Al-Manar
Revirement de la France sur la Syrie?
Il faut "taper Daesh" ...et le Nosra
aussi
Leila Mazboudi
Lundi 5 octobre 2015
C’est une relance du journaliste de
l’Europe 1 qui a poussé le ministre
français des AE à revoir sa formule sur
la Syrie, voire à rectifier celle lancée
dernièrement par le président François
Hollande.
Il faut "taper Daesh et les groupes
considérés comme terroristes", a
néanmoins déclaré lundi Laurent Fabius.
"Vous avez raison d'ajouter Al-Nosra",
la branche d’Al-Qaïda en Syrie, a-t-il
ajouté, après une relance du journaliste
qui l'interrogeait.
Fabius a même admis que l'appel lancé
vendredi par le président de était
"formule rapide".
Lors de sa rencontre avec son
homologue russe Vladimir Poutine en
visite en France, ce dernier avait alors
affirmé que les frappes aériennes en
Syrie doivent se concentrer sur la
milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat
islamique).
Serait-ce un simple oubli fortuit de
la part de Fabius, celui de ne pas avoir
évoqué le front al-Nosra, comme
groupuscule terroriste qu’il faut
combattre en Syrie ?
Faut-il concevoir que la position de
Hollande sur l’exclusivité de frapper
Daesh non comme un trou de mémoire?
Difficile à croire.
Cette position qui braque Daesh et
néglige le front al-Nosra, pourtant la
matrice d'où le premier est né n'a rien
de nouveau!
Vendredi, en marge d'un sommet sur
l'Ukraine à Paris, avec la chancelière
allemande Angela Merkel, Hollande avait
affirmé que les bombardements russes
devaient se concentrer sur la milice
Daesh.
Le premier ministre français Manuel
Valls avait lui aussi insisté sur la
nécessité de ne frapper que les cibles
de Daesh : «Il faut frapper les bonnes
cibles, et en l'occurrence Daesh. Si
Daesh est cet ennemi qui s'attaque à nos
sociétés, et c'est vrai évidemment pour
la France, ça peut être vrai aussi pour
la Russie, donc c'est bien Daesh qu'il
faut frapper, c'est ce que fait la
France, et nous invitons chacun à ne pas
se tromper de cibles", a-t-il dit.
Une position similaire avait été
exprimée de la part du Premier ministre
britannique David Cameron, selon lequel
« la Russie ne fait aucune distinction
entre le groupe Etat islamique et les
groupes syriens d'opposition légitimes
», une formule qui omet le front al-Nosra,
comme s’il faisait partie de ces
derniers.
Plus encore, sur le terrain, rares sont
les frappes de la Coalition
internationale dirigée par les
Etats-Unis qui ont visé ses positions en
Syrie. Quoiqu’il soit inscrit sur la
liste américaine des organisations
terroristes. Jamais la milice d'al-Qaïda
en Syrie n'a été inquiétée par cette
Coalition internationale .
Les positions occidentales évitent
aussi de critiquer les multiples
groupuscules syriens qui font front
commun avec le Nosra, dont les Ahrar
al-Cham en particulier, Jaïch al-Islam
qui est financé par l’Arabie saoudite.
Les avancées qu’il a réalisées au cours
de cette année dans la province d’Idleb,
ont été applaudies par les occidentaux,
comme étant celles de l'opposition
syrienne.
Lors de l'entrée en scène du Nosra en
Syrie, à partir de 2012, elle était
perçue comme étant un coup de main à
l'Armée syrienne libre qui était en
perte de vistesse face à l'armée
régulière. Fabius avait lui-même déclaré
qu'il faisait du bon travail.
En mettant l’accent sur l’exclusivité
de frapper Daesh en Syrie et en faisant
abstraction des origines qaïdistes du
front al-Nosra, rien de plus sûr que les
positions occidentales couvrent cette
milice. Tout en permettant une meilleure
manipulation. L’adoption de nouvelle
appellation, comme celui de Jaïch al-Fateh,
ou Armée dela conquête au nord fait
partie de cette tactique sournoise.
Récemment, la levée de boucliers des
dirigeants occidentaux qui se veulent
dicter aux Russes les cibles de leurs
frappes en Syrie versent dans la même
manœuvre. Tous crient en accusant les
Russes de bombarder des forces syriennes
modérées, sans jamais préciser
lesquelles. Or, les frappes russes
visent en plus des positions de Daesh,
celles du Nosra.
Le fait d’avoir omis le front al-Nosra
dans les frappes contre les groupes
terroristes en Syrie n’a rien d’une
erreur innocente de la part de Fabius,
ni de Hollande non plus.
Elle fait partie d’une stratégie bien
calculée par les dirigeants occidentaux
qui ne veulent pas que ce dernier
soit visé.
Elle sert aussi de camouflage lequel
ne trompe que l’opinion publique
occidentale. Il faut dire que dans le
cas syrien, la manipulation des
dirigeants occidentaux a fonctionné
à plein régime. Les relances des
journalistes se devraient être plus
fréquents!
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