LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
La loi dite ʽCésarʼ (I) : la guerre
commerciale et
financière turco américaine contre Damas
Luc Michel
Lundi 15 juin 2020
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 06 13/ « Mon pays est
victime de deux guerres, militaire et
économique, dirigées par les
Etats-Unis »
- Fouad Ali
(directeur des opérations de change au sein de la
Banque centrale de Syrie).
Ayant perdu sur les
fronts militaires, Washington et son
complice turc, indissociables en Syrie
(à part pour les idiots utiles de la
« Géopolitique de l’émotion) se sont
lancés dans une guerre financière et
économique impitoyable contre Damas. Qui
vise aussi Téhéran. Et dans une mesure
moindre le Liban. Et tourne autour d’une
nouvelle loi américaine de sanctions,
dite « César » …
I-
SYRIE ET IRAN :
LE CŒUR DE CIBLE
LES AUTORITES
SYRIENNES VEILLENT DONC RIGOUREUSEMENT
SUR LEURS RESERVES MONETAIRES
« Les forces de
sécurité syriennes ont réussi à arrêter
un négociant en devises étrangères et un
manipulateur du taux de change, avec en
sa possession des millions de dollars
qu’il tentait de faire passer
clandestinement à l’étranger via la
Turquie », informe ‘PerspectivesMed’
(Maroc). Ce dernier pays qui cherche à
affaiblir son voisin du sud n’hésite pas
à jouer la carte US qui cherche,
notamment via la «loi Cesar» a serrer la
vis des sanctions contre Damas.
Sanctions qui, du côté syrien, sont
jugées « contre-productives » et « à
même de se retourner contre ceux qui les
ont décidé ». Le coup de filet réussi
par les sécuritaires syriens a été
rapporté par l’agence de presse ‘Times
of Al-Sham’ qui a cité des sources
anonymes et publié une photo montrant
des paquets de dollars estimés à plus de
50 millions , et un post-it sur lequel
est inscrite la date du mardi 9 juin
2020.
Fouad Ali,
directeur des opérations de change au
sein de la Banque centrale de Syrie, a
assuré sur les ondes de ‘Sham FM’ que
« son pays était victime de deux
guerres, militaire et économique,
dirigées par les Etats-Unis ». Il a fait
référence aux propos
tenus par le représentant américain pour
la Syrie James Jeffrey et la volonté de
Washington « d’asphyxier la Syrie en
resserrant davantage l’étau des
sanctions auxquelles Damas est soumise
depuis des décades ». « Ce qui se passe
en Syrie est une crise composée qui
combine la chute de la livre due aussi
au pillage du pétrole, et la mise à feu
des champs de blé , pour porter atteinte
à l’économie , auquel s’ajoutent les
menaces de sanctions par les USA et la
campagne menée par ces sites qui
haussent le taux de change, incitant les
manipulateurs des taux de change à se
lancent dans des spéculations pour
hausser la demande en
dollars », a-t-il expliqué. F. Ali a
déploré « les tentatives des négociants
de monopoliser les produits alimentaires
de première nécessité comme le sucre, le
riz, le thé et les produits
pharmaceutiques », assurant qu’ils
« seront aussi pourchassés ».
À LA MI-JUIN, LES
SANCTIONS AMERICAINES CONTRE LA SYRIE
VONT S’INTENSIFIER, AVEC LA PROMULGATION
DE LA « LOI CESAR »
À la mi-juin, les
sanctions américaines contre la Syrie
vont s’intensifier, avec la promulgation
de la « loi César », qui vise à «
poursuivre les individus, les groupes,
les entreprises et les pays qui ont des
échanges avec le gouvernement de Damas».
Cette loi, prétendument nommée en
l’honneur (sic) d’un officier déserteur
de l’armée syrienne, est destinée à
empêcher les entreprises et les pays
d’avoir des relations diplomatiques avec
la Syrie et de contribuer à la
reconstruction, aux investissements et à
la fourniture de pièces détachées pour
les secteurs de l’énergie et de
l’aviation en Syrie. Les sanctions
touchent également la Banque centrale
syrienne, en gelant les avoirs des
personnes qui transigent avec la Syrie
et en invalidant leur visa pour
l’Amérique.
Les nouvelles
sanctions des USA contre la Syrie n’ont
aucune valeur morale puisque
l’establishment américain se soucie peu
des valeurs humaines et de l’abus de
pouvoir. Le respect de l’administration
US à sa propre constitution est
sérieusement mise en doute au regard de
la réaction des forces de sécurité
contre les manifestants qui dénoncent la
discrimination raciale généralisée et
les violences policières à caractère
raciste.
LE MODELE IRAKIEN
Dans les années
1990, les USA avaient imposé des
sanctions contre l’Irak (pétrole contre
nourriture) qui ont tué des centaines de
milliers de citoyens irakiens, et des
centaines de milliers d’enfants
irakiens, sans que le régime de Saddam
Hussein et son entourage en soient
affectés. Dès lors, on peut dire qu’en
règle générale, les sanctions
américaines affectent principalement la
population et non les dirigeants.
SWIFT CONTRE APEX
A Damas, il y a
lieu de souligner que la menace que
brandit Washington quant à la pertinence
de « la Loi César » est minorée. « Elle
se retournera contre ses promoteurs »,
laisse-t-on entendre. Car la Syrie n’est
pas à une première salve de sanctions US
près. D’autres avaient été déroulées à
son encontre depuis des décades. Certes,
des perturbations sont à craindre dans
un premier temps sur le plan économique.
Mais il faut croire que contre le
système SWIFT, celui qui valide les
transactions commerciales libellées en
dollar, le système APEX pourrait servir
de bouclier pour le commerce syrien. Que
ce soit avec l’Iran, la Russie et la
Chine, voire peut-être le Liban voisin
qui survit à la pire crise économique
qui l’asphyxie depuis l’indépendance,
cette formule qui privilégie le recours
aux monnaies locales pourrait s’avérer
porteur.
En imposant de
nouvelles sanctions étouffantes à la
Syrie, les USA aident en fait le Levant
à sortir de la sphère d’influence et de
la présence américaines. Le basculement
vers l’Est relève dès lors de
l’impératif stratégique… Voilà pourquoi
les sanctions se retourneront contre
leurs promoteurs.
-II
LE LIBAN COMME
DOMMAGE COLLATERAL
« À Beyrouth, le
gouvernement ne peut
adopter la loi César, s’y plier et
fermer ses portes à la Syrie. Les seuls
postes-frontière terrestres du Liban
traversent en Syrie, Israël étant
considéré comme un ennemi. Tout plan
économique national visant à revitaliser
l’important secteur agricole local en
exportant des produits vers la Syrie,
l’Irak ou d’autres pays du Golfe
échouerait si la loi César entrait en
vigueur ». Toute industrie régénérée ou
tout échange commercial avec les pays du
Moyen-Orient doit franchir la « porte
syrienne ». Le gouvernement libanais
actuel risque également de tomber s’il
applique les sanctions américaines.
Washington ne fournit aucun appui
financier à l’économie libanaise en
crise et n’a nullement l’intention
d’offrir l’aide immédiate nécessaire
pour la relever. Les USA, comme c’est
devenu la norme, cherchent à imposer des
sanctions et des conditions aux pays
qu’ils ciblent, mais offrent peu en
retour aux autres pays que cela affecte.
Dans le cas du Liban, son déficit
budgétaire frôle les 100 milliards de
dollars après des décennies de
corruption et de mauvaise gestion.
Le gouvernement du
premier ministre Hassan Diab est, en
théorie, un gouvernement technocratique
et apolitique. Il ne voit pas les
USA comme un ennemi, mais il ne suivra
pas nécessairement les diktats
américains, puisqu’il est proche de l’«
Alliance du 8 mars » dont les membres
qui ont le plus de poids ne sont pas
amis des USA. Par conséquent, la seule
solution pour ce gouvernement ou tout
autre qui suivra consiste à se tourner
vers l’est, c’est-à-dire vers la Chine,
la Russie et l’Iran. Les USA vont
probablement perdre le Liban, puisque
ses alliés de l’« Alliance du 14 mars »
sont devenus sans voix et impuissants.
Il ne fait aucun doute que le parti
chrétien au sein du
groupe politique du « 8 mars » sera pris
à parti et affecté par les sanctions des
USA. Ce groupe possède des relations
internationales à entretenir et à
surveiller ainsi que des comptes
bancaires à l’étranger. Quoi qu’il en
soit, la loi César ne peut s’appliquer
au Liban, peu importe les conséquences
de la violation de ses dispositions.
-III
COMMENT ANKARA
APPLIQUE DEJA LA ‘LOI CESAR’ EN SYRIE :
LA TURQUIE FAIT CIRCULER SA LIVRE DANS
DES REGIONS QU'ELLE OCCUPE
Dans un geste que
les observateurs politiques considèrent
comme étant la participation de la
Turquie à la mise en œuvre de la loi «
César », le Front al-Nosra (ex al Qaida
en Syrie, parrainé par Erdogan) a
commencé à commercer avec la livre
turque dans les territoires occupés de
la province d’Idlib. Selon la chaîne
‘Al-Mayadeen’, le soi-disant «
gouvernement de salut » affilié à Hayat
Tahrir al-Cham a annoncé le début des
transactions avec la livre turque dans
les territoires sous son contrôle dans
la province syrienne d’Idlib sous
prétexte d’une dévaluation de la lire
syrienne. Les observateurs politiques
estiment que cette décision est « une
tentative de la Turquie de renforcer son
influence en Syrie en établissant des
liens économiques entre les régions
occupées par les terroristes et Ankara
et en participant au processus
d’accélération de l’application de la
loi César ».
Plus tôt, une
source proche de Hayat Tahrir al-Cham
avait révélé que le groupe terroriste
avait « l’intention de mener ses
transactions financières à l’intérieur
de la Syrie avec la livre turque et de
remplacer en fait la livre turque par la
livre syrienne dans le commerce ».
(Sources : PerspectivesMed - Times of
Al-Sham - Sham FM - Al-Mayadeen – EODE
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LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
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Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
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