LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Déstabilisation de l'Ethiopie (IV) :
l'Erythrée et le Soudan impliqués et la
Russie ciblée. Qui veut
internationaliser la guerre de sécession
du Tigre ?
Luc Michel

Lundi 23 novembre 2020
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) &
EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique –
Geopolitical Daily/
2020 11 10/
(Série III/2020-1277
« L’Éthiopie et l’Érythrée n'affichent
pas la volonté de tomber dans le piège
tendu par l’Occident. Ce qui montre une
volonté de continuer de tenir tête aux
Occidentaux »
- Press TV (ce 18 novembre).
Opérations
militaires au Tigré: Le Premier ministre
éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé une
intervention militaire dans la région du
Tigré, qui menace de sécession et
l’Ethiopie tente de rassurer face aux
inquiétudes croissantes, au moment où la
presse internationale évoque « un risque
d’internationalisation ». Mais qui est
ciblé dans ce conflit, une crise
politique régionale, devenu guerre de
sécession ?
I-
LA RADICALISATION DE LA CRISE DU TIGRE :
UN ETAT D’URGENCE DEVENU ETAT DE GUERRE
L’armée éthiopienne
a donc lancé dans la région dissidente
du Tigré (Nord) une « opération de
maintien de l’ordre », avait indiqué aux
premiers jours le Premier ministre
éthiopien Abiy Ahmed (1), atténuant la
rhétorique guerrière utilisée par les
deux camps, sur fond d’inquiétudes que
le conflit devienne hors de contrôle. Le
secrétaire général de l’ONU Antonio
Guterres s’est dit immédiatement «
profondément alarmé par la situation »
au Tigré, soulignant que « la stabilité
de l’Ethiopie est importante pour
l’ensemble de la Corne de l’Afrique ».
Au terme de l’état
d’urgence proclamé, les forces de
sécurité ont notamment autorité pour «
désarmer les forces de sécurité de
l’Etat régional », a affirmé Abiy Ahmed.
S’exprimant à la télévision dans la
langue du Tigré, il avait annoncé des «
frappes aériennes » qui ne viseront «
pas les civils, mais des cibles
appartenant à ce groupe dangereux »
qu’est le TPLF selon lui. Une source
diplomatique avait affirmé à l’AFP avoir
reçu des informations crédibles sur au
moins une frappe aérienne dès les
premiers jours près de la principale
ville du Tigré, Mekele. Abiy Ahmed avait
auparavant assuré sur Twitter que « les
opérations (…) en cours dans le Nord de
l’Ethiopie ont des objectifs clairs,
limités et réalisables: rétablir l’Etat
de droit et l’ordre constitutionnel, et
protéger les droits des Ethiopiens à
vivre paisiblement où qu’ils soient dans
le pays ». Dans son communiqué, M. Abiy
affirme avoir été contraint de répondre
à « la belligérance incessante de la
clique du TPLF ».
Aucune information
officielle n’est disponible sur les
opérations en cours. La coupure des
réseaux internet et téléphoniques au
Tigré rendent extrêmement difficile de
vérifier la situation sur place. Des
sources diplomatiques ont fait état
d’activités militaires sur les
principaux axes reliant le Tigré à la
région frontalière Amhara, signalant des
combats intenses et des tirs
d’artillerie sur la route menant à
Humera, aux confins du Soudan et de
l’Erythrée. Des mouvements de troupes
sont aussi signalés dans la région Afar,
également voisine du Tigré.
LA CRAINTE D’UN
LONG CONFLIT DEVASTATEUR ?
Les récentes
escalades militaire et verbale font
désormais « craindre un long conflit
dévastateur, susceptible de menacer la
stabilité déjà fragile du deuxième pays
le plus peuplé du continent avec plus de
100 millions d’habitants ».
L’International Crisis Group (ICG,
réseaux Sorös, au cœur de la
déstabilisation américaine en Afrique)
(2) a « averti » dès les premiers
combats que si « elle n’est pas
rapidement arrêtée, l’actuelle
confrontation armée (…) sera
dévastatrice, non seulement pour
l’Ethiopie, mais pour la Corne de
l’Afrique toute entière ». L’ICG
rappelle que les autorités du Tigré
peuvent compter sur « une importante
force paramilitaire et une milice bien
entraînée, dont les effectifs combinés
sont estimés à 250.000 hommes » et «
semblent bénéficier d’un soutien
significatif des six millions de
Tigréens » (ajoute avec jubilation
l’ICG).
ABIY AHMED LIMOGE
LE CHEF DE L'ARMEE, APRES AVOIR LANCE
SON OFFENSIVE CONTRE LE TIGRE
Après avoir lancé
son opération militaire dans la région
du Tigré, le Premier ministre éthiopien,
qui est rappelons le un général, Abiy
Ahmed, a limogé ce 8 novembre le chef de
l'armée. Ce changement intervient dans
un contexte d'escalade des tensions
entre le Tigré et le pouvoir central,
menaçant fortement la stabilité déjà
fragile de l'Éthiopie. Quatre jours
après le lancement de son offensive
militaire contre la région du Tigré,
dans le nord du pays, le Premier
ministre éthiopien Abiy Ahmed a limogé
le chef de l'armée, le général Adem
Mohammed, a annoncé son secrétariat. Le
chef adjoint de l'armée, le général
Berhanu Jula, "a été promu au rang de
chef de l'armée", affirme un communiqué
du bureau du Premier ministre, sans
préciser les raisons du limogeage de son
prédécesseur.
Ce changement à la
tête des forces armées éthiopiennes
intervient alors que le gouvernement a
lancé ce 4 novembre une opération
militaire contre la région du Tigré,
accusée par Addis Abeba de velléités
sécessionnistes.
Malgré un black-out
total sur les opérations militaires, sur
le terrain apparaissent les premiers
signes de combats qui semblent assez
nourris entre forces armées éthiopiennes
et tigréennes. Une centaine de soldats
éthiopiens ont ainsi été admis pour des
blessures "par balles" dans un hôpital
de la région Amhara, qui jouxte le
Tigré, a indiqué ce 8 novembre à l'AFP
un médecin local. À l'hôpital de Sanja,
au nord de Gondar, à une soixantaine de
kilomètres du Tigré, "nous avons eu 98
cas, tous de l'armée nationale", a
assuré ce médecin sous couvert
d'anonymat, sans préciser les dates des
admissions des soldats blessés. Le
médecin a souligné qu'il n'avait
enregistré aucun décès, mais que des
blessés plus graves avaient été dirigés
vers des hôpitaux plus importants, à
Gondar et ailleurs. Sur la route menant
de Gondar au Tigré, les correspondants
de l'AFP ont pu noter une circulation
fréquente d'ambulances transportant des
blessés.
UNE FRAPPE AERIENNE
A VISE MEKELE, LA CAPITALE DU TIGRE
Par ailleurs, selon
un avis d'information des Nations unies
diffusé le 8 novembre dernier, "une
frappe aérienne a visé Mekele", la
capitale du Tigré, à proximité de
l'aéroport. "Une seule explosion a été
notée, ainsi qu'une riposte venue du
sol", ajoute le rapport des Nations
unies. Un responsable des Nations unies
a indiqué samedi à l'AFP sous couvert
d'anonymat que, selon un rapport
interne, les forces armées tigréennes
tenaient le quartier général de l'armée
éthiopienne à Makele. La base militaire
de Makele est une des plus importantes
d'Éthiopie, héritage des années de
guerre avec l'Érythrée, qui borde le
Tigré. Un média public éthiopien a
également cité dimanche le général
Berhanu Jula affirmant que les forces
fédérales avaient "totalement détruit
les armes lourdes de la clique de
traîtres", en référence au Front de
libération des Peuples du Tigré (TPLF),
qui a, durant près de trente ans et
jusqu'à l'avènement d'Abiy Ahmed en
2018, dominé les structures de pouvoir
en Éthiopie.
QUATRE VILLAGES DU
TIGRE "CAPTURES", SELON LE CHEF DE
L'ARMEE
Promu ce 8 novembre
chef de l'armée, l'officier supérieur a
ajouté que les soldats éthiopiens
avaient "complètement capturé"
quatre villages de l'ouest du Tigré où
se sont concentrés les combats. Diverses
sources diplomatiques et humanitaires
ont également fait état d'activités
militaires sur les principaux axes
reliant le Tigré à la région Amhara et
signalé des combats et des tirs
d'artillerie sur la route menant à
Humera, aux confins du Soudan et de
l'Érythrée, dans l'ouest du Tigré.
Le parlement
éthiopien avait révoqué le parlement
régional et le gouvernement du Tigré,
qui avait rétorqué en qualifiant cette
mesure de "plaisanterie" et en accusant
le Premier ministre de vouloir installer
des "marionnettes" dans la région. Prix
Nobel de la paix en 2019 (ce qu’on lui
reproche désormais ad nauseum) notamment
pour avoir mis fin à l'état de guerre
avec l'Érythrée, Abiy Ahmed, devenu la
bête noire des USA depuis qu’il s’est
rapproché de Pékin et de Moscou, avait
annoncé le lancement de ces opérations
militaires au Tigré en représailles à
l'attaque de bases militaires
éthiopiennes sur place.
UNE ESCALADE
REGIONALE
La tension entre
Addis Abeba et le Tigré – dont les
dirigeants s'estiment marginalisés par
le nouveau pouvoir – s'était
particulièrement accrue depuis
l'organisation en septembre d'élections
régionales non reconnues par le pouvoir
central. L'escalade militaire fait donc
« craindre un conflit susceptible de
menacer la stabilité déjà fragile du
deuxième pays le plus peuplé du
continent avec plus de 100 millions
d'habitants et, au-delà, de toute la
Corne de l'Afrique ».
L'armée aurait
"libéré" l'ouest du Tigré, selon le
Premier ministre Abiy Ahmed. Des membres
de la milice régionale Amhara combattent
aux côtés des forces fédérales contre
les séparatistes du Tigré, notamment
dans la ville de Gondar. Le Premier
ministre éthiopien a assuré « que
l'armée avait vaincu les forces
séparatistes dans l'ouest du Tigré ».
Les combats ont déjà poussé plus de 11
000 Éthiopiens à se réfugier ces
dernières 48 heures dans l'est du
Soudan. L'armée fédérale aurait gagné du
terrain. Le Premier ministre éthiopien,
Abiy Ahmed, a affirmé, le 12 novembre
dernier, que « l'armée avait vaincu les
forces séparatistes dans l'ouest du
Tigré », accusant ces dernières « de
s'être livrées à des atrocités ». « La
région occidentale du Tigré a été
libérée », écrivait-il sur Twitter.
« Dans ces zones libérées, l'armée
apporte à présent une assistance et des
services humanitaires. Elle nourrit
aussi la population », ajoute-t-il. Les
communications étant coupées et les
médias interdits de séjour dans le
Tigré, il n'a pas été possible de
vérifier ces affirmations, et le Front
de libération du peuple du Tigré (TPLF)
n'a fait pour l'heure aucun commentaire.
Les combats et les
frappes aériennes dans cette région du
nord de l'Éthiopie, frontalière de
l'Érythrée et du Soudan, ont déjà fait
des centaines de morts et poussé des
milliers de personnes à se réfugier au
Soudan depuis le début du mois. Ils ont
aussi ravivé les divisions ethniques du
pays et soulevé des questions sur Abiy
Ahmed.
LES BASES DU
CONFLIT DU TIGRE
À 44 ans, le plus
jeune dirigeant africain a reçu l'an
dernier le prix Nobel de la paix pour
avoir contribué au règlement du conflit
avec l'Érythrée. Abiy Ahmed accuse le
TPLF d'avoir enclenché les hostilités en
attaquant une base de l'armée fédérale
et en défiant son autorité. De leur
côté, les Tigréens dénoncent
« l'oppression et les discriminations »
dont ils se disent victimes.
L'État du Tigré
compte quelque 5 millions d'habitants,
et la situation humanitaire était déjà
difficile avant le conflit, quelque
600.000 personnes dépendant d'une aide
alimentaire. Ann Encontre, représentante
de l'agence des Nations unies pour les
réfugiés (HCR) en Éthiopie, a déclaré à
Reuters que des discussions étaient en
cours avec les deux parties pour obtenir
l'ouverture de "couloirs humanitaires".
Le Parlement
éthiopien a par ailleurs levé l'immunité
parlementaire d'une quarantaine de ses
membres, dont le président de l'exécutif
régional du Tigré, Debretsion
Gebremichael. Quelque 150 personnes
soupçonnées de préparer pour le compte
du TPLF des "attaques terroristes" ont
été arrêtées à Addis Abeba et dans
d'autres lieux du pays, a annoncé pour
sa part la cellule de crise "état
d'urgence" créée récemment par le
gouvernement.
LE PRETEXTE D’UNE
CRISE HUMANITAIRE
« Les combats
auraient déjà poussé plus de 11.000
Éthiopiens à se réfugier ces dernières
48 heures dans l'est du Soudan,
frontalier du Tigré », a déclaré Alsir
Khaled, directeur de l'agence soudanaise
pour les réfugiés dans la ville
frontalière de Kassala. Une source
gouvernementale soudanaise a confié à
l'agence soudanaise Suna que « jusqu'à
200 000 Éthiopiens pourraient se
réfugier au Soudan ». Recevant le
ministre érythréen des Affaires
étrangères, Osman Saleh, le Premier
ministre soudanais Abdallah Hamdok a
insisté mercredi sur « la nécessité
d'arrêter dès que possible les combats
en Éthiopie et de revenir à des
négociations pour éviter les guerres »,
d'après Suna.
II-
QUI A INTERET A UNE INTERNATIONALISATION
DU CONFLIT ?
Suite aux conflits
en Éthiopie entre Addis-Abeba et la
région du Tigré, l’ambassadeur
d’Éthiopie en France, Henok Teferra
Shawl, dénonce « une tentative du TPLF
d’internationaliser le conflit » après
les récents tirs sur l’Érythrée.
Désormais encerclées depuis la chute de
la ville d’Humera, à la frontière avec
le Soudan, les troupes du TPLF semblent
perdre du terrain face aux renforts
envoyés au Nord par le Premier ministre,
Abiy Ahmed. Au point de jouer leur
va-tout, en tentant d’entraîner
l’Érythrée voisine dans une guerre
interne à l’Éthiopie ?
ENTRAINER
L’ÉRYTHREE VOISINE DANS UNE GUERRE
INTERNE A L’ÉTHIOPIE ?
C’est l’avis d’Henok
Teferra Shawl, l’ambassadeur d’Éthiopie
à Paris, qui estime que « la fédération
éthiopienne sortira renforcée de ce
conflit ». Abiy Ahmed et son ambassadeur
ont parfaitement raison de dire que « le
parti agissant dans l’ombre des rebelles
du Tigré a l’intention
d’internationaliser le conflit ».
Ce qu’ils n’ont pas
dit clairement c’est l’identité de ces
parties ? Le rapport direct entre les
rebelles du Tigré et Israël n’étant plus
un secret, pas plus que l’hostilité des
USA envers Abyi Ahmed. Il va sans dire
que l’Éthiopie ne saura pas facilement
contrer cette crise sans l’appui fiable.
En effet, au Tigré et pendant plusieurs
siècles, les juifs éthiopiens, les
falashas (3), ont principalement été
installés dans la province du Gondar et,
à moindre mesure, dans celle du Tigré où
ils bénéficient de petits États
indépendants.
DJIBOUTI AVEC
L’ETHIOPIE :
« SOUTIEN INDEFECTIBLE ET SANS FAILLE »
A ABIY AHMED.
L’appui fiable dont
l’Éthiopie cherche vient en premier lieu
des pays africains eux-mêmes et Djibouti
a répondu présent. Aucune ambiguïté sur
la question du Tigré : la diplomatie
djiboutienne considère le Premier
ministre éthiopien comme « le seul
garant de l’unité et de l’intégrité du
territoire ». Une source gouvernementale
parle même de soutien « indéfectible et
sans faille » à Abiy Ahmed.
L’importance de ce
soutien est qu’en effet Djibouti
lui-même entretient d’étroites relations
avec la Chine et qu’en cas d’un
débordement incontrôlable dans la Corne
de l’Afrique, il se pourrait que la
Chine s’y intéresse. Après tout,
l’annonce de l’ouverture d’une première
base au Soudan pourrait aussi renvoyer à
ce même contexte.
Abiy Ahmed primé
par le Nobel et donc par les Occidentaux
devrait peut-être revoir la nature de
ses relations avec les pays qui par
Israël interposés ont réussi à faire le
remake de la guerre civile au Soudan des
années 2010.
ABIY AHMED PAIE SES
RELATIONS AVEC LES PUISSANCES DE L’EST
On sait aussi que
Abiy Ahmed « paie son obstination de ne
pas renoncer à ses relations avec les
puissances de l’est » (4), commente
Farsi. Abiy Ahmed a en effet « déçu le
camp occidental dans plusieurs
secteurs » : il s’est rapproché
substantiellement de la Chine lui
demandant aide et assistance, dans le
cadre de la lutte contre le Covid-19,
tout en refusant une médiation
américaine dans le dossier hautement
stratégique du barrage du Nil.
« Il est temps que
les relations Éthiopie-axe de l’Est
deviennent plus solide et prennent un
aspect militaire, sinon, ce genre de
scénario hybride ne serait pas être
contré », commente fort justement Press
TV.
DERRIERE LES
SEPARATISTES QUI MENACENT L'ÉRYTHREE :
L'OCCIDENT NE VEUT PAS QUE MOSCOU SE
REIMPLANTE DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE
En Éthiopie, les
exactions occidentales ne s'arrêtent pas
là. Après les nombreux échecs des
États-Unis pour faire plier le Premier
ministre, Abiy Ahmed, et saper ses
ambitions de développement du pays en se
détachant de l’Occident, la situation
prend une tout autre dimension. Le
conflit migre maintenant vers
l’Érythrée. Certes, l’Occident tente non
seulement de déstabiliser l’Éthiopie,
mais visiblement l’Érythrée est aussi
devenue une cible (5).
« La minorité
séparatiste dans la région du Tigré a
revendiqué des tirs de roquettes qui ont
frappé la capitale de l’Érythrée
frontalière », accusant à nouveau
« l’armée d’Asmara d’aider l’armée
éthiopienne ». « Les forces éthiopiennes
utilisent-elles aussi l’aéroport
d’Asmara » pour faire décoller les
avions qui bombardent le Tigré, ce qui
en fait « une cible légitime », a
déclaré Debretsion Gebremichael,
accusant en outre une nouvelle fois
« l’armée érythréenne d’être engagée
dans des combats au sol au Tigré »,
région du nord de l’Éthiopie.
Plusieurs roquettes
ont frappé samedi les abords de
l’aéroport d’Asmara, ont indiqué dans la
nuit deux diplomates basés à
Addis-Abeba, sans pouvoir faire état
d’un bilan humain ou d’éventuels dégâts.
Les autorités érythréennes n’ont pas
réagi dans l’immédiat.
Auparavant, le
secrétaire général de l’ONU, Antonio
Gutteres, vieux complice des
occidentaux, avait déjà fait exhorté
d’une certaine manière le Premier
ministre Abiy Ahmed de se plier (sic) et
d’arrêter les tentatives de stopper les
séparatistes tigréens (resic), sous
peine de voir que « le conflit national
allait se transformer en un conflit
régional déstabilisant la Corne de
l’Afrique ».
Cette minorité,
financée depuis l’extérieur, tente
maintenant d’impliquer l’Érythrée dans
ce conflit en tentant éventuellement de
rallier Asmara à sa cause et saper ainsi
l’accord de paix signé entre le
président Érythréen, Isaias Afwerki et
le Premier ministre éthiopien Abiy
Ahmed.
LA MER ROUGE : UN
LIEU TRES STRATEGIQUE
OU MOSCOU S’IMPLANTE
Maintenant,
plusieurs acteurs, en dehors de
l'Occident, pourraient s’ingérer dans ce
conflit. Étant donné que l’Érythrée
longe la mer Rouge, qui reste un lieu
très stratégique (6), et que la Russie a
signé un accord de projet portuaire en
septembre 2018, Moscou s’apprête
maintenant d’installer une base
militaire sur les rives de la mer Rouge
comme à l’époque soviétique.
La mer Rouge est
sur l’une des routes les plus sensibles
du commerce mondial, car près de 10 %
des marchandises du monde entier passent
par elle. La mer relie les producteurs
d’énergie du golfe Persique, les marchés
occidentaux et les industries
d’exportation de l’Asie du Nord-Est, ce
qui fait des points d’accès à cette mer
un objet de convoitise des grandes
puissances environnantes. Elle a attiré
encore davantage l’attention à
l’étranger, dans la mesure où sa
stabilité s’est détériorée en raison de
la proximité de la guerre au Yémen,
lancée par l’Arabie saoudite et de
l’augmentation de la piraterie basée en
Somalie afin de permettre aux forces
navales occidentales de s’implanter dans
ces eaux. Par conséquent, plusieurs pays
ont déployé leurs forces militaires dans
la région, notamment à Djibouti, près du
détroit de Bab El-Mandeb. La Russie
avait aussi la volonté de s’implanter
militairement à Djibouti, mais suite aux
pressions de Washington, les accords
n’ont pas été conclus.
LE SOUDAN
IMPLIQUE ?
Moscou a trouvé
d’autres hôtes potentiels en mer Rouge,
le plus accueillant était le Soudan. En
novembre 2017, l’ancien président du
Soudan, Omar El-Béchir s’était rendu à
Sotchi pour rencontrer son homologue
russe, avec un programme visant à
approfondir la coopération dans
plusieurs domaines, dont la sécurité et
la défense. Même si la possibilité
d’établir une base militaire ne figurait
pas parmi les documents signés par
Poutine et El-Béchir, ce sujet a été
discuté par eux lors de la réunion.
Khartoum avait souhaité cet engagement
renforcé en raison de l’effondrement des
relations avec Washington dans la fin du
Régime El béchir.
Les résultats des
accords de sécurité sont devenus
tangibles, avec le dévoilement d’un
accord pour l’utilisation des
installations navales de Port-Soudan par
la flotte russe en mai 2019. Jusqu’à
présent, cet accord constitue notamment
le plus grand succès de la Russie en
matière d’installation militaire sur la
mer Rouge.
Suite à la volonté
de Moscou d’établir une présence
militaire permanente au Soudan, le pays
a subi une révolution de couleur lancée
par Washington et les réseaux américains
de l’Atlantic Council afin de renverser
Omar El-Béchir et de saper par la même
occasion une montée de l’influence russe
dans le pays.
L’ERYTHREE ALLIEE DE MOSCOU
C’est alors que
suite aux accords de paix signés entre
l’Éthiopie et l’Érythrée en juin 2018
(7) et la levée des sanctions de l’ONU,
Asmara a décidé de faire venir la Russie
et non l’Occident. En août de cette
année-là, le ministre russe des Affaires
étrangères Sergueï Lavrov a
officiellement annoncé que l’Érythrée et
la Russie ont négocié l’ouverture d’une
base « logistique » sur la côte
érythréenne.
Ce qui fait que
l’expansion du conflit éthiopien vise a
saper entièrement le développement de la
région mais surtout, elle vise à barrer
la route à l’influence russe dans cette
région.
Asmara n’a pour le
moment émis aucun commentaire suite aux
attaques de cette minorité séparatiste
basée dans la région du Tigré, ce qui
montre, qu’il n’est pas décidé à tomber
dans le piège tendu par l’Occident, à
savoir, impliquer militairement
l’Érythrée dans le conflit éthiopien.
« L’Éthiopie et
l’Érythrée n'affichent pas la volonté de
tomber dans le piège tendu par
l’Occident. Ce qui montre une volonté de
continuer de tenir tête aux
Occidentaux », commente Press TV.
NOTES ET RENVOIS :
(1) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
DESTABILISATION DE L’ETHIOPIE
(GEOPOLITIQUE AFRICAINE) (III): LA
SECESSION DU TIGRÉ POUR DÉMEMBRER LE
PAYS ?
sur
http://www.lucmichel.net/2020/11/09/luc-michels-geopolitical-daily-destabilisation-de-lethiopie-geopolitique-africaine-iii-la-secession-du-tigre-pour-demembrer-le-pays/
(2) Lire sur PANAFRICOM/ ENQUETES SUR LA
DESTABILISATION DE L’AFRIQUE (IV) : LES
BUTS DE L’ACTION DE DESTABILISATION DE
L’ « INTERNATIONAL CRISIS GROUP »
(RESEAUX SORÖS) AU CAMEROUN
sur
http://www.panafricom-tv.com/2017/09/06/panafricom-enquetes-sur-la-destabilisation-de-lafrique-iv-les-buts-de-laction-de-destabilisation-de-l-international-crisis-group-reseaux-soros-au-came/
(3) Les Juifs éthiopiens (ou Beta Israel,
la « maison d’Israël » au sens de la «
famille d’Israël ») sont des Éthiopiens
de religion juive ou leurs descendants
qui ont pour la plupart émigré en
Israël. Selon leurs traditions, ils
descendent de la tribu de Dan. Ils ont
vécu pendant des siècles au nord de
l’Éthiopie (Gondar, Tigré), où ils ont
constitué des États indépendants, qui
ont été détruits au XVIIe siècle par le
pouvoir impérial. Ils deviennent alors
une minorité marginalisée, le plus
souvent sans droit de posséder des
terres et, à l'occasion, accusée d’avoir
le « mauvais œil ». Beta Israel est le
nom qu'ils se donnaient lorsqu'ils
vivaient en Éthiopie. Le nom Falacha
(amharique : « exilé », « errant », «
sans terre »), couramment utilisé pour
les désigner en Europe, est rejeté par
les Juifs éthiopiens qui le considèrent
péjoratif. Depuis l’immigration en
Israël, le terme Beta Israel tend à y
être remplacé, y compris au sein de la
communauté elle-même, par l'expression
Juifs éthiopiens ou Etiopim («
Éthiopiens »). Ils n'avaient pas de
relations avec le judaïsme européen
lorsque celui-ci est entré en contact
avec eux à la fin du XIXe siècle. Mais
ils se sont alors immédiatement
identifiés à l'ensemble du monde juif
et, désireux de l’intégrer, ils
réduisent progressivement leurs
particularismes religieux pour
rapprocher leurs rites de ceux du
judaïsme orthodoxe.
Le gouvernement d'Israël reconnaît leur
judaïté en 1975. À partir de 1977, sur
décision du gouvernement Begin, la
plupart des Beta Israel émigrent en
Israël. Leur exode s'opère dans des
conditions difficiles et grâce à un pont
aérien. Leur intégration en Israël pose
moins de problèmes, quoique malaisée au
vu de la différence entre les cultures.
N’ayant pour la plupart pas bénéficié
d’une éducation à l’occidentale, ils
sont en butte à diverses discriminations
qui les mènent à manifester à plusieurs
reprises dans les premières décennies du
XXie siècle. Les conditions économiques
dont ils jouissent sont cependant
meilleures qu’en Éthiopie et mènent les
Falash Mura, descendants de Beta Israel
qui avaient adopté le christianisme et
été par conséquent exclus du groupe, à
revendiquer une origine ou un statut de
Juif. Celui-ci leur a généralement été
reconnu et ils sont venus rejoindre les
rangs de la population qui comptait
environ 110 000 personnes en 20096 en
Israël, et environ 138 200 en 20142.
(4) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
FLASH VIDEO/ L’ÉTHIOPIE FAIT BOUGER LES
LIGNES GEOPOLITIQUES (GEOPOLITIQUE DE
L’AFRIQUE DE L’EST III)
sur
http://www.lucmichel.net/2018/08/23/luc-michels-geopolitical-daily-flash-video-lethiopie-fait-bouger-les-lignes-geopolitiques-geopolitique-de-lafrique-de-lest-iii/
Et sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
FLASH VIDEO/ OU VA ADDIS-ABEBA ?
L’ETHIOPIE AU CŒUR DU GRAND JEU
GEOPOLITIQUE EN AFRIQUE DE L’EST
sur
http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-flash-video-ou-va-addis-abeba-lethiopie-au-coeur-du-grand-jeu-geopolitique-en-afrique-de-lest/
(5) Cfr sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY
LA PACIFICATION ENTRE L'ETHIOPIE ET
L'ERYTHRÉE
sur
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.luc_michel.190718.htm
(6) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
GEOPOLITIQUE AFRICAINE : L’EQUILIBRE DES
FORCES EST-IL EN TRAIN DE CHANGER EN
AFRIQUE DE L’EST ?
sur
http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-flash-info-geopolitique-africaine-lequilibre-des-forces-est-il-en-train-de-changer-en-afrique-de-lest/
(7) Cfr sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY
LA PACIFICATION ENTRE L'ETHIOPIE ET
L'ERYTHRÉE
Supra
(Sources : AFP -
France24 – Farsi – Press TV – EODE Think
Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical
Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/

* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
WEBSITE
http://www.lucmichel.net/
PAGE OFFICIELLE III –
GEOPOLITIQUE
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel.3.Geopolitique/
TWITTER
https://twitter.com/LucMichelPCN
LUC-MICHEL-TV
https://vimeo.com/lucmicheltv
* EODE :
EODE-TV
https://vimeo.com/eodetv
WEBSITE
http://www.eode.org/
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