SYRIA COMMITTEES
Les chemins de Damas :
Le dossier noir de la relation
franco-syrienne
KH
Vendredi 5 décembre 2014
KH pour Syria Committees Website/
Avec al Manar/ 2014 11 25/
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Finis les jours où la France prend ses
rêves pour des réalités ?
Sur la crise syrienne au moins, elle
doit bien se remettre en question, elle
qui connaît tellement bien cette région,
bien avant son passé colonialiste ?
Elle a été le pays qui croyait le plus à
la chute imminente du président syrien
Bachar al-Assad lors de l’éclatement du
mouvement de contestation en 2011.
Pendant deux ans, ses dirigeants n’ont
cessé de le marteler. Leur déception
sonne le glas d’un échec, certes bien
humiliant pour une super
puissance. Il ne s’agit pas seulement
d’une erreur de diagnostic, mais surtout
de fiasco politique dans le véritable
sens du mot. Dans la crise syrienne, la
France n’a pas seulement été un
observateur, mais un acteur efficace qui
agissait entre autre à travers
l’opposition syrienne dont elle
parrainait toutes les démarches.
UNE TENTATIVE DESESPEREE DE SAUVER
L’HONNEUR PERDU DE LA FRANCE
Dans le nouveau livre du duo
journalistique Georges Malbrunot et
Christian Chesnot, «LES
CHEMINS DE DAMAS, LE DOSSIER NOIR DE LA
RELATION FRANCO-SYRIENNE »,
consacré aux dessous de 40 années de
relations franco-syriennes, on perçoit
une tentative de sauver l’honneur de la
France souillée par ses déboires
syriens. Du moins on essaie de
comprendre les raisons.
Les deux journalistes y indiquent que
dans les coulisses de l’Etat français,
seule la présidence était totalement
acquise
au renversement du président
syrien Bachar al-Assad. A l’insu des
rapports des diplomates et des services
de renseignements français. Aussi bien
Nicolas Sarkozy que François Hollande «
ont commis l’erreur
de faire abstraction de la
capacité du régime (de Bachar al-Assad)
à résister », fait valoir le livre.
UNE QUERELLE AU QUAI D'ORSAY ?
Il y est même question dans un chapitre
intitulé «
Querelle au Quai D’Orsay », d’une
chamaillerie très violente qui a eu lieu
en 2011 entre l’ambassadeur de France en
Syrie, Eric Chevallier et le conseiller
du président (Sarkozy à cette époque)
pour les questions de Proche-Orient
Nicolas Galey, et ce en présence de
l’ancien directeur de la prospective au
inistère Joseph Maïla. Le diplomate
défendait la thèse qu’il a toujours
rédigée dans ses rapports et selon
laquelle « le régime d’Assad n’allait
pas tomber et Bachar est solide».
Alors que le second était
totalement persuadé du contraire.
La rencontre a tourné à une dispute bien
violente, de l’avis de ceux qui y ont
participé. Le livre rapporte une
séquence de la plaidoirie de Chevalier.
«
Je me suis rendu dans les
différentes régions syriennes et je n’ai
pas du tout senti que le régime en place
est un régime qui bascule... cessez de
dire des conneries », a-t-il dit. Il
ajoute aussi avoir rencontré
continuellement l’opposition syrienne,
et avait le pressentiment que le régime
possédait des atouts de force qui lui
permettent de rester et d’un soutien
extérieur sur lequel il pouvait compter.
Ce à quoi Galey répondait avec une
agressivité sans précédent : « nous ne
devons pas nous attacher aux réalités.
Nous devons voir plus loin que nos nez
... Bachar al-Assad
va tomber et il tombera », lui
faisant savoir qu’on n’avait pas besoin
de ses informations.
Même le chef du cabinet du ministre des
AE, Alian Juppé, Hervé Ladsous, présent
à la rencontre,
a été surpris par la violence de
Galey, qui lui a paru être venu non pas
pour participer aux analyses, mais pour
une mission bien precise : « imposer le
processus qui dit que le renversement d’Assad
est imminent ».
LES RAPPORTS DE L’ATTAQUE CHIMIQUE
MANIPULES
Une autre importante séquence du livre
est
consacrée à l’attaque chimique
contre la Ghouta orientale que les
occidentaux imputent au pouvoir syrien,
alors que celui-ci s’en défend
totalement.
Il révèle que les rapports rédigés par
les services de sécurité extérieure et
des renseignements militaires français
ont été soumis « un tour de vis » de la
part du conseiller spécial du ministre
de la défense Jean-Yves Le Drian. Les
experts avaient
laissé en suspens des points
d’interrogation sur ces évènements,
surtout sur l’utilisation de gaz sarin.
Une hypothèse y figurait : celle que «
la cause de la fuite de gaz sarin est dû
à une attaque classique de l’armée
syrienne contre un laboratoire secret
des rebelles », et non à une attaque au
chimique comme les gouvernements
occidentaux ont fait croire.
Or, cette supposition a tout simplement
été totalement effacée du rapport final.
Le gouvernement français œuvrait à cette
époque en faveur d’une frappe militaire
contre la Syrie.
PARIS ET WASHINGTON SANS LA RUSSIE, SANS
L'IRAN
Dans le livre, figure un aveu de la part
de l’ancien ministre de l’intérieur
français durant le mandat de Sarkozy,
Claude Géant, selon lequel une erreur
énorme a été commise à l’encontre des
Russes qu’il ne fallait pas marginaliser
mais faire participer à la quête de
solution.
Interrogé par le JDC, Malbrunot approuve
l’approche de Géant, mais lui ajoute
aussi l’Iran.
Il estime que sur le plan diplomatique,
la clé était à Moscou et à Téhéran et
reproche à Juppé de les avoir méprisés,
snobés à Genève en 2012.
Le journal rapporte aussi l’avis de
Moktar Lamani, émissaire onusien selon
lequel « il n’y aura pas de solution à
la guerre en Syrie sans l’Iran, mais il
peut très bien y en avoir une sans la
France » …
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