Le Saker
Que signifie l’agonie de l’Empire
pour «l’État juif d’Israël» ?
The Saker

Mardi 26 mai 2020 Par The Saker − Le
12 mai 2020 − Source
Unz Review via
The Saker
Commençons par
quelques nouvelles récentes apparemment
sans rapport.
La dernière
catastrophe de relations publiques
américaines au Venezuela montre que
l’Empire anglo-sioniste est vraiment
agonisant. Bien que ce ne soit pas la
première fois qu’une «opération
spéciale» des États-Unis se termine
par un échec embarrassant, même selon
les normes américaines, cette dernière
catastrophe au Venezuela est
douloureusement humiliante. Encore plus
humiliants sont les
rapports selon lesquels des
opérateurs spéciaux russes ont aidé les
Vénézuéliens à capturer les Américains.
Puis tombe la
nouvelle que l’avion F35,
techno-merveille de 5e
génération, fleuron du Complexe
militaro-industriel (CMI) américain,
ne pouvait même pas voler à une vitesse
supersonique soutenue. Juste pour
rappel, normalement le concept de «5e
génération» n’implique pas seulement
la capacité de voler plus vite que la
vitesse du son, cela implique également
la possibilité de le faire pendant une
longue période, et sans utiliser la
postcombustion, dans le mode dit
« supercruise » !
Enfin, des
simulations répétées d’une guerre entre
les États-Unis d’une part, et la Chine
ou la Russie d’autre part, réalisées par
la RAND Corporation ont
conclu que les États-Unis, à
plusieurs reprises, « l’ont eu dans
le cul » et gravement.
Ces informations
apparemment sans rapport ont toutes une
chose en commun : elles illustrent la
faiblesse et l’inefficacité des forces
armées américaines, conséquences du
déclin des deux dernières décennies. Et
même si, par souci de concision, je n’ai
choisi que trois exemples, la vérité est
qu’il y a des centaines de récits
similaires sur Internet, tous pointant
vers la même réalité : la plupart des
moyens militaires américains sont dans
un état de délabrement terminal.
Voyons les
différents départements un par un :
- L’ensemble de
la flotte de surface de l’US Navy
est désormais compromis en raison de
sa structure centrée sur les
porte-avions. Elle manque également
de missiles de croisière modernes.
Des classes entières de navires de
surface sont désormais obsolètes –
frégates – ou présentent des
défaillances de conception majeures,
comme le
programme Littoral Combat
Ship (LCS), un fiasco technique
et financier.
- L‘US Air
Force fait voler principalement
des avions de la guerre froide,
souvent modernisés, mais dans
l’ensemble il s’agit d’une flotte
obsolète, surtout par rapport aux
avions russes ou chinois de
génération 4++ et 5. En fait, le
désastre absolu du programme des
F-35 signifie que pour la première
fois de son histoire, l’avion
américain sera surpassé
qualitativement par ses adversaires
probables. Même les AWACS américains
et d’autres avions de reconnaissance
sont désormais menacés par des
missiles antiaériens à très longue
portée russes et chinois, lancés du
sol et de l’air.
- Quant à l‘US
Army et au Marine Corps,
les désastres embarrassants en Irak,
en Afghanistan et ailleurs prouvent
que les forces terrestres
américaines ne sont fondamentalement
capables que de se protéger
elles-mêmes, et encore pas très
bien.
- Ensuite, il y
a les Space Forces,
des forces spatiales récemment
créées qui n’existent que sur le
papier et l’US Coast Guard
qui est fondamentalement hors sujet
dans une guerre majeure.
Enfin, il y a le
US Special Operations Command, qui
n’est pas l’une des branches des
services, mais seulement un commandement
«fonctionnel» et «unifié»,
mais qui est souvent considéré comme une
branche distincte des forces armées. Ces
forces ont toujours fière allure dans
les discours de propagande, mais la
vérité est que ces forces supposément
«les meilleures de la galaxie» –
quoi d’autre ?! – n’ont pas encore connu
leur premier succès opérationnel réel et
significatif où que ce soit – ne
serait-ce que pour compenser au moins
leur longue histoire de minables
fiascos,
Desert One, la Grenade,
l’Afghanistan, la Libye, etc. Et un
échange de tirs mineur avec un
adversaire bien inférieur ne suffit pas
pour la qualification.
Permettez-moi
maintenant de poser la question
cruciale : qu’est-ce que cela signifie
pour Israël ?
Eh bien, tout
d’abord, cela signifie que les
«malheureux» Israéliens sont
désormais condamnés à voler avec le F-35
comme vaisseau amiral. Dans la plupart
des cas, je ferais confiance aux
Israéliens pour modifier et mettre à
niveau leurs F-35 afin de se débarrasser
au moins des pires «fonctionnalités»,
mais dans le cas du F-35, cela n’est
même pas théoriquement possible en
raison de profonds défauts de
conception. Pour ceux qui ont besoin
d’un rappel «officiel» de la
réalité catastrophique du programme
F-35, veuillez lire ce
rapport du gouvernement américain
qui détecte 276 lacunes «critiques».
Tôt ou tard, les
F-35 israéliens se trouveront face à
face avec la version d’exportation du
Su-35, le Mig-29M / MiG-35, beaucoup
moins cher et très performant, ou même
avec un Su-57 russe, ils verront qu’ils
sont définitivement dépassés, même si le
résultat d’un combat air-air ne peut se
réduire à la comparaison des appareils,
il faut une image complète et beaucoup
plus complexe pour modéliser les issues
possibles. Actuellement, le Su-35 n’a
été exporté qu’en Chine, mais les futurs
clients potentiels pourraient inclure
l’Égypte, l’Algérie et la Turquie. Quant
au MiG-29M / MiG-35, des pays comme
l’Égypte et la Syrie ont manifesté leur
intérêt.
En parlant de la
Syrie, jusqu’à présent, nous avons vu
plusieurs cas d’avions israéliens
interceptés et contraints de se retirer
face à des Su-35S russes, et jamais un
seul cas du contraire. Il semble y avoir
au
moins un cas, bien que non confirmé
officiellement – pour l’instant ? – d’un
Su-35S repoussant un F-22 de l’USAF.
Lorsque le Su-35 et le F-22 sont
suffisamment proches, ce dernier a très
peu d’espoir de s’en sortir.
Pouvez-vous deviner
ce que les Israéliens vont, en plus,
finir par rencontrer dans le ciel du
Moyen-Orient ? Peut-être une variante
d’exportation du MiG-31 ou même des
MiG-31BM russes, avec leurs
missiles air-air R-37 de 400 km de
portée. En fait, la portée, la vitesse,
le radar et les armes de cet avion
permettraient à la Russie de maintenir
des patrouilles aériennes de combat
surveillant, par exemple, la Syrie, tout
en opérant depuis le sud de la Russie.
Je m’attarde sur
ces avions parce que, dans le passé, les
États-Unis, tout comme les Israéliens,
ont toujours compté sur la combinaison
des facteurs suivants pour prévaloir :
- Une attaque
surprise, plus ou moins justifiée
par un faux drapeau ou par
préemption ;
- La destruction
d’avions ennemis lorsqu’ils sont
encore au sol ;
- La supériorité
aérienne pour protéger les avions à
voilure tournante – hélicoptères –
et les blindés avancés.
Certes, les
Israéliens ont encore une grande force
avec les F-16/15/18 modifiés, 14
escadrons, et plus de 300 avions, mais
tout comme leurs homologues américains,
ils deviennent rapidement obsolètes.
Contrairement à l’armée de l’air
israélienne démodée, les voisins
d’Israël acquièrent des systèmes de
défense aérienne de plus en plus
avancés, ainsi que des systèmes de
guerre électronique évolués. En d’autres
termes, c’est une très mauvaise nouvelle
pour Israël de devoir se reposer sur les
F-35 dans un avenir prévisible.
En ce moment, les
Israéliens bombardent régulièrement la
Syrie, mais avec très peu de résultats
autres que des proclamations de
propagande, sans doute thérapeutiques,
de supériorité juive sur les Arabes. Et,
comme on pouvait s’y attendre, les
médias sionistes que regardent les gens
en Israël et en Occident sont très
impressionnés. Les Syriens, les Iraniens
et le Hezbollah, pas tellement…
Tout comme le
complexe militaro-industriel US a mis
tous ses œufs dans le même panier avec
les F-35, les Israéliens ont mis tous
les œufs de leur sécurité nationale dans
la volonté et la capacité éternelles de
l’oncle Shmuel de venir les secourir
avec de l’argent, des armes ou même des
soldats.
La volonté est
toujours là. Mais la capacité disparaît
rapidement !
En outre, deux
autres pays entrent dans une période de
grave instabilité qui affectera
également la sécurité d’Israël : la
Turquie et l’Arabie saoudite.
Dans le cas de la
Turquie, la relation entre les
États-Unis et la Turquie est au plus
bas, et il y a une possibilité très
réelle qu’avec les sanctions et les
menaces américaines, les Turcs puissent
décider d’abandonner le F-35 et se
tourner vers un avion russe, très
probablement une version d’exportation
du Su-35. Bien que ce soit –
politiquement – une mauvaise nouvelle
pour le CMI américain, ce serait une
terrible nouvelle pour les Israéliens
dont les relations avec la Turquie sont
généralement plutôt mauvaises. Jusqu’à
présent, la Turquie est toujours un
membre obéissant de l’OTAN, avec tout ce
que cela implique, mais plus l’Empire
anglo-sioniste s’affaiblit, plus les
chances d’une sorte d’affrontement
politique entre les États-Unis et l’OTAN
d’une part, et la Turquie de l’autre se
précisent.
Quant aux
Saoudiens, ils ont déjà activement
courtisé Moscou parce qu’ils se sont
rendu compte que la Russie avait
largement remplacé les États-Unis en
tant que première puissance régionale.
L’incapacité totale des États-Unis à
fournir une assistance significative aux
Saoudiens au Yémen et l’incapacité des
défenses aériennes américaines à
protéger les champs de pétrole saoudiens
contre les frappes de missiles houthis,
les a convaincus qu’ils doivent
désormais parler directement aux Russes,
et souvent.

source: IISS
Military Balance 2020
Certes, les
États-Unis ont toujours l’apparence
d’une véritable puissance au
Moyen-Orient. Jetez un œil à la carte
ci-dessus venant du dernier
IISS
Military Balance. Il y a encore
beaucoup d’équipement et de personnel
CENTCOM dans la région. Mais essayez de
regarder au-delà de ces graphiques
fantaisistes et demandez-vous : que font
ces forces ? Que font-elles
réellement ?
Je dirais que
l’essentiel de ce qu’elles font est
d’essayer d’impressionner les habitants,
de gagner de l’argent avec toutes sortes
de contrats militaires et, enfin et
surtout, elles essaient de se protéger
[et voler le pétrole syrien, NdT].
Et oui,
«l’empreinte» des États-Unis au
Moyen-Orient est encore grande, mais
c’est aussi ce qui rend les forces
américaines si vulnérables aux attaques.
Les Iraniens, par exemple, ont
clairement indiqué qu’ils considéraient
toutes ces installations et forces comme
des «cibles» qui, à la suite des
attaques de missiles iraniens de haute
précision qui ont suivi le meurtre du
général Suleimani, signifient que l’Iran
a désormais les moyens d’infliger des
dégâts majeurs sur toute force régionale
assez folle pour chercher des noises à
l’Iran.
Bien sûr, chaque
fois que quelqu’un écrit que les
États-Unis ou Israël ne sont pas
invincibles, il y a toujours au moins
une personne qui dit quelque chose comme
«Oui, peut-être, mais ils ont des
armes nucléaires et ils les utiliseront
s’ils sont menacés». Ma réponse est
différente pour le cas des États-Unis et
pour le cas d’Israël.
Dans le cas des
États-Unis, alors que toute première
utilisation d’armes nucléaires
entraînera un suicide politique pour
l’Empire, aucun adversaire des
américains au Moyen-Orient n’a la
capacité de riposter de la même façon
contre les États-Unis.
Dans le cas
d’Israël, cependant, les choses sont
encore plus graves.
Premièrement, nous
devons nous rappeler que, pour des
raisons géographiques évidentes, les
Israéliens ne peuvent pas utiliser
d’armes nucléaires pour attaquer, du
moins pas les forces à proximité de la
frontière israélienne. Pourtant, s’ils
sont sérieusement menacés, les
Israéliens pourraient prétendre qu’un
autre «Holocauste» va se produire
et que la «défense du sang juif»
ne leur laisse pas d’autre choix que
d’utiliser des armes nucléaires sur,
disons, des cibles iraniennes ou
syriennes. Je soutiens que plus les
dégâts infligés par de telles frappes
nucléaires israéliennes seront graves,
plus la détermination des Arabes et/ou
des Iraniens sera forte. C’est le
problème de la dissuasion : une fois
qu’elle a échoué, elle a totalement
échoué et il n’y a généralement pas de
«plan B».
Est-ce à dire
qu’une attaque majeure contre Israël est
inévitable ?
Non, pas du tout.
D’une part, les États-Unis et Israël
peuvent encore infliger d’immenses
dégâts à n’importe quel pays ou
coalition de pays qui les menacerait, et
ils n’ont pas besoin de recourir à
l’arme nucléaire pour y parvenir. Le
fait que ni les États-Unis ni Israël ne
peuvent obtenir quoi que ce soit qui
ressemble à une «victoire»
n’implique nullement que l’attaque des
États-Unis ou d’Israël est facile ou
sûre. Les deux pays ont encore beaucoup
de puissance militaire conventionnelle
pour faire payer un prix énorme à tout
attaquant.
Deuxièmement, c’est
précisément parce que les États-Unis et
Israël ont encore beaucoup de pouvoir
militaire que leurs adversaires
favoriseront un affaiblissement
progressif et lent des anglo-sionistes
plutôt qu’une confrontation ouverte. Par
exemple, s’il est vrai que les
États-Unis n’ont pas eu l’estomac pour
attaquer l’Iran à la suite de la frappe
de missiles de représailles des
iraniens, il est également vrai que les
Iraniens ont soigneusement «calibré»
leur réponse afin de ne pas forcer les
États-Unis à riposter. La vérité est
qu’à l’heure actuelle, aucun des deux
pays ne veut d’une guerre ouverte.
La même chose peut
être dite de la Syrie et du Hezbollah
qui ont fait très attention de ne rien
faire qui forcerait les Israéliens ou
les États-Unis à passer des attaques
symboliques actuelles à de réelles et
significatives frappes aériennes de
missiles.
À l’heure actuelle,
les États-Unis peuvent encore imprimer
suffisamment de dollars pour maintenir
Israël à flot, mais nous savons déjà que
s’il est souvent très tentant de
déverser de l’argent bon marché sur un
problème, cela ne constitue pas une
stratégie durable, en particulier
lorsque les capacités militaires réelles
des États-Unis et des Israéliens se
dégradent rapidement. À l’heure
actuelle, personne ne sait combien de
temps durera le dernier régime
ouvertement raciste de la planète, mais
il est extrêmement improbable que
l’entité sioniste puisse survivre sans
que l’Empire ne la soutienne. En
d’autres termes, tôt ou tard, «l’État
juif d’Israël» n’aura pas plus de
chances de survie que, disons,
«l’État indépendant du Kosovo» ou,
d’ailleurs, «l’Ukraine indépendante» :
ce sont tous des vilaines métastases de
l’Empire, qui, en elles-mêmes, ne sont
tout simplement pas viables.
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Traduit par jj,
relu par Marcel pour le Saker
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