L'art de la guerre
L’Italie base USA pour l’Afrique
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 4 octobre 2016
Pendant que les projecteurs
politico-médiatiques sont braqués sur la
Syrie, au centre d’une colossale psyop
pour faire apparaître les agressés comme
des agresseurs, reste cependant dans
l’ombre ce qui arrive dans d’autres
parties du Moyen-Orient et en Afrique.
Etats-Unis, Arabie Saoudite, Qatar, Koweit et Emirats -qui depuis cinq
ans mènent la guerre en Syrie avec des
forces terroristes infiltrées et
maintenant accusent le gouvernement
syrien de crimes de guerre en
sponsorisant l’exposition photographique
Caesar présentée demain à Rome-
continuent à massacrer des civils au
Yémen. Participe à la guerre le
Commandement central USA avec des
attaques « antiterrorisme »,
officiellement documentés, effectués au
Yémen avec des drones et des
chasseurs-bombardiers.
Restent plus encore dans l’ombre, dans les médias, les opérations
militaires USA en Afrique. Elles sont
menées par le Commandement Africa (Africom),
qui a en Italie deux importants
commandements subordonnés.
Le U..S. Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), dont le quartier
général est à la caserne Ederle de
Vicence (Vénétie), «fournit le
commandement de mission et emploie des
forces pour le théâtre opératif », en
fournissant en même temps de
l’assistance militaire aux partenaires
africains pour établir « sécurité et
stabilité » dans le continent.
Les U.S. Naval Forces Europe-Africa (Forces navales USA pour
l’Europe et l’Afrique), dont le quartier
général est dans la base de Capodichino
à Naples, sont constituées par six
task force formées par les navires
de guerre de la Sixième Flotte basée à
Gaeta (Latium). Leur « aire de
responsabilité » couvre la Russie,
l’Europe et l’Afrique (sauf l’Egypte qui
entre dans celle du Commandement
central), y compris la moitié de
l’Atlantique du Pôle Nord à
l’Antarctique. Elles sont sous les
ordres de l’amirale Michelle Howard, qui
est en même temps à la tête du
Commandement de la force conjointe
alliée (Jfc-Naples), quartier général à
Lago Patria (Naples).
Avec ces forces, y compris les
chasseurs des porte-avions et les drones
armés basés à Sigonella (Sicile), les
USA sont en train d’intensifier les
opérations militaires en Afrique. Les
raids aériens, effectués depuis le mois
d’août en Libye sous le prétexte
d’arrêter l’avancée de l’Isis (dont la
menace a été largement agrandie),
servent en réalité le plan de reconquête
et de recolonisation de la Libye, où
opèrent depuis longtemps des forces
spéciales étasuniennes et européennes.
Mais ce n’est là que la pointe émergée du « grand jeu » africain. Parmi
ses nombreuses « missions », l’Africom
est en train de construire au Niger une
base de drones armés, officiellement en
fonction « antiterrorisme ». Elle
sert aux opérations militaires que les
USA conduisent depuis des années, avec
la France, dans l’Afrique du Sahel,
surtout au Mali, Niger et Tchad. Pays
parmi les plus pauvres du monde (avec un
taux d’analphabétisme qui au Niger est
de 70% chez les hommes et 90% chez les
femmes), mais très riches en matières
premières -coltan et or au Mali, uranium
au Niger, pétrole au Tchad- exploités
par des multinationales étasuniennes et
françaises qui redoutent la concurrence
des sociétés chinoises, lesquelles
offrent aux pays africains des
conditions beaucoup plus favorables.
Une autre opération militaire étasunienne, avec drones et forces
spéciales, est en cours en Somalie, pays
de première importance géostratégique.
En même temps, la U.S. Army Africa pénètre dans le continent avec
des programmes de « coopération à la
sécurité » dont le véritable objectif
est de former des élites militaires au
service des USA. Dans le même objectif
les navires de guerre des U.S. Naval
Forces Africa parcourent les côtes
africaines pour fournir de
« l’assistance à la sécurité maritime ».
On ne néglige pas non plus l’assistance spirituelle : l’aumônier du
navire d’assaut amphibie Wasp a célébré
en vidéoconférence[1]
depuis la Méditerranée la Sainte Messe
pour les marins du navire de guerre San
Antonio engagé dans une mission en
Afrique.
Edition de mardi 4 octobre 2016 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/italia-base-usa-per-lafrica-2/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
[1]
Dorothée Olliéric n’y a pas
assisté parce qu’elle était déjà
embarquée -tenue «guérilla
opex »- sur le
porte-avions Charles de Gaulle,
d’où elle nous fait partager son
enthousiasme sur combien il y a
d’avions, de marins, de tonnes
de vivres, savonnettes etc.
(jamais : combien ça nous coûte
?!), comme elle n’y manque
pas à
chaque fois que notre ministère
dit de la Défense le sort pour
aller le mettre au service des
USA, cette fois-ci au large du
Levant, officiellement
« à la re-conquête
(sic) de Mossoul ». Note de la
traductrice.
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