PCN-INFO/
DECRYPTAGE
La République de Donetsk versus les
oligarques. Pourquoi la junte de Kiev
a-t-elle lancé la bataille de l'aéroport
de Donetsk ?
Luc Michel

Photo: D.R.
Lundi 26 mai 2014
Luc MICHEL pour PCN-INFO/
Avec AFP – LVDLR – PCN-SPO –
lucmichel.net/
2014 05 26 /
« Les gens de Kiev, qui ont tué
d'innocents citoyens dans le sud et
l'est du pays, peu importe qui ils
choisissent maintenant comme président.
Cela ne nous intéresse pas, nous n'avons
plus rien à faire avec eux. Maintenant
nous avons notre jeune république
populaire de Donetsk »
- Galina, jeune militante
républicaine.
Ce matin la Junte de Kiev a lancé la
bataille de l’aéroport de Donetsk,
conséquence directe de l’élection de
l’oligarque Porochenko à la
présidentielle ukrainienne biaisée de ce
25 mai. La République de Donestsk versus
les oligarques. C’est bien de cela qu’il
s’agit.
« Des avions de combats Soukhoï-25 et
des Mig-29 ont été envoyés sur place.
Des soldats sont parachutés depuis des
hélicoptères Mi-8 et sont en train de
nettoyer le territoire », indique à
l'AFP un porte-parole de la « cellule
régionale chargée de l'opération ». Des
rodomontades habituelles dans le langage
viril qu’affectionnent les néofascistes
de Kiev, dans la ligne des SA hitlériens
qui leurs servent de modèle, et pas
seulement pour le militaire … « Le
principal terminal de l'aéroport a été
touché par des tirs d'hélicoptères »,
constate un journaliste de l'AFP.
Quelques heures plus tard, et un
hélicoptère d’assaut abattu avec ses
militaires – les pertes des forces de
Kiev sont lourdes à l’Est malgré leur
supériorité en matériels -, les milices
populaires l’emportaient …
« L’AEROPORT INVESTI SANS VIOLENCE »
(AFP)
DIMANCHE SOIR PAR L’ARMEE DU DONBASS
Retour sur ce qui a motivé l’attaque
meurtrière de Kiev, qui mène une guerre
totale à l’Est.
« Le site de l’aéroport a été pris
d'assaut de nuit par plusieurs dizaines
d'hommes armés, qui se sont présentés
comme des représentants de la
"République populaire de Donetsk".
Aucune résistance, aucune violence: les
insurgés ont demandé aux troupes
ukrainiennes qui gardent l'enceinte, de
partir. Dans la foulée, l'aéroport a dû
être évacué et fermé et tous les vols
annulés » disait l’AFP ce matin. Qui
ajoutait : « Trois camions comptant une
centaine d'hommes armés portant des
treillis militaires et pour certains le
ruban noir et orange de Saint-Georges,
symbole de ralliement des rebelles, sont
arrivés en renfort dans la matinée
pénétrant dans l'enceinte de l'aéroport,
passant sans encombres le cordon de
sécurité établi par la police autour de
l'aéroport »
UN MESSAGE A L’OLIGARQUE POROCHENKO :
« L’EST N’APPARTIENT PLUS NI A KIEV NI
AUX OLIGARQUES » !
Quelques heures après la victoire du
milliardaire Petro Porochenko à la
présidence et l'annonce qu'il se
rendrait dans le Donbass, le bassin
minier englobant les régions de Donetsk
et de Lougansk, qui se sont déclarées
indépendantes, et ont validé celles-ci
par deux référendums
d’auto-détermination, le message lancé
par les nouvelles Républiques au futur
président était clair: « tu n'atterriras
pas ici ».
« Jusqu'ici l'aéroport n'était pas sous
notre contrôle mais il fallait changer
la situation », puisque « des
mercenaires arrivaient sur notre
territoire » par ce biais, a expliqué
lors d'une conférence de presse Denis
Pouchiline, l'un des leaders
républicains à Donetsk.
La venue de Porochenko ? Un président
"illégitime" selon les républicains qui
réclament toujours le retrait des
troupes ukrainiennes de "leurs terres"
et ont proclamé la loi martiale dans la
région.
« LES GENS D'ICI NE VEULENT PAS VOIR
POROCHENKO »
« La situation s'aggrave sur le terrain.
Ce n'est pas très intelligent de la part
de Porochenko de vouloir venir car les
gens d'ici ne veulent pas le voir », a
estimé M. Pouchiline. « Un dialogue
(avec Kiev, ndlr) est possible mais
seulement en présence de médiateurs, et
le seul médiateur possible est la Russie
», a-t-il également expliqué, tout en
posant deux conditions: l'échange des
prisonniers et le retrait des troupes
ukrainiennes du Donbass.
Dans les rues de Donetsk, les fidèles
soutiens des nouvelles Républiques «
faisaient peu de cas de l'élection d'un
nouveau président », constate avec dépit
l’AFP. « Les gens de Kiev, qui ont tué
d'innocents citoyens dans le sud et
l'est du pays, peu importe qui ils
choisissent maintenant comme président.
Cela ne nous intéresse pas, nous n'avons
plus rien à faire avec eux. Maintenant
nous avons notre jeune république
populaire de Donetsk », s'enflamme
Galina, qui distribue les journaux
devant le bâtiment de l'administration
régionale, tenu par les républicains.
VERS LA FIN DU REGNE DES OLIGARQUES
Un autre oligarque est la cible des
nouvelles autorités républicaines de
Donetsk.
« Pour la première fois depuis le début
de l'insurrection dans cette région,
dans certaines Pntreprises dont
plusieurs tenues par l'oligarque et
homme le plus riche d'Ukraine, Rinat
Akhmetov, les employés ont été priés de
rester chez eux », constate l’AFP.
L’oligarque (c’est-à-dire un des voleurs
qui ont fait fortune en pillant
l’Ukraine depuis 1991) Akhmetov a engagé
un bras de fer avec la nouvelle
République, choisissant la Junte de
Kiev. De fausses informations ont été
diffusées à ce sujet par les médias
occidentaux : selon eux l’oligarque
aurait mobilisé « ses ouvriers » qui
auraient « nettoyé les rues de Mariupol
». Info purement et simplement
inventées, qui a été démentie par des
journalistes indépendants sur place.
Pire, ayant convoqué « ses » ouvriers
dans un stade, Akhmetov s’est retrouvé
devant une maigre assistance … de moins
de 100 personnes.
Comme l’expliquait un expert russe, « le
pari de l’oligarque risque bien de lui
coûter sa fortune ». Car la République
de Donetsk entend nationaliser les biens
de ce grand voleur. Déjà des commandos
de l’Armée du Donbass ont incendié des
banques liées aux oligarques. Et se sont
emparés d’explosifs dans plusieurs mines
…
LES OLIGARQUES PRENNENT LEURS ORDRES A
WASHINGTON
Les oligarques ukrainiens se croient
tout permis. Y compris mener la sale
guerre contre le peuple de l’est. Y
compris défier Moscou. Parce qu’ils
prennent leurs ordres à Washington et se
croient intouchables grâce à ce soutien.
« Les Etats-Unis soutiendront tant les
efforts pacifiques que des actions
militaires de Piotr Porochenko, qui
semble avoir remporté la présidentielle
en Ukraine, pour rétablir le contrôle de
Kiev sur l'est du pays », a estimé ce
lundi le directeur adjoint du Kennan
Institute de Washington William Pomeranz.
« Les Etats-Unis ne reconnaissent pas
les séparatistes et apporteront sans
doute un puissant appui à M.Porochenko
pour le rétablissement du contrôle sur
ces deux régions (de Donetsk et de
Lougansk, ndlr). J'ai l'impression que
Washington soutiendra M.Porochenko dans
l'exercice des deux variantes. Je pense
que la préférence est accordée aux
négociations, plus qu'aux actions
militaires, mais je suppose que les
Etats-Unis soutiendront toute riposte
aux actions des insurgés dans l'est de
l'Ukraine », a déclaré M.Pomeranz à RIA
Novosti. Des propos que semblent
confirmer la présence massive de
mercenaires US à l’Est.
Le milliardaire Porochenko a donc
immédiatement soutenu la poursuite de
l'opération spéciale menée dans l'est de
l'Ukraine, après avoir promis d’y mettre
fin, estimant qu'elle devait être « plus
courte dans ses délais et plus efficace
». Peu après, on a appris que des
combats se déroulaient entre la Garde
nationale de l'Ukraine et la force
d'autodéfense près de l'aéroport de
Donetsk.
Auparavant, les Etats-Unis ont soutenu
les actions des militaires ukrainiens
dans l'est du pays contre les partisans
de la fédéralisation de l'Ukraine. Par
ailleurs, Washington a annoncé
l'élargissement de son aide à l'armée
ukrainienne qui ne suppose toutefois pas
de livraisons d'armes.
PROCHENKO COMMENCE SON « MANDAT » PAR
UNE ERREUR MAGISTRALE
Celle ci est double :
D’une part il a braqué Moscou sur le
dossier de la Crimée, un dossier
définitivement classée quoi que fasse ou
dise Kiev et l’OTAN. La Crimée est
russe, elle le restera !
D’autre part il a défié Moscou sur la
sale guerre à l’Est.
« La reprise de l'opération spéciale
dans l'est de l'Ukraine constituerait
une erreur colossale », a en effet
avertit ce lundi le ministre russe des
Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «
Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur
le fait que la prétendue opération
spéciale n'a pas pris fin. Hier encore,
le premier adjoint d'Arseni Iatseniouk
(« premier ministre par intérim » de la
Junte) (Vitali) Iarioma a déclaré que «
maintenant que l'élection présidentielle
avait eu lieu, les autorités de Kiev
reprendraient la phase active de cette
opération. Ce serait une erreur
colossale de leur part », a indiqué le
chef de la diplomatie russe. « Nous
espérons que Piotr Porochenko, si ses
pouvoirs sont confirmés, fera tout pour
empêcher les tendances extrémistes et
radicales à Kiev de prendre le dessus
dans les régions est et sud de l'Ukraine
ainsi que dans toute autre région du
pays », a souligné le ministre. Que
l’oligarque n’a pas voulu entendre …
Sur la Crimée non plus, Porochenko n’a
pas entendu Moscou. Qu’il a défié dans
un geste stupide qui ne restera pas sans
conséquences. « La Crimée ne pourra plus
revenir au sein de Ukraine, car elle
fait à présent partie de la Russie », a
rappelé lundi Dmiri Peskov, porte-parole
du président russe. « La Crimée est une
région de la Fédération de Russie, et il
n'est plus question, par conséquent, de
son retour dans le giron de l'Ukraine »,
a déclaré le représentant du Kremlin à
la radio RSN.
Auparavant, le milliardaire Piotr
Porochenko, qui « semble avoir remporté
la présidentielle en Ukraine » (dixit
les médias d’état russes), a déclaré «
qu'il ne reconnaissait pas la Crimée
comme partie intégrante de la Russie »
et a annoncé son « intention de créer un
ministère spécial pour la Crimée en
charge de la restitution de la péninsule
à l'Ukraine par le biais des textes
internationaux ».
Peuplée en majorité de russophones, la
Crimée a proclamé son indépendance
vis-à-vis de l'Ukraine et sa
réunification avec la Russie au terme
d'un référendum tenu le 16 mars, validé
par une mission internationale
indépendante d’observateurs organisée
par EODE, lors duquel 96,7% des votants
se sont prononcés en faveur de cette
décision. Les nouvelles « autorités
ukrainiennes » issues du putsch armé du
21 févvrier, soutenues par l'Occident,
ne reconnaissent pas la légitimité du
référendum criméen et dénoncent son
rattachement à la Russie comme une
annexion. Le 28 avril, le président
ukrainien par intérim Alexandre
Tourtchinov a signé une loi proclamant
la péninsule de Crimée et la ville de
Sébastopol territoires ukrainiens «
provisoirement occupés ».
Prorochenk, comme Akhmetov, pourrait
très vite être frappé au cœur de sa
puissance économique. Car les produits
du « roi du chocolat » ont pour
principal débouché …la Russie. Où
l’oligarque a aussi une partie de ses
usines …
Décidément, comme le disait Georges Bush
(senior) à Kiev en 1991, « le
nationalisme ukrainien est suicidaire ».
Chez ses oligarques aussi !
Luc MICHEL
Photo : caricature de Porochenko – le
« nouveau président » ukrainien - sur
fond de BOURRAGE D’URNES ce 25 mai dans
un bureau de vote à Kiev. Noter les
bulletins de votes déposés en piles
soignée au fond des urnes. C’est çà
« les élections aux standards
internationaux » avalisées par l’OSCE …
(*) Pourquoi l’élection de Porochenko
est-elle illégitime ? Pourquoi l’OSCE et
les occidentaux se sont déconsidérés en
l’avalisant ?
Lire le rapport de la Section
"Démocratie et Droits de l'Homme" d'EODE
:
PRESIDENTIELLE UKRAINIENNE DU 25 MAI
2014: GRAVES VIOLATIONS DES NORMES
DEMOCRATIQUES
http://www.eode.org/eode-press-office-presidentielle-ukrainienne-du-25-mai-2014-graves-violations-des-normes-democratiques/
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