partenaires soutenus secrètement
par les Etats-Unis dans la guerre qui
fait des massacres de civils au Yémen.
Sur la base d’un plan du Pentagone
approuvé par le président Obama
-rapporte le New York Times (14
mars)- a été constitué un groupe de
planification composé de 45 officiers
étasuniens, aux ordres du général Mundy
des marines : il fournit à l’Arabie
Saoudite et à ses alliés des
informations, recueillies par des
drones-espions, sur les objectifs à
frapper au Yémen, et entraîne avec des
forces spéciales des unités amphibies
des Emirats pour un débarquement au
Yémen.
Dans ce cadre prend une particulière importance la décision du président
Obama de mettre le général Joseph Votel,
chef du Commandement des opérations
spéciales, à la tête du Commandement
central USA, dans l’ « aire de
responsabilité » duquel entrent le
Moyen-Orient, l’Asie Centrale et
l’Egypte. Ceci confirme -comme le
soulignait le Washington Post en
2012- « la préférence de
l’administration Obama pour l’espionnage
et l’action couverte plutôt que l’emploi
de la force conventionnelle ».
C’est le Président des Etats-Unis lui-même -rapportait en 2012 le New
York Times dans une enquête,
confirmée par une suivante du 25 avril
2015- qui approuve la « kill list »,
continuellement mise à jour, comprenant
les personnes du monde entier qui,
jugées nuisibles pour les Etats-Unis et
pour leurs intérêts, sont condamnées
secrètement à mort sous l’accusation de
terrorisme.
Même si avec son entrevue à The Atlantic Obama s’est soulagé
de quelques scrupules dans sa chaussure,
restent les rochers qui pèsent sur son
administration, comme sur les
précédentes. Parmi ceux-ci, comme il
ressort des emails de H. Clinton,
l’autorisation secrète d’Obama pour
l’opération couverte en Libye,
coordonnée avec l’attaque Otan depuis
l’extérieur. Dont le but réel était de
bloquer le plan de Kadhafi de créer une
monnaie africaine, alternative au dollar
et au franc CFA, qui aurait nui aux
multinationales et aux groupes
financiers occidentaux.
L’ordre de démolir l’Etat libyen est venu, avant même le président
des Etats-Unis et la hiérarchie de ses
alliés, de la coupole du pouvoir
économique et financier, de ce 1% qui
arrive à posséder plus que les 99%
restants de la population mondiale.
Edition de mardi 15 mars 2016 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/la-catena-di-comando/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Le sommaire de Manlio Dinucci
Les dernières mises à jour
|