Le Saker
Syrie – Un bombardement meurtrier pour
avertir
la Turquie de mettre fin à ses
escapades
Moon of Alabama

Dimanche 1er mars 2020 Par
Moon of Alabama − Le 28 février 2020
Les trois
derniers jours de la campagne Idleb ont
été assez mouvementés.
Les djihadistes
soutenus par la Turquie ont mis
toute leur force pour reprendre Saraqib, le
lieu où se rejoignent les autoroutes M4
et M5. Cela a permis à l’armée syrienne
de prendre une quarantaine de villes sur
le front sud. Toute la plaine de Ghab
est désormais libérée et la ligne de
front a été massivement raccourcie.
Gouvernorat d’Idleb
25 fév 2020

Gouvernorat d’Idleb
28 fév 2020

Saraqib est
retombée aux mains des djihadistes, mais
ils ont payé le prix fort alors que les
forces aériennes syriennes et russes
continuaient de bombarder intensivement
les approches de la ville. Une nouvelle
ligne défensive a été établie autour de
Saraqib et l’armée syrienne se prépare à
la récupérer.
Prendre la grande
surface du sud en terrain difficile, et
contre peu de résistance, était plus
important que la perte temporaire de
Saraqib.
Hier a vu une
escalade extraordinaire alors que
l’armée de l’air russe bombardait un
bataillon d’infanterie turc qui se
dirigeait au sud de l’autoroute M4 et
s’approchait de la ligne de front sud.
Metin Gurcan a
analysé l’événement :
Qu'est-ce qui s'est
passé exactement le 27 février ? Vers 17
heures, un bataillon d'infanterie
mécanisé turc, composé d'environ 400
soldats, est devenu la cible d'une
frappe aérienne sur une route entre
al-Bara et Balyun, à environ 5
kilomètres (3 miles) au nord de Kafr
Nabl dans le sud d'Idlib. Selon des
sources locales contactées par
Al-Monitor, deux avions de combat
Sukhoi Su-34 russes et deux avions de
chasse syriens Su-22 ont intensivement
bombardé des cibles de l'Armée nationale
syrienne (SNA) soutenue par la Turquie
dans le sud d'Idlib vers 11 heures ce
jour-là. Les mêmes avions ont frappé le
convoi turc dans une action coordonnée,
ont indiqué les sources. Une première
frappe relativement légère des Su-22, a
forcé le convoi à s'arrêter, après quoi
les coups se sont intensifiés, forçant
les soldats à se réfugier dans plusieurs
bâtiments en bordure de route. Ce qui a
suivi ensuite a probablement été le
largage de bombes KAB-1500L - une
variante des bombes avancées de bunker-buster
guidées par laser capables de pénétrer
jusqu'à des profondeurs de 20 mètres (65
pieds) - par les jets russes. Deux des
bâtiments se sont effondrés lors de
l'attaque, laissant les soldats turcs
sous les décombres.
Au moins 35 soldats
turcs, certains disent 55, ont été tués
et quelque 60, ou plus ont été blessés.
L’incident a été un
signal envoyé à la Turquie pour que
cesse ses escapades.
Au cours des
dernières semaines, la Turquie a utilisé
de gros drones armés pour attaquer
l’armée syrienne. Les troupes turques du
gouvernorat d’Idleb avaient en outre
utilisé des missiles de défense aérienne
portables (MANPAD) contre des
hélicoptères syriens et des bombardiers
russes. Ça suffisait comme ça.
La Turquie n’est
pas
autorisée à utiliser des drones dans
l’espace aérien syrien. Mercredi, la
défense aérienne syrienne a
détruit l’un d’eux.
Utiliser des MANPAD contre des
avions russes est un acte de guerre. La
frappe russe a rappelé aux Turcs qu’elle
est tout à fait en mesure de répliquer.
La Russie a nié que
ses avions avaient lancé l’attaque et la
Turquie a accusé la Syrie de l’avoir
fait. Mais ces déclarations visent à
désamorcer la tension et à permettre la
poursuite des relations pacifiques entre
la Russie et la Turquie. Les deux
parties savent très bien ce qui s’est
réellement passé.
Erdogan menace
toujours de lancer une attaque de grande
envergure contre l’armée syrienne le 1er
mars. Il a menacé de la repousser aux
anciennes lignes de cessez-le-feu du
mémorandum de Sotchi. La Russie a
déplacé deux frégates en mer
Méditerranée qui sont armées de missiles
de croisière, qui seront utilisés si la
Turquie tente réellement de mettre en
œuvre son plan idiot.
L’OTAN et les
États-Unis ont tous deux refusé de
s’impliquer dans l’affaire d’Idleb. La
Turquie est seule et Erdogan devra faire
attention. Il ne perd pas seulement en
Syrie mais
aussi en Libye et il ne peut pas
risquer d’énerver la Russie car
l’économie turque en dépend.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Wayan pour le Saker Francophone
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