Le Saker
Il était grand temps que Glenn Greenwald
démissionne de The Intercept
Moon of Alabama

Dimanche 1er novembre 2020
Par
Moon of Alabama – Le 30 octobre 2020
Hier, Glenn
Greenwald a démissionné du site
d’information The Intercept.
Les éditeurs de
ce site, dont Greenwald était un
cofondateur, ont tenté de censurer un
article récent qu’il avait écrit sur la
corruption de Joe Biden et sur l’effort
concerté des médias pour supprimer cette
histoire. Le contrat de Greenwald avec
The Intercept lui garantissait
l’indépendance éditoriale. Avec sa
volonté de censure, The Intercept a
rompu ce contrat.
Les éditeurs de The
Intercept ont répondu à Greenwald par un
article diffamatoire qui ne réfute aucun
des arguments qu’il a présenté :
Nous avons le plus
grand respect pour le journaliste Glenn
Greenwald et nous restons fiers de la
plupart des travaux que nous avons
réalisés avec lui au cours des six
dernières années. C'est Glenn qui s'est
éloigné de ses racines journalistiques
d'origine, et non The Intercept.
Aheem. Non. Je lis
Glenn Greenwald depuis ses débuts, il y
a quinze ans, sur son ancien blog
Unclaimed Territory. Il a ensuite
écrit pour Salon et The Guardian. Chaque
article de Greenwald que j’ai lu valait
le temps passé à le lire. L’écriture de
Greenwald n’a pas du tout changé. C’est
The Intercept qui, peu après son
lancement, s’est éloigné de ce qu’il
avait promis d’être et a fini par
devenir un « #MeToo » inutile dans le
paysage médiatique libéral.
D’autres personnes
ont commenté cette démission :
-
Matt Taibbi a écrit au sujet de la
décision de Greenwald sur son blog,
substack.
-
Yves Smith, de Naked Capitalism, a
également une
opinion réfléchie.
-
Michael Tracey ajoute ses réflexions
dans
cette vidéo.
Ma première
réaction à la démission de Greenwald a
été une question :
Moon of Alabama@MoonofA
- 18:19 UTC – 29 Oct 29 2020
Pourquoi a-t-il mis
autant de temps ?Matt Taibbi @mtaibbi
https://greenwald.substack.com/p/my-resignation-from-the-intercept
La réponse est,
comme Greenwald le mentionne lui-même,
la sécurité financière que le contrat
avec The Intercept a procuré à Glenn et
à sa famille. Mais cela a eu un coût
sérieux en termes de réputation qui ne
valait plus la peine d’être supporté.
Il est clair
depuis longtemps que The Intercept
n’a pas été le magazine de contre
information qu’il avait promis d’être
lors de sa fondation. J’ai écrit
plusieurs articles à ce sujet.
Notre article le
plus marquant sur The Intercept le
décrit comme faisant partie d’une
opération du gouvernement américain qui
a utilisé les milliardaires de la
Silicon Valley pour acheter le
Washington Post et créer The Intercept
dans l’intention de retirer les
documents Snowden de la vue du public.
Les mêmes journaux ont ensuite créé le
Russiagate :
« De Snowden au Russiagate. La CIA et
les médias » a été publié le 26
décembre 2017.
Snowden avait entre
20 000 et 58 000 copies de dossiers
de la NSA. Seuls 1 182 ont
été publiés. Bezos et Omidyar ont
manifestement aidé la NSA à tenir à
l'écart du public plus de 95% des
archives de Snowden. Les documents
Snowden ont été pratiquement privatisés
et confiés à des milliardaires de la
Silicon Valley ayant des liens avec les
différents services secrets et
l'administration Obama.La motivation des
Bezos et autres Omidyar pour agir ainsi
n'est pas évidente.
On estime que Bezos possède la somme
indécente de 90 milliards de dollars.
L'achat du Washington Post a été une
monnaie d'échange pour lui. Omidyar vaut
environ 9,3 milliards de dollars. Mais
l'utilisation de milliardaires pour
masquer ce qui est en réalité des
opérations de renseignement n'est pas
nouvelle. La Fondation Ford a été
pendant des décennies une
façade de la CIA, la fondation Open
Society de George Soros est l'un des
principaux opérateurs des "changements
de régime", bien expérimentée dans le
déclenchement des "révolutions de
couleur".
Il aurait été
raisonnable que la coopération entre ces
milliardaires et les agences de
renseignement cesse après que les fuites
de la NSA ont été révélées. Mais il
semble que l’étroite coopération des
Bezos et autres Omidyar avec la CIA et
d'autres agences se poursuive.
Après la saga
Snowden, Glenn Greenwald a surtout écrit
pour The Intercept Brazil à propos de la
corruption de Jair Bolosonaro. Il a
dévoilé les efforts des fascistes pour
mettre l’ancien président Lula en
prison. Comme il vit au Brésil, les
reportages de Greenwald ont été réalisés
en prenant de grands risques personnels.
Comme il va à
nouveau travailler en free-lance, on
peut s’attendre à ce qu’il se concentre
à nouveau sur la politique américaine.
Il s’ajoutera aux reportages crédibles
de Taibbi, Yves Smith, Tracey et
d’autres journalistes indépendants. Il
est grand temps de le faire, car les
médias américains de gauche sont devenus
incapables de publier des informations
fidèles sur leur candidat préféré.
Dans son article
censuré, Greenwald souligne que les
médias américains et les médias sociaux
suppriment toute mention du comportement
corrompu de la famille Biden en Ukraine
et en Chine. Il se réjouit de pouvoir
contribuer à
démystifier les mensonges des médias
dans ces affaires :
L'affirmation selon
laquelle Shokin n'enquêtait pas sur
Burisma et son propriétaire est
manifestement fausse. Comme nous
l'avons
souligné à
plusieurs
reprises, Shokin, le procureur, a
confisqué quatre grandes maisons et une
voiture de luxe au propriétaire de
Burisma, Mykola Zlochevsky, juste dix
jours avant que Joe Biden ne commence à
faire pression pour le faire licencier.
Glenn Greenwald est
un auteur réputé. Il pourra rassembler
suffisamment de lecteurs pour soutenir
ses articles, à nouveau indépendants.
Mais l’indépendance a un prix. Outre
l’aspect financier, il y a de nombreux
avantages à écrire pour un grand média.
En tant que blogueur indépendant et
solitaire, ces avantages nous manque
parfois.
Mais le parcours
professionnel de Greenwald ne fait que
renforcer ma détermination à poursuivre
Moon of Alabama en tant qu’entité
indépendante. C’est la seule façon de
faire des reportages et d’émettre des
opinions sans l’interférence d’autres
intérêts. Mes remerciements vont à vous,
les lecteurs, qui rendez cela possible.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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