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Hezbollah à Hariri : pas question
d’accepter
au préalable les conditions
du FMI
Leila Mazboudi

Lundi 19 octobre 2020 Le Hezbollah oppose
une fin de non-recevoir à donner son
accord préliminaire aux conditions du
Fonds monétaire international pour le
Liban.
C’est sa principale
objection aux conditions formulées par
l’ex-Premier ministre et chef du courant
du Futur, Saad Hariri, qui s’est porté
candidat pour diriger le cabinet
libanais, sans avoir encore été nommé
par le chef de l’Etat Michel Aoun, pour
une durée de six mois, insistant pour
avoir les mains libres.
Menant ses propres
tractations avec les différentes forces
politiques libanaises pour scruter leur
opinion sur sa candidature, Hariri a
toutefois accordé au tandem chiite
Hezbollah-Amal le droit de nommer les
ministres chiites du gouvernement à
condition qu’ils ne soient pas
partisans.
Le mouvement Amal
lui a déjà promis de lui accorder ses
voix. Mais le Hezbollah appréhende de
lui laisser le champ libre sur tous les
dossiers. Pas question pour lui
d’accepter préalablement les conditions
du Fonds monétaire international, a
rapporté le journal libanais al-Akhbar.
Des conditions qui habituellement
préconisent la privatisation du secteur
public et la mainmise sur les biens de
l’Etat.
Cette position fait
partie des réserves qu’avait exprimées
le chef du bloc parlementaire du
Hezbollah Mohamad Raad sur les 10% de la
feuille de l’initiative française, lors
de la rencontre des forces politiques
avec le président français Emmanuel
Macron. Elles s’ajoutent aux réserves
sur la proposition d’élections
anticipées et justifient son hésitation
avec M. Hariri.
En revanche, le
Hezbollah refuse aussi les noms proposés
par le Courant patriotique libre, en
l’occurrence Jawad Adra ou Jamal Kebbi.
Estimant que le sort de leur
gouvernement serait similaire a celui du
gouvernement sortant de Hassan Diab qui
« n’a pu ni réunir l’intérieur ni
obtenir le soutien de l’extérieur »,
rapporte al-Akhbar.
Parmi tous les
candidats, nul doute que sa préférence
va plutôt vers Hariri, estime al-Akhbar,
compte tenu des circonstances tragiques
que traverse le pays qui connait sa pire
crise économique depuis son
indépendance. Une crise dont la
responsabilité est majoritairement
imputée par le Hezbollah aux
gouvernements qui ont dirigé le pays
depuis la fin de la guerre civile, des
gouvernements majoritairement présidés
par les Hariri et Cie.
Il devrait tenter durant son prochain
mandat, s’il est élu, de remédier au mal
causé.
Or l’opposition la
plus farouche à la nomination de Hariri
viendrait surtout du tandem chrétien, le
CPL et les Forces libanaises.
Le premier ayant reporté, par le biais
de son fondateur et chef de l’état
Michel Aoun, la nomination. Le second
s’étant abstenu de s’y opposer. Tous
deux semblaient miser sur le renoncement
de Hariri, explique al-Akhbar. Ils sont
déçus.
Alors que le chef
du CPL Gebrane Bassil fait preuve de
persistance à refuser la candidature de
Hariri, le président quant à lui se
trouve dans l’embarras, ne pouvant
ordonner un second report, vu la
sensibilité de la situation et les
pressions françaises. D’autant que de
nombreux blocs parlementaires se sont
résignés à lui accorder leurs voix. Dont
« Développement et libération » du
mouvement Amal, « Rencontre démocratique
» du parti socialiste progressiste de
Walid Joumblatt, «Marada» de Sleimane
Frangiyeh, Rencontre consultative,
Tachnak arménien. Ainsi que des députés
indépendants.
Mais le CPL n’est
pas à bout de ses forces. Quand bien
même M. Aoun se résignerait à désigner
M. Hariri, mais il ne renoncerait en
aucun cas à nommer les ministres
chrétiens du gouvernement. M. Bassil
serait bien entendu sa main cachée.
Source :
Médias
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