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Déferlement militaire de l’Otan au
Liban,
sous couverture humanitaire : la
résistance et
le pétrole dans le
collimateur… et le spectre de la Chine
Leila Mazboudi

Lundi 17 août 2020 Sous couvert de
l’aide humanitaire pour le Liban après
la double explosion du port de Beyrouth
qui a tué près de 180 personnes et
blessé plus de 6.000, trois navires de
guerre de pays de l’Otan ont été
dépêchés vers les côtes libanaises.

Le premier qui est
arrivé au port de Beyrouth en ruines est
le navire de guerre britannique de la
flotte royale, le HMS Enterprise.
Le vendredi 14
août, c’est le navire français Tonnerre
qui a accosté, avec à son bord quelque
700 militaires, dont « un
groupement génie de l’armée de terre
d’environ 350 hommes » ainsi « qu’un
détachement de plongeurs démineurs de la
Marine nationale avec des compétences de
travaux sous-marins et d’investigation
de zones portuaires ». Auxquels
s’ajoutent « des capacités de
reconnaissance des accès maritimes et de
soutien hydrographie du Service
hydrographique et océanographique de la
marine (SHOM) », selon le ministère
français des Armées.
Sans oublier les moyens amphibies de
débarquement qui sont à bord, ainsi que
deux hélicoptères militaires.
Après la France,
les Etats-Unis devraient, eux aussi,
envoyer un navire de guerre dans les
jours prochains.
Ce déploiement
massif est d’autant plus suspect qu’il a
été accompagné par des visites en boucle
de responsables occidentaux au Liban
depuis l’explosion du 4 août. La
dernière a été celle de la ministre de
la défense française Florence Parly,
intervenue le jour même de l’arrivée du
porte-hélicoptères français. Le jour
même c’est le vice-secrétaire américain
David Hale qui se trouvait dans la
capitale libanaise.
Dans le port de
Beyrouth, des équipes occidentales
d’investigation se trouvent déjà sur
place, des Français, des Allemands, des
Italiens et des Américains.
Des équipes
militaires pour une aide médicale !
Cette mobilisation
n’est pas sans étonner de nombreux
responsables et observateurs libanais.

C’est le cas d’un
ex-ministre libanais, Hassan Mourad, qui
s’est dit surpris par l’envoi de navires
militaires pour procurer de l’aide
humanitaire au Liban
« Partout dans le monde lorsqu’il y a
des évènements et des catastrophes, les
pays dépêchent des équipes médicales et
de secours, en provenance de leurs
ministères de la Santé, des Travaux
publics ou des Affaires étrangères. Sauf
au Liban. Ces délégations sont formées
de ministres de la défense, d’assistances
à bord de vedettes militaires et de
porte-avions, des armées
internationales, des navires de guerre
et des équipes d’enquête », a-t-il
tweeté.

Assiéger la
résistance
L’expert
stratégique militaire le général à la
retraite Amine Hoteit tente pour sa part
de deviner les raisons de ce
déferlement: « Cet attroupement
militaire au Moyen-Orient est
essentiellement celui des membres de
l’Otan, sous prétexte que sa cause
directe est l’explosion qui a eu lieu
dans le port de Beyrouth et pour fournir
des secours», a-t-il dit pour l’agence
russe Sputnik
Selon lui, cette
présence militaire est liée au plan du
secrétaire d’état américain Mike Pompeo
qui date depuis mars 2019, un plan basé
sur des objectifs bien précis, « celui
en particulier d’assiéger la résistance
et de prendre en main la décision
libanaise ».
Et M. Hoteit de conclure : «
l‘arrivée des navires de guerre
occidentaux, français, britanniques et
américains sur les côtes libanaises, ne
s’inscrit pas dans le contexte de l’aide
humanitaire pour le peuple libanais mais
dans le cadre des pressions sur les
protagonistes libanais hostiles à
l’occident et qui tournent dans l’orbite
de la résistance.
Le pétrole et le
gaz

Selon un expert
autre libanais, cet attroupement
militaire des pays de l’Otan porte en
lui des visées économiques qui ne
sauraient être occultées.
« Nous sommes devant un important marché
économique dans la région dont le titre
est le pétrole et le gaz il y a un
conflit franco-turc et gréco-turc tacite
pour l’hégémonie dans la région, l’Iran
aussi est intéressé », a expliqué Hicham
Jaber le président du centre d’études du
Moyen-Orient
Et de poursuivre :
« Les Américains et les Britanniques s’y
présentent aussi parce que cette région
est le champ d’action des Etats-Unis,
d’autant qu’il y a des divergences
autour du pétrole entre le Liban et
Israël, entre Chypres et la Turquie et
Chypres et la Grèce, et autres… Le sujet
est essentiellement économique, sous
couverture humanitaire »
Le spectre de la
Chine
Dans ce contexte
économique, le spectre de la Chine n’est
pas non plus à exclure dans cet assaut
de l’Otan.

Salem Zahrane
Lors d’une
interview avec la télévision al-Manar,
deux journalistes libanais, Paul
Khalifeh qui est le rédacteur en chef de
la revue libanaise francophone Magazine,
et Salem Zahrane qui est le directeur du
centre d’études médiatiques ont assuré
avoir été contactés par d’innombrables
journalistes et experts occidentaux qui
voulaient s’assurer si le Liban voulait
sérieusement se diriger vers l’Est en
l’occurrence vers la Chine.
Cette proposition
avait été faite en premier par le SG du
Hezbollah sayed Hassan Nasrallah, pour
sortir le Liban de sa crise économique.
Elle a été reprise
par le chef du gouvernement Hassane Diab,
surtout lors de la visite du ministre
des AE français, Jean-Yves Le Drian,
dont les conditions de l’aide étaient
impossibles à exécuter. Et ce, une
semaine avant l’explosion du port et la
venue du président français Emmanuel
Macron en personne.
Ce dernier devrait retourner au Liban le
mois prochain !
Source:
Divers
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