Luc MICHEL / Focus
Chaos libyen : à
Benghazi les anciennes factions
militaires au CNT soldent leurs comptes
de 2011 dans le sang ...
Luc Michel
Lundi 25 novembre 2013
Comprendre ce qui se passe à Benghazi et
que ne vous disent pas les médias de
l’OTAN …
PCN-SPO / Focus / 2013 11 25/
Focus : Le fait du jour décrypté
par Luc MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO
Lu sur le Fil de l’AFP (Paris)
Ce 25 novembre 2013 :
" Libye: heurts meurtriers entre l'armée
et les salafistes (…) Des violents
affrontements opposaient lundi les
forces spéciales de l'armée libyenne et
Ansar Ashariaa, le principal groupe
salafiste jihadiste, dans la première
confrontation du genre à Benghazi, dans
l'Est libyen, faisant au moins cinq
morts et plus d'une vingtaine de blessés
(…) L'armée a décrété l'état d'alerte et
demandé à tous les soldats de rejoindre
leurs unités, a indiqué un responsable
de sécurité "…
# Après al-Juffra en juin, Tripoli
depuis deux semaines, voici aussi à
Benghazi la guerre ouverte qui oppose
les anciennes fractions militaires du
pseudo CNT made in NATO. Ceux qui ont
ouvert les portes de la Libye à
l’agression occidentale et détruit la
prospère Jamahiriya de Kadhafi se
déchirent maintenant et payent le prix
du sang, le leur, pour leur trahison de
2011.
"Un affrontement meurtrier est en cours
entre nos forces et celles d'Ansar
Ashariaa depuis les premières heures" de
la journée, indiquait à l'AFP ce lundi
matin le colonel Miloud al-Zwei,
porte-parole des forces spéciales du
gouvernement fantoche de Tripoli. Selon
l'hôpital al-Jala de Benghazi, quatre
soldats et un civil ont été tués et 23
personnes blessées dont dix civils. On
ignore pour le moment le nombre des
victimes du côté d'Ansar Ashariaa qui
soignent leurs blessés dans une clinique
qu'ils contrôlent.
Ces affrontements ont éclaté après
qu'une patrouille des forces spéciales
qui se trouvait à proximité du quartier
général d'Ansar Ashariaa, a été visée
par une attaque, a expliqué le colonel
Zwei. "L'armée a riposté, déclenchant
des affrontements avec tous les types
d'armes", les premiers du genre entre
l'armée et ce puissant groupe islamiste
- installé depuis l’automne 2011 dans
l’Est de la Libye, avec la bénédiction
des généraux de l’OTAN - a ajouté cet
officier.
D'autres heurts ont opposé par la suite
les deux camps dans d'autres quartiers
de la ville, en particulier près d'une
clinique caritative appartenant à Ansar
Ashariaa dans le quartier al-Selmani,
a-t-il précisé. Des explosions et des
coups de feu nourris étaient entendus
depuis le petit matin dans plusieurs
quartiers de la ville, selon un
journaliste de l'AFP. Des habitants en
colère ont notamment participé aux
combats aux côtés de l’armée et incendié
un des locaux du groupe salafiste, mais
en début d'après-midi, un calme relatif
régnait à Benghazi, où les forces de
l'ordre sont régulièrement la cible
d'attaques attribuées aux groupes
islamistes.
‘ANSAR ASHARIAA’ SORT DE L’OMBRE !
Ansar Ashariaa (« Les partisans de la
loi islamique », en arabe) a vu le jour
après la chute de Mouammar Kadhafi. Son
bras militaire est formé par des
djihadistes des katibas islamistes du
CNT ayant combattu les forces loyalistes
en 2011.
Ce groupe salafiste, « pointé du doigt,
selon l’AFP, dans des assassinats de
juges et membres des forces de sécurité,
est soupçonné notamment d’être
responsable de l’attaque contre le
consulat américain à Benghazi en
septembre 2012 » qui avait provoqué la
mort de l’ambassadeur barbouze US
Stevens et de trois autres Américains.
Ansar Ashariaa avait toutefois démenti
toute implication.
L’organisation prône « la charia comme
seule et unique source de législation en
Libye » et exige que la justice applique
la charia immédiatement. Pour mettre en
application ses revendications, la
mouvance s’appuie sur un mode opératoire
qui inclut des actions caritatives,
sociales et de prédication.
Profitant du vide sécuritaire après la
chute de Mouammar Kadhafi, Ansar
Ashariaa « fait la loi en particulier
dans l'est du pays où il contrôle des
quartiers à Benghazi, Syrte - ville
martyre, détruite par l’OTAN et le CNT,
occupée et terrorisée - et Derna » (le
fief des Djihadistes libyens), selon des
sources locales. A Benghazi par exemple,
la Katiba d'Ansar Ashariaa contrôle
toujours l'entrée ouest de la ville.
LES DJIHADISTES DE CYRENAIQUE CONTRE LES
PRO-AMERICAINS DU GOUVERNEMENT FANTOCHE
DE TRIPOLI
Les attaques dans l'Est libyen sont
souvent attribuées à des groupes
islamistes, dont Ansar Ashariaa, par des
experts libyens et étrangers. « Les
autorités n'osent pas toutefois accuser
directement ces groupes lourdement
armés, par crainte de représailles »,
selon ces experts.
Récemment, Ansar Ashariaa a indiqué dans
un communiqué qu'il ne reconnaissait pas
les institutions de l'Etat ni ses
services de sécurité, les qualifiant
d'apostat et de "Taghout" (forces
maléfiques au service de la tyrannie).
Selon le groupe, "la sécurité dans le
pays est (tributaire) de l'application
de la charia".
Le gouvernement intérimaire libyen peine
à mettre sur pied une armée et une
police, et fait régulièrement appel aux
ex-rebelles qui avaient combattu Kadhafi
pour rétablir l'ordre. Mais le pouvoir
central fantoche, dont l’autorité se
limite à quelques quartiers de Tripoli
et Benghazi, a perdu le contrôle sur ces
groupes qui font la loi.
Les affrontements de Benghazi
interviennent au moment où les autorités
du gouvernement pro-occidental installé
à Tripoli par les USA et l’OTAN – autour
du trio des agents de la CIA Zeidan –
Megaryeff – Hafter - tentent de mettre à
profit une grogne populaire contre les
milices dans la capitale pour faire
évacuer ces groupes armés.
Le 15 novembre, quarante-six personnes
ont été tuées et plus de 500 blessées
dans des violences déclenchées par les
tirs d'une milice contre des
manifestants pacifiques venus lui
demander de quitter la capitale. De la
même manière, les habitants de Benghazi
avaient réussi en septembre 2012 à
déloger Ansar Asharia de leur QG, mais
ces derniers ont repris leurs positions
quelques semaines plus tard.
Le gouvernement libyen a appelé les
habitants de Benghazi au calme ce lundi
soir. Dans un communiqué, le
gouvernement a appelé les habitants de
Benghazi au calme et « à collaborer avec
les forces régulières », assurant que
« les autorités avaient pris toutes les
dispositions pour rétablir l'ordre dans
la ville ».
CE QUE NE DISENT PAS LES MEDIAS DE
L’OTAN …
RETOUR A L’ETE 2011 ET AUX COMPLOTS DU
CNT
Mais la clé de ces affrontements n’est
nullement donnée par les médias de
l’OTAN. Car à Benghazi, ce ne sont pas
seulement des combats entre milices et
une armée fantoche néocoloniale. Car la
pseudo « armée nationale » du général
Hafter, « libyen » à passeport US et
Colonel défecteur libyen passé au
service de la CIA dans les Années 80,
n’est rien d’autre que la milice du
‘parti américain’ en Libye.
Derrière les affrontements de Benghazi,
il y a aussi et surtout le solde des
comptes de l’été 2011 entre les
anciennes fractions militaires du CNT.
Lorsque les islamistes au service du
Qatar et des généraux français de l’OTAN
ont enlevé, torturé, mutilé et
sauvagement exécuté le général félon
Younes. Younes avait été envoyé par
Kadhafi rétablir l’ordre à Benghazi à la
mi février 2011, au début du coup d’état
insurrectionnel de l’OTAN. Complice du
coup d’état (préparé dès novembre 2010),
il avait immédiatement rejoint la junte
qui allait devenir le CNT. Il avait
alors tenté de prendre le commandement
militaire du CNT.
Mais dans le panier de crabes de
Benghazi, Younes, au service des
Britanniques du MI6, dérangeait l’agenda
des autres factions du CNT. Les
islamistes, notamment ceux issus d’al-Qaida
emmené par Habdelhakin Belhadj, alors
sur la ligne partagée par le Qatar et
Sarkozy, et allié au leader du CNT
Mustapha Abdeljalil. Et celle
pro-américaine, dont le chef militaire
était précisément le ‘général’ Hafter,
expédié à Benghazi dès février 2011 pour
contrôler la rébellion. Pro américains
et islamistes se sont alors ligués pour
organiser le complot et éliminer Younes.
Younes, qui roulait donc pour les
services secrets britanniques, rival de
Hifter qu’il gênait à la direction
militaire du CNT, a donc été assassiné
fin juillet 2011 lors d’un complot
directement tramé par Habdelhakin
Belhadj et Mustapha Abdeljalil (le chef
du CNT, inculpé pour ces faits et en
fuite en 2012) avec l’aide des Services
français. Et que la CIA et Hafter ont
laissé faire.
Lire mes analyses de l’époque pour ELAC
Website :
* LES VRAIES INFOS SUR LA MORT DU
GENERAL REBELLE LIBYEN ABDEL FATAH
YOUNES !
sur :
http://www.elac-committees.org/2011/07/29/luc-michel-les-vraies-infos-sur-la-mort-du-general-rebelle-libyen-abdel-fatah-younes/
* L’ANCIEN LEADER DU CNT MUSTAPHA
ABDELJALIL SOUS ENQUETE OFFICIELLE POUR
LE MEURTRE DE L’EX GENERAL LIBYEN YOUNES
EN JUILLET 2011 …
sur :
http://www.elac-committees.org/2012/11/20/elac-l%e2%80%99ancien-leader-du-cnt-mustapha-abdeljalil-sous-enquete-officielle-pour-le-meurtre-de-l%e2%80%99ex-general-libyen-younes-en-juillet-2011/
* DANS L’ENFER DU CHAOS LIBYEN :
L’IMPLOSION DE LA JUNTE DU CNT
sur :
http://www.elac-committees.org/2013/01/13/elac-alac-committees-dans-l%e2%80%99enfer-du-chaos-libyen-l%e2%80%99implosion-de-la-junte-du-cnt/
QUEL EST LE RAPPORT DE FORCES A
BENGHAZI ?
Ce sont les comptes de ce complot et de
cet assassinat, histoire trouble qui a
même fourni la trame d’un roman
géopolitique SAS intitulé « Les fous de
Benghazi », que milices au service du
gouvernement de Tripoli et Djihadistes
soldent aujourd’hui dans le sang.
Car il y a deux forces principales à
Benghazi.
Précisément à Benghazi on trouve l’armée
privée de l’ex-général félon Younes,
dirigée par ses fils. Son armée privée,
issue d’éléments des ex-forces
jamahiryennes qui l’ont suivi lors de sa
défection et des milices issues de sa
tribu d’origine – les Obeidat -, appuie
les forces « fédéralistes » de
Cyrénaique proches du cousin du roi
Idriss Senoussi renversé en 1969 par
Kadhafi. Ce qui n’est pas étonnant
puisque les Senoussi, Younes et les
pseudo « féféralistes » sont tous des
‘protégés’ des services britanniques.
Face à cette Armée - « ralliée » au
gouvernement et qui forme la majorité
des troupes ‘au service’ du premier
ministre fantoche Zeidan -, il y a les
anciennes katibas djihadistes du CNT en
Cyrénaïque, notamment celles de leur
fief de Derna (où un Khalifat avait été
proclamé dès Mars 2011), et qui forment
maintenant le bras militaire de Ansar
Ashariaa. Les fils de Younes haïssant
les djihadistes qui ont assassiné leur
père.
DERRIERE CE QUI SE PASSE A BENGHAZI
APPARAIT LA VERITABLE NATURE DU CNT ET
DE SES PROTAGONISTES : UNE JUNTE
MAFFIEUSE
On n’appréhende pas correctement ces
événements si on ne comprend pas ce
qu’était la véritable nature du pseudo
CNT, installé par la diplomatie
occidentale, et ce qu’étaient et que
sont les membres du CNT qui se sont
partagés la Libye.
Car la clique de traîtres coalisée à
Benghazi fin février 2011 n’était rien
de plus qu’un syndicat – au sens mafieu
du terme – d’intérêts et d’ambitions :
agents américains de la CIA comme le
trio Megaryef-Hafter-Zeidan (devenus
aujourd’hui les vrais patrons de ce qui
reste de la Libye), monarchistes
stipendiés par les britanniques du MI6,
islamistes proches des Frères musulmans
comme mustapha Abdeljalil (l’ex leader
du CNT), djihadistes proches du Qatar et
de ses alliés français comme Habdelhakim
Beldhadj, réseaux d’Al-Qaida et d’AQMI …
Tous coalisés contre la Jamahiriya de
Kadhafi sous le patronage des
politiciens et des généraux de l’OTAN.
Une junte que déchirait un crime
politique : l’assassinat du général
félon Younes fin juillet 2011. J’ai
écrit à chaud sur l’événement, rappelant
les vérités occultées par les médias de
l’OTAN. 15 mois avant que les médias de
l’OTAN ne découvrent l’implication du
leader islamiste du pseudo CNT, le grand
ami de BHL et Sarkozy, en juillet 2011,
j’analysais déjà la lutte entre les
factions rivales de la Junte de Benghazi
…
Younes est mort parce qu’il incarnait
l’un des agenda concurrents de Benghazi
: celui des anglo-saxons, l’option
libérale-monarchiste qui était de
ramener avec l’appui du général félon un
Senoussi, héritier du roi fantoche
Idriss chassé par Kadhafi au pouvoir à
Tripoli. Un Senoussi qui avait aussi
l’avantage de rassembler les islamistes
libyens autour de l’héritier des
Confréries Sénoussi, dans une voie
islamiste libyenne proche de celle de
l’AKP turc.
Cet agenda s’est opposé à celui des
islamistes radicaux, wahabites,
salafistes ou djihadistes, patronés par
le Qatar et le régime de Sarkozy. Les
intérêts économiques de la France, ceux
de Total en particulier, s’opposant à
ceux des Majors anglo-saxonnes. C’est la
liquidation de Younes qui a permis
d’installer les islamistes au pouvoir
local un peu partout : Abdehakim Belhadj
gouverneur militaire de Tripoli, les
djihadistes salafistes à Misratta (où
est instauré un micro-état islamiste qui
rappelle les Talibans et dont la milice
surpuissante fait jeu égal avec la
nouvelle armée coloniale libyenne), la
milice de Zenten …
C’est là la trame véritable des
événements de Benghazi…
Luc MICHEL
http://www.lucmichel.net/2013/11/25/luc-michel-focus-chaos-libyen-a-benghazi-les-anciennes-fractions-militaires-du-cnt-soldent-leurs-comptes-de-2011-dans-le-sang/
Photo : combat à
Benghazi ce 25 novembre 2011 (photo RT).
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