Algérie
Le 51èm Vendredi : la mobilisation
populaire
s'inscrit dans la durée
Lahouari Addi
Dimanche 9 février 2020
Les principales
villes d'Algérie ont encore vibré le
vendredi 7 février au son des clameurs
des dizaines de milliers de personnes
qui, depuis près d'un an, demandent le
changement du régime. La dynamique de la
protestation populaire ne va pas
s'arrêter car les dirigeants,
c'est-à-dire les généraux, ne veulent
faire aucune concession et refusent
l'idée de transition démocratique. Le
régime ne veut pas changer: il a modifié
la façade civile qui n'a aucun pouvoir,
sinon de gérer les affaires courantes,
et qui reçoit des instructions d'un
groupe de généraux qui, illégalement,
font obstruction aux institutions. Le
dernier épisode d'un chef de la douane
nommé par un décret signé par Tebboune
et relevé de ses fonctions moins de 48h
plus tard, signifie que le président en
Algérie, même désigné par les généraux,
n'a pas le pouvoir que lui confère la
constitution. Les Algériens se sont
soulevés pacifiquement pour mettre fin à
cette situation qui empêche l'Etat de
fonctionner dans le respect des
hiérarchies institutionnelles. L'Etat
algérien est dans l'incapacité de
mobiliser les ressources matérielles et
humaines pour développer le pays parce
qu'un groupe de généraux, refuse d'obéir
à l'autorité véhiculée par les
institutions. Dit clairement, la branche
militaire du pouvoir exécutif perturbe
la hiérarchie des institutions de
l'Etat. Malgré les arrestations
d'anciens ministres (qui seront libérés
dès que la protestation populaire
s'arrêtera), malgré la désignation d'un
nouveau président, qui a l'avantage sur
le précédent de ne pas être sur une
chaise roulante, le régime n'a pas
changé d'un iota et il montre tous les
jours sa volonté de pas changer. La
branche militaire du pouvoir exécutif
considère toujours que les seuls
représentants du peuple sont les
généraux. Ces derniers refusent d'être
de hauts fonctionnaires du ministère de
la défense et sont hostiles à l'idée
d'obéir à une autorité civile issue des
urnes. Tant que les généraux sont dans
cet état d'esprit, la mobilisation
populaire continuera. Et elle continuera
pacifiquement parce que le hirak ne veut
pas donner aux généraux le prétexte
d'utiliser l'armée dans ce conflit. La
population estime que c'est son ARMEE,
c'est son Etat. L'armée appartient à
l'Etat et non l'inverse. Comment ne pas
se rappeler de cette phrase de Mohamed
Harbi: "Les Etats ont une armée, et
l'armée en Algérie a un Etat". Le hirak
veut mettre fin à cette anomalie héritée
des vicissitudes de l'histoire. Le hirak
ne s'arrêtera pas tant tant que le
commandement militaire n'obéit pas à une
autorité civile issue des urnes. La
nation n'a pas créé une armée pour
détenir la souveraineté à sa place. Elle
l'a créée pour défendre les frontières.
Le sommaire de Lahouari Addi
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|