Al Manar
Coopération militaire entre le Liban et
la Russie, promesses perdues. La
responsabilité de Hariri
Leila Mazboudi

Mardi 20 février 2018
Les promesses que le Premier ministre
libanais Saad Hariri a faites à la
Russie depuis cinq mois de conclure avec
elle des accords militaires sont restées
lettres mortes.
Pourtant les choses
étaient bien préparées à l’avance,
depuis l’effort entrepris par le
ministre de la Défense libanais Yaacoub
al-Sarraf au lendemain de sa
participation au forum de l’armée russe
le mois d’aout dernier à Moscou.
De retour à
Beyrouth, il a alors organisé des
rencontres entre le commandement de
l’armée libanaise et des experts russes
et libanais pour s’entendre sur le
contenu des textes qu’il va falloir
signer. Ils ont été dépêchés au
gouvernement libanais pour donner son
approbation à leur signature,
alors que les Russes finalisaient de
leur côté le texte de l’accord.
Depuis plus rien du
tout. L’affaire semble avoir été classée
de nouveau.
Pendant de longues
années, deux ministres libanais de la
Défense ont joué un rôle essentiel pour
entraver toute ambition de coopération
militaire russo-libanaise, voire toute
tentative de diversification des sources
d’armement de l’armée libanaise. Il
s’agit d’Elias al-Murr et de Samir
Mokbel.
En même temps, les
autorités politiques au Liban n’osaient
pas irriter les Américains.
Avant cela, le
projet de l’accord de coopération
militaire avec la Russie était resté de
longues années dans les tiroirs des
commissions parlementaires avant d’être
voté, l‘an dernier. On ne sait pas très
bien à qui incombe la responsabilité
de l’avoir tant négligé.
Récemment, il a
suffi que les médias russes publient le
projet de l’accord conjoint pour que les
pressions américaines et britanniques
s’exercent sur le gouvernement libanais.
Elles sont menées
par l’ambassadrice des Etats-Unis
Elisabeth Richard , de concert avec
l’ambassadeur du Royaume uni Hugo
Shurter , comme le rapporte le journal
al-Akhbar.
Leur rhétorique
avec les dirigeants libanais s’est
voulue être axée sur deux points : le
fait que les Occidentaux fournissent
gratuitement des armements à l’armée
libanaise, alors que l’accord avec la
Russie stipule que cette dernière lui
accorde un prêt financier pour acheter
ses armes. Le deuxième point argué porte
sur la nécessité de garder une seule
source d’armement, à l’instar de l’Otan.
Les responsables
occidentaux sont forts lorsqu’ils
s’emploient pour fabriquer des intérêts
à ceux chez qui ils veulent faire passer
les leurs.
En effet, la
transaction avec la Russie aurait permis
au Liban d’obtenir des armes dignes de
ce nom, dont des hélicoptères de combat
et des systèmes techniques qui auraient
pu élever le niveau de l’armée. Du fait
des pressions occidentales, celle-ci est
cantonnée au rôle de la lutte contre le
terrorisme et à la mission de
préservation de l’ordre interne.
Tout armement permettant au Liban de se
défendre face à une agression
israélienne lui est strictement
interdit. Les dirigeants
occidentaux y veillent scrupuleusement à
la place d’Israël.
Parmi les moyens
utilisés avec les dirigeants libanais
pour les écarter de la transaction avec
la Russie, ils ont fait planer l’espoir
de la tenue d’une nouvelle conférence à
Rome destinée à équiper l’armée et les
services de sécurité libanais. Ces
fausses promesses sont véhiculées par
les diplomates occidentaux en place au
Liban, lesquels ne cessent de
changer de date, sous prétexte
d’obstacles émanant des pays donateurs
dont les pays arabes.
Ces derniers non
plus ne manquent pas à la mission de
laisser le Liban en état de faiblesse.
On se souvient que lorsque le
gouvernement libanais a évoqué aussi
l’éventualité de s’approvisionner en
armements iraniens, c’est l’Arabie
saoudite qui a fait étaler sa
générosité, suggérant un prêt ou un don,
on ne sait pas très bien, de 3
milliards de dollars pour financer des
armements français. Il s’est avéré que
ce n’était que des lettres mortes aussi.
Loin de croire que
le Premier ministre libanais Saad Hariri
est totalement inoffensif face à cette
manipulation, et qu’il subit les
pressions occidentales et rien de plus,
certaines sources diplomatiques ont
assuré pour Al-Akhbar qu’il serait de
mèche avec les Occidentaux. M. Hariri et
certains protagonistes libanais « ne
sont pas seulement soumis à
l’administration américaine mais œuvrent
de concert avec elle dans sa guerre
contre la Russie, soit en entravant les
accords de coopération militaire, soit
via les exactions menées par le
directeur de la Banque centrale à
l’encontre des sociétés russes et qui
fait exécuter les sanctions prises
unilatéralement par les Américains »,
ont dit ce sources.
Des sources proches
du camp du 8 mars affirment pour leur
part que M. Hariri fait tout « depuis
quelques mois pour éviter l’accord de
coopération militaire avec la Russie,
comme si de rien n’était », alors que
les ministres de son courant propagent
que cette coopération est toujours de
vigueur et qu’il n’y aucune pression
occidentale.
Pour expliquer les
raisons pour lesquelles M. Hariri s’est
rendu de son plein gré en Russie,
certains observateurs supposent qu’il
avait besoin d’une couverture
internationale, vu que ses propres
affaires allaient mal.
Une autre éventualité n’est pas à
écarter : il s’était rendu à Moscou au
moment où s’y déferlaient l’un après
l’autre les dirigeants arabes, lesquels
veulent à touts prix écarter ce pays de
l’Iran.
Pour la République
islamique, toute cette manipulation pour
priver le Liban de ses atouts de force
ne semble nullement la tracasser. Moins
les Occidentaux et les Arabes donnent à
l’armée libanaise, plus elle donne au
Hezbollah.
(Les informations
de l’article sont empruntées à un
article d’al-Akhbar)
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