Al
Manar
Pourquoi le Liban a-t-il refusé un
don militaire russe ?
Leila Mazboudi

Mardi 27 novembre 2018
Quelques jours
avant la fête de l’indépendance qui a eu
lieu le 22 novembre dernier, le Liban a
refusé un don russe militaire pour des
raisons politiques, a révélé le
quotidien libanais al-Akhbar, ce lundi
26 novembre. Il s’agissait de
munitions offerts par le ministère russe
de la Défense et qui comprend des
millions de balles de différents
calibres et pour plusieurs fusils et
mitrailleuses moyennes. Son coût est
estimé à quelque 5 millions de dollars.
En plus d’autres armements.
Le refus libanais a été justifié par le
prétexte que les calibres fournis ne
correspondent pas aux armes de l’armée
libanaise, lesquels seraient plus
compatibles avec ceux de l’Otan.
Pourtant les forces armées libanaises
possèdent des dizaines de milliers de
fusils Kalachnikovs et de mitrailleuses
PKS et ont besoin de ces munitions,
constate al-Akhbar.
Des obstacles
libanais aux armes russes
Avant cette
justification d’ordre technique qui a
été envoyée à la Russie via son attaché
militaire au Liban, plusieurs obstacles
avaient été dressés pour retarder
l’arrivée du don qui était prévue pour
le mois de juin.
Le journal libanais en a aussi énuméré
quelques-uns.
Dans un premier moment, alors que la
cargaison avait été préparée,
empaquetée, et transportée au port
russe, « une erreur technique », a été
glissée dans le certificat de «
consommateur final » présenté par les
Libanais. Les multiples demandes russes
pour le rectifier sont restées lettre
morte. C’est alors que la Russie a
décidé de transporter la cargaison sur
son compte.
Mais les Libanais
ont à nouveau dressé un nouvel obstacle.
Ils ont argué que le port de Beyrouth ne
pouvait accueillir aucun navire
militaire, car la surface du bassin de
la base navale de Beyrouth est
insuffisante.
Or, une source militaire libanaise a nié
en bloc ce prétexte assurant que la
véritable raison du refus des Libanais
puise son origine du rejet américain.
Ce n’est pas une
initiative russe
Pourtant, la
décision russe d’offrir un don militaire
au Liban n’émane pas de sa propre
initiative. C’est le fruit de deux
démarches libanaises : la première,
lorsque l’armée libanaise a envoyé aux
Russes une liste de ses besoins en
armements après la suspension du don
saoudien. La seconde, est la visite en
Russie l’an dernier du ministre de la
Défense libanais Yaakoub al-Sarraf,
au cours de laquelle il a exposé les
besoins de l’armée libanaise.
Une commission
militaire commune libano-russe s’était
aussi rencontrée à plusieurs reprises
pour finaliser cette demande, laquelle a
nécessité par la suite la promulgation
d’un décret de la part du président
russe en personne pour la sortir des
dépôts de l’armée russe et la préparer.
Moscou ayant décidé de faire le don d’un
échantillon de ses munitions, comme
prélude à un processus de coopération
militaire, dans le cadre de la mise en
exécution de la coopération militaire
technique conclue entre les deux pays,
laquelle devrait introduire à un accord
de coopération militaire qui aurait dû
être signé avant les élections
parlementaires.
Mais les Américains
et les Britanniques ont réussi à
convaincre le chef du gouvernement Saad
Hariri d’empêcher sa signature.
Les pressions
américaines et occidentales
La semaine passée
aussi, alors que tout était prêt pour
finaliser la livraison des munitions, le
refus a cette fois-ci été exprimé
clairement. Selon le journal libanais,
«son origine est inconnue ». Il croit
deviner que ce refus illustre toutefois
une décision politique qui vient des
plus hautes sphères de l’Etat libanais.
Sachant qu’elle n’a pas été prise au
sein du Conseil des ministres libanais.
« Le message
dissimule derrière lui une décision
politique libanaise, d’origine encore
inconnue. Elle est destinée à jeter
l’armée libanaise dans les bras de
l’armement américain exclusif et à
l’isoler de toute autre source
d’armement en dehors de l’Otan », a
écrit le journal.
Et de poursuivre : «il est clair pour
les Libanais comme pour les Russes que
les Américains interdisent toute
coopération militaire du Liban avec la
Russie et que d’aucuns au Liban
exécutent les desideratas des Etats-Unis
sans aucune résistance ».
Des sources
diplomatiques liées au Moyen-Orient
attribuent la démarche libanaise aux
pressions américaines et britanniques,
dans le cadre des tentatives de
l’occident destinées à réduire le champ
d’action de Moscou en Orient.
Selon certains
observateurs, le fait de placer les
tentatives américaines -et par extension
occidentales- dans le cadre de leur
confrontation contre la Russie ne
suffisent pas à les expliquer. Les
Iraniens, également font l’objet de
tentatives similaires lorsqu’il s’agit
de transaction militaire avec le pays
des cèdres.
Elles s’inscrivent plutôt dans le cadre
des velléités occidentales sournoises
visant à rallier le Liban à leur cercle
d’influence. L’enjeu étant
principalement de limiter ses atouts de
force, militaires entre autre, pour
garantir la supériorité militaire
d’Israël. Et cela remonte à bien
longtemps.
Or, cette
manigance-là a largement contribué à ce
que les Libanais cherchent d’autres
alternatives. La Résistance a été l’une
d’entre elles.
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