Le Saker
Le Coronavirus se répand dans le monde
car les gouvernements réagissent trop
lentement
Moon of Alabama

Samedi 29 février 2020 Par
Moon of Alabama − Le 27 février 2020
Après une
hésitante première réponse, la Chine a
fait de son mieux pour limiter la
propagation du virus nCov-19 et de la
maladie Covid-19 que le virus provoque.
La quarantaine extrême, qui a débuté à
la mi-janvier, a eu un coût économique
élevé, mais a permis au reste du monde
de se préparer à l’inévitable
apparition du virus dans d’autres pays.
Malheureusement, de
nombreux gouvernements n’ont pas utilisé
ce délai qui leur était accordé et ont
bâclé leurs réponses. Le nombre de
nouveaux cas confirmés par jour en
dehors de la Chine est désormais
supérieur au nouveau nombre de cas
quotidiens en Chine même. La Corée du
Sud à elle seule a signalé 334 nouveaux
cas confirmés aujourd’hui, alors que la
Chine, beaucoup plus grande, n’en a
signalé que 433.

La Chine a montré
qu’il était possible de combattre et
d’arrêter l’épidémie avec succès.
Malheureusement, d’autres pays ne sont
pas prêts à suivre son exemple. Il
est donc probable que l’épidémie
chinoise
devienne une pandémie et se répande
librement dans le monde entier.
La Corée du Sud, le
Japon, l’Iran, l’Italie et les
États-Unis sont désormais les pays qui
seront fortement impactés. Une troisième
vague de pays suivra, avec le Brésil, le
Pakistan, la Macédoine du Nord, la
Grèce, la Géorgie, l’Algérie, la Norvège
et la Roumanie, qui ont tous connu leurs
premiers cas au cours des dernières 24
heures.
La propagation en
Corée du Sud est due à un culte
religieux qui exige la participation
obligatoire à
des messes surpeuplées. C’est la
secte Patient 31 et le
contact qu’elle a eu avec 1 160 autres
personnes qui ont conduit à cette
propagation :
On ne sait pas
exactement où la personne de la secte
Patient 31 a été infectée par le
virus, mais dans les jours qui ont
précédé son diagnostic, elle s'est
rendue dans des endroits très fréquentés
à Daegu, ainsi que dans la capitale,
Séoul. Le 6 février, elle a eu un petit
accident de la route à Daegu et s'est
rendue dans un hôpital de médecine
orientale. Pendant son séjour dans cet
hôpital, elle a assisté à des messes
dans l'église Shincheonji de Jésus, à
Daegu le 9 février et le 16 février.Entre ces visites,
le 15 février, les médecins de l'hôpital
ont déclaré qu'ils avaient d'abord
suggéré qu'elle soit testée pour le
coronavirus, car elle avait une forte
fièvre. Au lieu de cela, la femme est
allée déjeuner avec un ami dans un
hôtel. Dans une interview accordée au
journal local JoongAng Ilbo, la
femme a nié que les médecins lui aient
conseillé de se faire tester. Cependant,
comme ses symptômes se sont aggravés,
les médecins disent qu'ils lui ont
conseillé une fois de plus de se faire
tester. Le 17 février, elle s'est
finalement rendue dans un autre hôpital
pour faire le test. Le lendemain, les
autorités sanitaires ont annoncé qu'elle
était le 31e cas confirmé
dans le pays. En quelques jours
seulement, ces chiffres ont grimpé en
flèche, des centaines de personnes de
l'église de Shincheonji et des environs
ayant été testées positives.
La mise en
quarantaine de tout un navire
de croisière au Japon et
l’incompétente réponse bureaucratique
qui a été donnée ont rendu inévitable
une nouvelle
propagation dans ce pays :
Samedi, le ministre
de la santé a admis que, dans la
semaine, 23 passagers avaient été
libérés du navire sans avoir subi de
test récent et avaient voyagé en
transport public après avoir débarqué.Maintenant que la
quarantaine a pris fin et que la plupart
des passagers sont partis, on craint
qu'ils ne commencent à propager le virus
à terre.
Le Japon compte
désormais 200 cas et son gouvernement a
décidé de
fermer toutes les écoles pendant
tout le mois de mars.
En Iran, l’épidémie
est venue de Chine avec des personnes
qui sont allées à Qom pour suivre une
formation religieuse. Ce centre
spirituel iranien compte de nombreuses
écoles religieuses et universités et de
nombreux pèlerins visitent les
sanctuaires de la ville. Ils ont
contribué à la propagation du virus.
L’Iran compte aujourd’hui un total de
254
cas confirmés, dont deux
parlementaires, un vice-président et un
ministre adjoint.
Le gouvernement
iranien a d’abord reproché aux émissions
étrangères en langue farsi d’avoir créé
une panique. Ce n’était pas sans raison
si l’on considère les
reportages racistes comme ceux du
New York Times : « Recette pour
une épidémie massive : L’Iran apparaît
comme une menace mondiale ».
Gulfnews a même
accusé l’Iran de tous les cas de
Covid-19 au Moyen-Orient, alors que les
premiers cas dans les Émirats
provenaient de contacts avec des
touristes chinois.
Hier encore, l’Iran
refusait de fermer ses sanctuaires et
d’interdire les services religieux.
Aujourd’hui, le gouvernement a annulé
les prières de demain vendredi.
L’Italie
compte quelque 400 cas dont 190 sont
confirmés. 55 000 habitants ont été mis
sous séquestre en Lombardie et en
Vénétie.
Les pays
susmentionnés ont maintenant compris la
gravité du problème. Par contre,
l’administration Trump semble être loin
derrière.
Il est probable que
les États-Unis ont déjà un nombre
important de cas, mais le manque de
capacité à tester le virus rend
impossible toute estimation réaliste.
Des scientifiques chinois ont publié la
séquence du génome du virus, le 12
janvier, et sur cette base ont, en
quelques jours, mis au point des kits de
test. Le Centre américain de contrôle
et de prévention des maladies [CDC]
a également mis au point un kit de test
mais a rencontré des problèmes avec sa
première version et sa distribution.
Plus d’un mois plus tard, il n’est
toujours pas
prêt à répondre aux besoins
prévisibles :
Le Centre de
contrôle et de prévention des
maladies n'est pas encore prêt à
détecter si le coronavirus se propage
dans le pays.Seuls 12 sur plus
de 100 laboratoires de santé publique
aux États-Unis sont actuellement en
mesure de diagnostiquer le coronavirus
en raison de problèmes avec le test
développé par le CDC [Center for
Disease Control], ce qui pourrait
ralentir la réaction nécessaire si le
virus commence à s'installer ici. Le
test défectueux a également retardé un
plan visant à soumettre à un large
dépistage les personnes présentant des
symptômes de maladie respiratoire et
dont le test de dépistage de la grippe
s'est révélé négatif, afin de détecter
si le coronavirus se propage de manière
furtive. ...
Seuls six États -
la Californie, le Nebraska, l'Illinois,
le Nevada, le Tennessee et l'Idaho -
effectuent actuellement des tests de
dépistage du virus, a déclaré
l'Association des laboratoires de santé
publique Politico. ...
Selon les règles
actuelles, chaque test positif doit être
confirmé par une deuxième série de tests
effectués au CDC. Le directeur Robert
Redfield a déclaré aux législateurs que
l'agence peut désormais tester 350 à 500
échantillons par jour. ...
"Je comprends
très bien que la FDA [Food and Drug
Administration] se concentre sur le
contrôle de la qualité, mais il est
également nécessaire d'avoir un système
qui puisse répondre à leurs besoins",
a déclaré Marc Lipsitch, professeur
d'épidémiologie à l'école de santé
publique T.H. Chan de Harvard. "La
Chine a testé 320 000 personnes à
Guangdong sur une période de trois
semaines. C'est l'échelle à laquelle
nous devons réfléchir".
Un cas survenu
à Los Angeles montre où cela mène :
Il a fallu
plusieurs jours pour tester un patient
atteint de coronavirus en Californie du
Nord, patient qui pourrait être le
premier à avoir contracté la maladie par
exposition dans une communauté aux
États-Unis.L'individu est un
résident du comté de Solano et reçoit
des soins médicaux dans le comté de
Sacramento, selon le département de la
santé publique de l'État.
Les responsables de
l'UC Davis ont déclaré que le
patient est arrivé au centre médical de
l'UC Davis en provenance d'un
autre hôpital le 19 février. Mais le
patient n'a pas été testé avant le 23
février.
Les résultats du
test n’ont été connus que trois jours
plus tard.
Dans le cadre du
système médical américain, les tests
seront coûteux pour les patients. Les
assurances pourraient ne pas les prendre
en charge. De nombreuses personnes ne
pourront ou ne voudront pas y consacrer
de l’argent. Les soins pour les cas
graves seront également limités par les
prix élevés. Cela garantit que le virus
se répandra davantage. La Chine a été
assez intelligente pour garantir une
couverture à 100 % par l’État pour les
tests et tous les soins nécessaires. Les
États-Unis devraient suivre ce principe,
mais il est peu probable qu’ils le
fassent.
Trump a annoncé que
le vice-président, Pence, un homme qui
ne croit pas en la science, dirigera la
réaction au virus. L’approche libertaire
et néo-libérale du problème favorisera
la croissance de l’épidémie. Les mesures
nécessaires ne seront prises qu’une fois
que l’épidémie sera vraiment grave.
Ce tableau
est très utile pour évaluer l’impact
global de la pandémie :

*Taux de décès =
(nombre de décès / nombre de cas) =
probabilité de décès en cas d’infection
par le virus (%). Cette probabilité
diffère selon le groupe d’âge. Le
pourcentage indiqué ne représente en
aucun cas la part des décès par groupe
d’âge. Il représente plutôt, pour
une personne dans un groupe d’âge donné,
le risque de mourir si elle est
infectée par le COVID-19.
Dans une pandémie
sans contrôle, le virus infecterait
entre 40 et 70 % de la population. Le
virus est plus mortel qu’une grippe
normale, mais surtout pour les personnes
âgées présentant des conditions
préalables graves. Les enfants et les
adultes dans leurs années les plus
productives peuvent être porteurs du
virus sans présenter de symptômes et ne
deviendront que rarement des cas
critiques. Cela garantit que nos
sociétés continueront à fonctionner. La
pandémie aura des conséquences
économiques graves car les quarantaines
et la peur limiteront la production et
le commerce à tous les niveaux, mais
sans être catastrophiques.
Les chances de
réélection de Trump s’amenuiseront à
mesure que les cas de Covid-19 se
multiplieront. L’incompétence de son
administration va être mise en lumière.
Les marchés boursiers continueront à
chuter et à effacer les gains
économiques que Trump avait revendiqués.
Les chances de Bernie Sanders de gagner,
s’il survit à la pandémie, augmenteront
car sa principale promesse électorale –
un système de santé pour tous –
deviendra encore plus intéressante
lorsque les problèmes du système de
santé américain actuel seront soumis à
un nouvel examen public.
Il n’y a que peu de
mesures personnelles que l’on puisse
prendre pour se protéger contre
l’exposition à la pandémie. Il convient
d’éviter les contacts physiques dans la
mesure du possible. Le port d’un masque,
à moins qu’il ne s’agisse d’un appareil
respiratoire spécial N-95 qui rend
également la respiration difficile,
n’empêche pas d’attraper le virus. Mais
les personnes infectées doivent utiliser
des masques pour protéger les personnes
avec lesquelles elles peuvent entrer en
contact contre les infections par
gouttelettes. La constitution de
réserves de denrées alimentaires de base
et autres nécessités pourrait aider à
éviter d’éventuelles pénuries.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Hervé pour le Saker Francophone
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