La protestation populaire ne
faiblit pas avec une maturité dans
les mots d'ordre qui démentent
l'idée que les gens ne sont pas
politisés. Deux mots d'ordre qui
prouvent le contraire sont à,
retenir: le gaz de schiste et la
Palestine.
L'évocation du gaz de schiste par
Tebboune montre à l'évidence qu'il
est plus soucieux des intérêts du
régime que des intérêts du pays,
mettant en danger l'équilibre
écologique du Sahara et l'avenir des
générations futures. Ce que les
manifestants lui ont rappelé, c'est
qu'un détenteur de l'autorité
publique doit écouter le public et
doit appliquer une politique que
veut le public. Un détenteur de
l'autorité publique défend l'intérêt
commun. Or il n'est pas dans
l'intérêt de l'Algérie d'exploiter
le gaz de schistes pour des raison
évidentes. La denrée rare chez nous,
c'est l'eau, et elle va devenir de
plus en plus rare au niveau de la
planète. Utiliser des millions de
mètres cubes d'eau pour extraire une
matière qui sera exportée et qui
renforcera le caractère rentier de
l'économie nationale est une preuve
supplémentaire que les intérêts du
régime et ceux du pays ne sont pas
les mêmes. Le régime cherche à
élargir la base rentière de
l'économie pour qu'il puisse acheter
la paix sociale et pour se faire
accepter. Alors que la tâche
historique est de mettre fin à la
logique rentière de l'économie pour
la faire entrer dans la logique de
la production pour satisfaire le
marché national et pour exporter.
L'idéal aurait été que les
importations soient payées par des
exportations de marchandises
fabriquées localement et que les
recettes des hydrocarbures soient
investies dans un fonds souverain.
Pour arriver à cet objectif, il faut
une transition vers un nouveau
régime et évidemment les décideurs
ne l'acceptent pas.
Quant au second mot d'ordre des
manifestants, la Palestine, il a été
scandé parce que les Algériens
expriment leur solidarité avec des
victimes d'un système colonial. Ils
rejettent l'injustice du système
international qui ne respecte pas le
droit international. La
décolonisation, qui a commencé après
la Seconde Guerre Mondiale, ne sera
achevée que lorsque les Palestiniens
auront leur Etat. C'est ce
qu'expriment les manifestants du
Vendredi 50 qui envoient un message
aux puissances occidentales, mais
surtout aux dirigeants algériens
pour leur dire que la politique
étrangère de l'Etat ne correspond
pas depuis longtemps à ce que veut
l'opinion publique qui veut la paix
et le respect du droit
international. Etant plus soucieux
de leur survie que de l'opinion
publique de leur pays, les
dirigeants algériens ne veulent pas
irriter les puissances occidentales.
D'où la timidité de la position
officielle vis-à-vis du plan de
Trump qui va légaliser en Palestine
l'apartheid et le code de
l'indigénat au XXIèm siècle.
Que ce soit en politique intérieure
ou en politique extérieure, le
régime façonne sa politique en
fonction de ses intérêts immédiats
et non en fonction de l'intérêt du
pays. C'est ce qui a poussé les
algériens à sortir un 22 février.