Al Manar
CEDRE 4 : La dette libanaise monte
de 11 milliards de $ … l’arnaque
Leila Mazboudi

Samedi 7 avril 2018
L’immersion du
Liban dans les dettes se poursuit.
Depuis la fin de la guerre civile en
1990, plus de 80 milliards de dettes se
sont accumulés à l’Etat libanais. De
nouveaux milliards de dollars vont s’y
ajouter.
Vendredi a eu lieu
dans la capitale française la rencontre
baptisée CEDRE au cours de laquelle des
prêts, bien plus que des dons, ont été
consentis au Liban par une cinquantaine
d’acteurs régionaux et internationaux.
A en croire le
président français Emmanuel Macron, leur
montant s’élèverait à 11 milliards
d’Euros: 550 millions de la part de la
France, quatre milliards sur 5 ans de la
Banque Mondiale, un milliard de l’Arabie
saoudite, 1 milliard, 800 millions de la
BEI et 1,1 milliard de la BERD sur 6
ans, entre autres.
Loin des propos
pompeux du président français qui a fait
part d’une « mobilisation
exceptionnelle… pour maintenir la
stabilité dont le Liban a besoin », ces
fonds passent indubitablement par des
mesures qui vont durablement léser le
peuple libanais, hormis le fait que le
poids de la dette va s’amplifier, et
avec, celui des intérêts.
Encore des
privatisations… vers l’austérité?
Concernant la part
destinée aux investissements, il faut
s’attendre en échange à une nouvelle
vague de privatisations du secteur
public.
Selon le journal libanais al-Akhbar « le
gouvernement libanais a répertorié les
sociétés publiques les plus rentables
pour les proposer aux investisseurs
locaux et étrangers : dont la production
de l’électricité et sa distribution, les
stations de liquéfaction du gaz et son
stockage, l’administration du secteur de
l’Eau, la gestion des déchets et leur
recyclage, les secteurs de
communication, des voies rapides, et des
transports en commun, sans oublier les
ports, les aéroports et autres… »
Quelque soient les
modes de rétribution qui seront adoptées
par les sociétés qui s’acquièrent ces
sociétés publiques, les privatisations
ont pour effet direct de baisser
drastiquement des rentrées de l’Etat
libanais et de baisser en conséquence
les subventions qu’il accorde à la
population libanaise. Il faudra
s’attendre à ce qu’il tente de pallier
par une hausse des impôts et des taxes
sur les produits de consommation. Sans
oublier la hausse des prix des services
confisqués par les privatisations, en
comparaison à ceux fixés par les
institutions étatiques.
Dans cet état de
cause, ce sont les catégories les plus
défavorisées qui devront payer la
facture.
A prévoir aussi l’adoption d’une
politique d’austérité, comme le dictent
le plus souvent les institutions
internationales comme la Banque mondiale
et le FMI partout dans le monde. Une
mesure qui risque de frapper directement
les effectifs de la fonction publique.
Réfugiés
syriens: les allégations de bonnes
oeuvres
les perspectives
semblent lamentables pour les Libanais
d’autant que l’accord de ces prêts
stipule entre autre que 70% des emplois
qu’ils vont générer doivent être
accordés aux réfugiés syriens.
Curieusement, la
question des réfugiés syriens étaient
fortement présente durant la rencontre
CEDRE. Elle a été le prétexte
avancé pour cette nouvelle générosité en
prêts accordée au Liban.
Saluant la « générosité exceptionnelle
du peuple libanais qui a accueilli plus
d’un million de réfugiés syriens », le
président français a estimé
qu' »il est de notre devoir d’être
pleinement solidaire » du Liban.
Il est vrai que les
puissances occidentales font pression
sur le Liban pour empêcher le retour de
ces réfugiés dans leur pays.
« La poursuite des combats en Syrie rend
impossible le retour rapide des réfugiés
syriens et les offensives du régime de
Bachar el-Assad, comme récemment dans la
Ghouta, ont pour résultat davantage de
personnes déplacées », a argué le
président français.
Ce dernier semble ne pas voir que l’Etat
syrien a déjà sécurisé plus de 60% du
sol syrien.
Le journal
al-Akhbar soupçonne de mauvaises
intentions par derrière ces allégations
de bonnes oeuvres.
Alors que de nombreux observateurs
libanais craignent sérieusement
l’implantation de ces réfugiée au Liban
pour changer sa composition
démographique.
Un prêt de 3
milliards de dollars pas encore utilisé
Interrogé par la
chaine de télévision Al-Manar, le
ministre du Hezbollah Mohamad Fneich a
insisté sur le fait qu’il fallait
réclamer des dons pour le Liban et non
pas des prêts.
Selon lui, ce sont
les pays européens et autres qui disent
vouloir aider le Liban qui sont
responsables des séquelles qui lui ont
été infligées par la crise syrienne,
d’autant que « l’Europe veille à ce que
ces vagues de réfugiés n’arrivent par
chez elle et à les garder là où ils se
trouvent maintenant ».
M. Fneich a dit
aussi craindre que ces fonds ne soient
dilapidés dans la corruption endémique
qui ronge la bureaucratie libanaise, à
l’instar des prêts précédents.
Selon lui, un prêt
de trois milliards de dollars contracté
dans le passé n’a toujours pas été
utilisé, alors que l’Etat libanais se
charge de payer ses intérêts.
De quoi s’interroger sur les réelles
raisons pour lesquelles de nouveaux
emprunts sont contractés, sachant que le
Liban en est à la quatrième conférence
de Paris, sans compter ceux qui ont
précédé.
Noyer le Liban dans
les dettes et leurs intérêts avant que
ne soit extrait son pétrole montre bien
où ses rentrées seront envoyées.
L’arnaque n’est que trop apparente.
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