Algérie
Lahouari Addi répond à la lettre de
Bouteflika
Lahouari Addi
Jeudi 4 avril 2019
Au lendemain de
votre démission de vos fonctions de chef
d’État, vous avez écrit une lettre aux
Algériens pour leur demander pardon.
C’était encore une énième ruse pour
avoir la sympathie de vos compatriotes
que vous avez profondément blessés dans
au moins deux occasions. La première, en
2013, lorsque vous avez eu un AVC qui
vous a privé de vos capacités physiques
et intellectuelles. Bien que vous
n’étiez pas en mesure de remplir vos
lourdes fonctions, vous avez empêché
l’État d’avoir un président qui gère les
affaires courantes de la nation.
Le président étant
un symbole, vous avez donné durant six
ans une image d’un pays en chaise
roulante, handicapé et aphasique. Si
vous aviez un brin de respect pour ce
peuple, vous vous seriez adressé à lui
pour lui dire que vous mettez fin à vos
fonctions pour raisons de santé. Vous ne
l’avez pas fait et le jugement de
l’histoire à votre égard sera sévère.
Le deuxième affront
que vous avez fait au peuple algérien,
c’est d’être allé vous soigner dans
l’hôpital de l’ancienne armée coloniale
qui a bombardé au napalm nos douars, et
qui a fait guillotiner le premier martyr
algérien Ahmed Zabana.
Vous avez dormi
pendant plusieurs semaines dans le lit
qu’ont occupé dans ce même hôpital les
généraux Bigeard et Aussaresses qui ont
assassiné Larbi Ben Mhidi. Vous avez
violé le respect dû aux martyrs et foulé
à vos pieds la symbolique sacrée sur
laquelle notre État est construit.
Et pourtant, il y a
des compétences à l’hôpital militaire de
Ain Naaja ; il y a des médecins de haut
niveau que vous avez blessés en les
ignorant.
Mais vous n’aviez
confiance ni en nos médecins militaires
ni au système de santé qui s’est en
effet dégradé sous votre interminable
règne. Pendant que vous vous soigniez à
l’étranger, en septembre 2017, les
urgences des hôpitaux d’Alger et de
Blida ont dû faire face à une épidémie
de choléra avec des moyens dérisoires.
Et lorsque les
jeunes médecins ont manifesté pour avoir
plus de moyens pour soigner les malades
avec dignité, votre gouvernement leur a
envoyé des forces de sécurité habillées
en gladiateurs pour les réprimer
sauvagement dans la rue.
Vous avez trahi le
peuple, vous avez insulté la mémoire des
martyrs, et vous avez voulu tromper même
Dieu en essayant de lui soutirer deshassanates en
construisant une grande mosquée avec
l’argent public.
La yajouz ya
Bouteflika. La mosquée aurait dû
être construite avec votre argent
personnel et l’argent des entrepreneurs
que vous avez enrichis. Chez nous on dit
« man lahaytou bakharlou ». Avec
l’argent du peuple, vous vouliez acheter
des hassanates !
Ces milliards de
dollars qu’a pris la Chine
auraient dû servir à améliorer le
système de santé ou à construire des
centres de formation technologique pour
dissuader nos jeunes de traverser la
Méditerranée au prix de leurs vies.
Et puis la grandeur
de l’islam ne se mesure pas à la hauteur
des minarets comme l’a dit Omar Ibn al
Khattab. Elle se mesure avec la
sincérité de la foi et avec l’expression
de la solidarité envers les plus
faibles. L’islam est une religion qui
donne plus d’importance aux mou’amalates
qu’aux ‘ibadates, contrairement à ce que
vous ont dit les zaouiates que vous
fréquentez.
Cet attrait des
grandes mosquées a commencé avec
Mou’awiya qui a imité les empereurs
Byzantins qui avaient construit des
basiliques grandioses pour se faire
couronner. En tout cas M.
Bouteflika, n’espérez pas que cette
mosquée portera votre nom. L’histoire
lui a déjà donné un nom : ce sera la
mosquée du 22 février al moubarak.
*Lahouari
Addi est Universitaire
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