Al-Manar
Une délégation d’Arabie bientôt au
Liban ?
Son camp plus divisé que jamais
Leila Mazboudi

Mardi 16 janvier 2018
Avec l’approche des
élections législatives libanaises
prévues le mois de mai prochain,
l’Arabie saoudite pourrait revenir de
nouveau sur la scène libanaise, par
crainte que le camp 14-mars qu’elle
soutient ne subisse une débâcle. Il est
manifestement plus divisé que jamais… Une source informée
de ce dossier et en lien avec les deux
régimes saoudien et émirati a révélé
pour l’agence russe Sputnik que ces deux
derniers ont pris la décision de
soutenir leurs alliés libanais, à leur
tête les Forces libanaises et leur chef
Samir Geagea.
Interrogé sur le
chef du courant du Futur, Saad Hariri,
dont les relations avec Riyad sont
toujours sous l’effet d’un coup de froid
depuis qu’il a été séquestré en Arabie
saoudite, pour être contraint à la
démission, ce responsable a répondu sous
le couvert de l’anonymat que « durant la
prochaine étape, la prudence et la
précaution seront de mise pour Riyad qui
évalue toujours la position de M. Hariri
et sa relation avec lui ».
« Hariri ne sortira
jamais du giron de l’Arabie saoudite ni
l’Arabie ne renoncera à lui au Liban »,
a cru deviner cette source, selon
Sputnik, car il s’agit selon elle « du
cours des choses, réaliste et logique ».
Selon le journal
libanais Al-Akhbar, citant des sources
arabes diplomatiques, « l’Arabie œuvre
pour serrer les rangs et unifier le camp
du 14-mars sous une seule bannière
électorale ».
Il est aussi
question, rapporte le quotidien libanais
proche du camp du 8-mars, que le royaume
wahhabite va dépêcher une délégation
haut-placée pour rencontrer M. Hariri.
Elle sera présidée par le conseiller de
la Cour royale Nizar al-Aaloula qui va
venir à Beyrouth avant que Hariri ne se
rende à Riyad.
Al-Akhbar assure
que M. Aaloula va remplacer Thamer al-Sabhane,
le ministre des affaires du Golfe, dont
la prestation au Liban avait soulevé un
tollé général, surtout que ses
interventions étaient truffées de
menaces pour les Libanais.
Une nouvelle
escalade n’est pas à écarter si le
nouvel émissaire saoudien viole le
protocole et ignore la visite des deux
chefs de l’Etat et du législatif, comme
l’avait fait son prédécesseur.
C’est justement à
tout cela que Joubrane Bassil le
ministre libanais des AE a du faire
allusion, dans sa tournée électorale
dimanche, en critiquant « l’ingérence
des ambassadeurs dans nos affaires
internes », et affirmant « qu’il est
interdit qu’un ambassadeur puisse faire
gagner un député ».
Selon les milieux
du courant du Futur, les prévisions sur
le retour en scène de l’Arabie saoudite
pour des visées électorales sont
exagérées, comme le fait remarquer son
ministre au poste de l’intérieur Nouhad
al-Machnouk.
N’empêche que dans
les rangs du parti des Hariri, depuis
l’affaire de sa démission forcée, les
divisions intestines sont de plus en
plus affichées, les faucons critiquant
ouvertement M. Hariri.
C’est le cas
surtout de l’ancien chef des Forces de
sécurité intérieure et ministre de la
justice Achraf Rifi.
Pour le journal
saoudien Oukaze, il a accusé le Premier
ministre libanais d’avoir « renoncé à la
cause », sans préciser laquelle, et «
d’être retourné dans la prison du
Hezbollah », depuis qu’il a renoncé à sa
démission.
Sur le plan des
relations externes du courant,
la réconciliation avec les FL tarde à
venir, et les contacts sont toujours au
niveau des échanges de reproches, comme
l’indique le ministre de la culture
Ghattass Khoury, proche du Futur, lequel
n’affiche aucun empressement pour
l’accomplir.
En revanche, il envisage sérieusement de
mener campagne aux côtés du Courant
patriotique libre, le parti du président
libanais Michel Aoun. Une mesure qui
fera éclater en l’air les bases du camp
du 14-mars.
Ce qui explique le
retour de Riyad à Beyrouth.
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