Le Saker
Le résultat des élections étasuniennes
n’aura aucun impact sur la politique
étrangère de ce pays
Moon of Alabama

Samedi 10 octobre 2020 Par
Moon of Alabama – Le 8 octobre 2020
John Kiriakou,
qui a dénoncé la torture pratiquée par
la CIA sous le régime de Bush, met en
garde contre la politique étrangère que
l’administration de Joe Biden
mènerait :
Littéralement,
la dernière chose que je ferais serait
d'exhorter quiconque à voter pour Donald
Trump. Le président a été un désastre
dans tous les sens du terme, en
politique étrangère comme en politique
intérieure. Le pays ne peut pas
supporter quatre années supplémentaires
de présidence Trump. Mais Biden n'est
pas la panacée. C'est un remplaçant de
centre-droit. [..]Si vous pensez
que les choses vont changer en politique
étrangère sous la présidence de Biden,
détrompez-vous. Ce sera la même vieille
politique expansionniste et militariste
que nous avions sous Bill Clinton et
Barack Obama. Alors rentrez dans
l'isoloir avec les yeux ouverts.
À mon avis, Biden
est plus à droite qu’au centre. Même son
slogan de campagne est partagé avec les
conservateurs britanniques.

Une administration
Biden amplifierait les politiques
hostiles envers la Russie et à la Chine
et continuerait à faire pression pour un
changement de régime au Venezuela, en
Syrie, en Iran et au Belarus. Et ce,
alors même que l’organe de l’orthodoxie
de la politique étrangère américaine, le
magazine Foreign Affairs, affirme que
les changements de régime induits par
les États-Unis
n’atteignent jamais leurs objectifs
:
L'affirmation
répétée de la secrétaire d'État
américaine, Condoleezza Rice, à l'époque
de la guerre en Irak, selon laquelle la
poursuite par Washington de la
"stabilité aux dépens de la démocratie"
au Moyen-Orient n'avait produit aucun
des deux était globalement vraie. Mais
il s'est avéré qu'elle avait un
corollaire, à savoir que la poursuite de
la démocratie aux dépens de la stabilité
pouvait également ne produire ni l'un ni
l'autre, mais que cela coûtait plus
cher. ...
Les changements de
régime tenteront toujours Washington.
[...] La longue, diverse et tragique
histoire des changements de régime
soutenus par les États-Unis au
Moyen-Orient suggère cependant qu'il
faut résister à de telles tentations,
comme à la plupart des solutions rapides
qui surgissent dans la vie et en
politique. La prochaine fois que les
dirigeants américains proposeront
d'intervenir dans la région pour
renverser un régime hostile, on peut
supposer sans risque qu'une telle
entreprise aura moins de chance de
réussite, sera plus coûteuse et plus
lourde en conséquences involontaires que
ses partisans ne le réalisent ou ne
veuillent bien l'admettre. Jusqu'à
présent il n’en a jamais été autrement.
De présidence en
présidence, la politique étrangère
américaine ne change jamais. Dans une
récente interview, le président syrien
Bachar al-Assad
expliquait pourquoi il en est ainsi
:
Question 9 :
Vous suivez sans aucun doute la campagne
présidentielle aux États-Unis.
Espérez-vous que le nouveau président
américain, quel que soit le nom du
vainqueur, révisera sa politique de
sanctions à l'égard de la Syrie ?Président Assad
: Nous ne nous attendons généralement
pas à des présidents lors des élections
américaines, nous nous attendons à des
PDG ; parce que vous avez un conseil
d'administration, ce conseil est composé
de lobbies et de grandes entreprises
comme les banques, les fabricants
d’armes et les producteurs de pétrole,
etc. Donc, vous avez un PDG, et ce PDG
n'a pas le droit ni l'autorité de faire
des changements ; il doit juste
exécuter. C'est ce qui est arrivé à
Trump lorsqu'il est devenu président
après les élections -
Journaliste
: Il a été PDG pendant de nombreuses
années auparavant.
Président Assad
: Exactement ! Il reste un PDG de toute
façon. Il voulait suivre ou poursuivre
sa propre politique, et il était sur le
point d'en payer le prix - vous vous
souvenez du problème de sa mise en
accusation. Il a dû ravaler chaque
promesse faite avant les élections.
C'est pourquoi je dis qu’il ne faut pas
s’attendre à un président, mais
seulement à un PDG. Si vous voulez
parler de changer la politique, vous
avez un conseil d'administration - ce
conseil ne changera pas sa politique. Le
PDG changera, mais le conseil
d'administration reste le même, alors
n'attendez rien.
Question 10
: Qui est ce conseil d'administration ?
Qui sont ces personnes ?
Président Assad
: Comme je l'ai dit, ce conseil est
composé des lobbies, donc ils mettent en
œuvre ce qu'ils veulent, et ils
contrôlent le Congrès et les autres, et
les médias, etc. Aux États-Unis, Il y a
donc une alliance entre ces différentes
sociétés qui ne pensent qu’à leurs
intérêts particuliers.
Caitlin Johnstone
serait probablement d’accord avec ce
point de vue. Elle affirme que les deux
camps politiques aux États-Unis ne
diffèrent guère :
Lorsque vous
regardez la politique américaine, il
semble qu'il y ait deux factions
politiques principales qui sont en très
fort désaccord l'une avec l'autre.
"Divisé" est un mot qui revient souvent.
"Polarisé" en est un autre. ...Mais au delà des
insultes et des débats passionnés, ces
deux factions sont en fait furieusement
en accord l'une avec l'autre. Elles sont
d'accord tout le temps.
Elles sont d'accord
pour que le gouvernement américain reste
le centre d'un empire mondial ; elles se
contentent d'ergoter avec colère sur
quelques détails concernant la manière
dont cet empire devrait être dirigé
[...]. ...
Sur toutes les
questions qui affectent le plus
gravement les personnes réelles à grande
échelle, ces deux factions politiques
sont en accord total. Elles ne font que
déverser beaucoup de bruit et de fureur
sur le minuscule 1% du spectre sur
lequel elles sont en désaccord.
Ils ne permettent
aucune discussion générale sur la
question de savoir si l'empire
oligarchique doit continuer à exister ;
toutes leurs questions, arguments et
histoires tournent autour de la façon
dont il devrait exister.
C'est ce qu'ils
sont conçus pour faire. ...
La politique
n'est pas réelle en Amérique. C'est un
spectacle. Un spectacle de marionnettes
à deux mains pour distraire le public
pendant que des pickpockets le volent
totalement.
Si vous voulez voir
les choses clairement, ignorez
complètement le faux drame du spectacle
de marionnettes et concentrez-vous sur
l'avancement du vrai débat : que
l'empire oligarchique centralisé aux
États-Unis est corrompu au-delà de toute
rédemption et devrait être complètement
démantelé.
Comment ne pas être
d’accord avec ces points de vue ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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