Navalny tente une "Révolution verte" en
Russie:
premier acte
Karine Bechet-Golovko
Manifestation du 26 mars à St
Pétersbourg
Lundi 27 mars 2017
A. Navalny, l'icône occidentale portée
depuis des années par l'Occident pour
faire tomber ce qui est appelé "le
régime de Poutine", vient de lancer,
dans cette période pré-électorale en
Russie, le début d'une Révolution en
couleur, ici verte. Certes, la Russie
n'est pas l'Ukraine, l'Etat n'est pas en
faillite et le Président bénéficie d'un
réel soutien populaire. Pour autant, ce
mouvement n'est pas à prendre à la
légère: ce sont les minorités qui
font les révolutions, pas les majorités.
Elles n'en ont pas besoin.
Les manifestations
du 26 mars
Ce dimanche 26
mars, Navalny a voulu organiser des
manifestations "contre la
corruption" dans 84 villes russes, dans
une vingtaine de villes un accord a été
trouvé quant au lieu. A Moscou et à
Saint Pétersbourg, leur demande de
manifester dans le centre a été refusée,
il leur a été proposé une alternative,
que, évidemment, ils ont à leur tour
refusé.
Les autorités ont
prévenu que si les manifestants se
présentaient sur les lieux non
autorisés, ils seraient arrêtés. Tout
aussi évidemment, A. Navalny a appelé
ses partisans à sortir et à se
regrouper, à marcher, se promener, à
Moscou sur Tverskaya et à tourner dans
le sens inverse des aiguilles d'une
montre. Le mouvement a pris de
l'ampleur. L'on a compté environ 10 000
personnes à Moscou. Finalement, pour
n'avoir pas voulu se diriger vers le
lieu autorisé et après avoir fait monter
la pression avec la police, environ 500
personnes furent arrêtées, Navalny en
premier dès son arrivée sur les lieux.
Un policier est mort des suites des
blessures qui lui ont été infligées par
la foule.
A
Vladivostok, un millier de personnes
est sorti dans les rues, une quarantaine
de manifestants a été arrêtée et ils ont
été relâchés petit à petit. 800
personnes à
Volvograd sont sortis dans la rue,
dont la moyenne d'âge est de 15 à 25
ans. Cette jeunesse des manifestants a
été remarquée dans toutes les villes. A
Moscou, plus de la moitié ne sont que
des écoliers.
Les prémisses
La lutte contre la corruption
L'affirmation d'un
but qui soit compréhensible et puisse
être compris dans les réseaux sociaux
est très important pour la réussite de
ce type de mouvements. La lutte contre
la corruption est idéale: elle est
acceptée par le pouvoir, elle est
demandée par la population, elle est
promue par les médias. Qui peut être
contre la lutte contre la corruption.
En plus ça fait des hashtag courts et
expessifs.
A. Navalny est
justement particulièrement connu pour
son Fonds de lutte contre la corruption,
qui ne l'empêche pas de tremper dans des
affaires très louches, ou quand la lutte
contre la corruption est une activité
très rentable (voir
notre aricle ici) ou encore lorsque
cet "opposant" bénéficie de puissants
soutiens (voir
notre article ici). L'on peut aussi
rappeler comment Edinaya Rossiya a
largement aidé Navalny à se présenter
aux élections du maire de Moscou (voir
ici).
Donc, A. Navalny
sort début mars une "grande enquête" sur
la corruption, que vous trouverez
ici sur son site. D. Medvedev,
Premier ministre, aurait mis en place
des schémas juridico-financiers
complexes lui permettant d'être en
possession de propiétés diverses et de
vignobles. Ces accusations ne sont pas
nouvelles, mais elles sont remises au
goût du jour. les élections
s'approchent, le temps est venu.
La montée médiatique
Evidemment, cette
vidéo tourne de manière quasi virale
dans les réseaux sociaux. Elle est
simple, avec beaucoup d'images, peu
d'analyses, mais des drones survolent
des terres, Medvedev apparaît sur des
photos, des schémas sont mis en avant.
Un véritable travail ... mais comment le
qualifier? Un bon travail jouant sur
l'opinion publique. Et le nom de la
vidéo "On vam ne Dimon" servira de
hashtag sur twitter pour regrouper les
troupes lors des manifestations.
Pratique.
Pour renforcer le
pathos, on lance une vidéo d'un enfant
qui prononce avec difficulté un texte
préparé par les adultes. La technique
est rodée, elle est infaillible pour
faire trembler les "bonnes âmes". Le
petit Sviatogor Bouianine, 8 ans,
s'adresse au Premier ministre:
En substance,
l'enfant se présente et dit qu'avec son
père ils ont regardé la vidéo sur
Medvedev où il est dit qu'il possède des
biens pour 77 milliards de roubles et
qu'avec cette somme l'on peut nourrir
toute une année les habitants de sa
république russe de Bouriatie. Est-ce
que c'est vrai?
La manipulation est
grossière, mais pas plus que celle de la
petite fille d'Alep qui écrit et parle
en anglais sur twitter et raisonne sur
la politique internationale. C'est le
même procédé. Ainsi un enfant est apte à
saisir les enjeux d'un montage
juridico-financier présenté comme
complexe? Nous vivons à l'époque du
génie généralisé. Celui qui a envie d'y
croire y croit, ça sert sa propagande.
Le silence des autres est dérangeant. La
manipulation des enfants devrait être
méprisée par tous, provoquer un rejet
instinctif, mais non. Il semblerait que
notre époque n'ait plus de limites. Il
faut dire qu'elle a été préparée avec
tous les show télévisés d'un goût plus
que douteux autour des enfants, avec
toutes ces pseudo-écoles pour les
milliers de "génies" qui sortent de
terre de manière spontanée. Il ne s'agit
que d'un degré de plus, mais un "accord"
a été obtenu sur le principe.
La pression monte
et un
député communiste déclare que dans
ce silence de Medvedev et du Kremlin sur
cette affaire, il s'adresse aux organes
d'enquête pour que la lumière soit
faite. L'idée pourrait être bonne, si
elle n'était pas utilisée pour renverser
la présomption d'innocence, lorsque
certains déclarent que la vidéo du
Fonds de Navalny est une preuve directe
de la corruption de Medvedev tant que
les organes d'enquête ne prouvent pas
l'inverse. Si l'on fait un parallèle
avec la France, l'on pourrait dire que
la tentative de F. Fillon de s'expliquer
systématiquement sur les affaires que la
presse lui met sur le dos n'a en rien
aidé à faire passer le message dans la
population. Il a d'ailleurs rapidement
déclaré que désormais ce seraient ses
avocats qui s'exprimeraient sur le
sujet.
L'enchaînement des
mécanismes juridico-médiatiques montre
bien le caratère non naturel des
évènements. Et la révolution de couleur
se rappelle à notre mémoire. La vague de
contestation dite "libérale" de 2011,
Balotnaya, a échoué, car ses leaders
n'avaient strictement aucun programme et
leurs positions étaient rejetées par la
majorité de la population. Sans leader
et sans idées, le mouvement a tourné
court.
Les éléments de
la révolution de couleur
Une personne:
Navalny
Les leçons de
l'échec de Bolotnaya ont été tirées. Les
slogans anti-russes ne passent pas dans
la population, surtout après le
rattachement de la Crimée, devenu
marqueur politique. Ainsi, la position
de Navalny est beaucoup plus ambigüe,
comme le remarque la
presse française. Il ne promet pas
de rendre la Crimée à l'Ukraine s'il est
élu et ainsi ne rompt pas le
consensus de Crimée, devenu un
élément fondateur de la nation russe. Il
ne s'oppose pas non plus directement à
V. Poutine et affirme la nécessité d'une
immunité à son encontre. Il joue donc la
carte nationale. A l'inverse du
mouvement de Bolotnaya.
Le projet Navalny a
ainsi été reformaté et s'est adapté aux
nouvelles exigences politico-sociales,
qui ont été très bien, très
professionnellement analysées. Le
mouvement est personnifié. Comme les
leaders sur la scène du Maïdan, il y a
un interlocuteur, un visage, un nom.
Une couleur:
le vert
Chaque Révolution
formatée doit avoir son symbole,
généralement une couleur: orange en
Ukraine, rose aux Etats Unis contre
Trump, verte en Russie.
Et la couleur doit
avoir une raison d'être. Le rose
américain vient du mouvement LGBT, le
vert vient du colorant que souvent des
opposants à Navalny lui lancent au
visage. Comme à
Barnaul en Sibérie ce 20 mars
lorsqu'il est venu ouvrir son local de
campagne.
Mais le vert est
aussi la couleur par laquelle les
partisans de Navalny ont repeint la très
symbolique statue de la
Mère Patrie à Volvograd, symbole de
la Seconde Guerre Mondiale pour une
ville qui en a particulièrement
souffert.
Suite à cette
"performance", la police a dû intervenir
pour protéger les partisans de Navalny,
qui ouvraient leur bureau de campagne,
de la vindicte populaire.
La couleur est
lancée, le symbole est planté. Il peut
grandir et se développer.
Les slogans
et les images chocs
Les slogans lancés
sont simples et universels, contre le
Gouvernement et la corruption. Les
manifestants sont officiellement là pour
demander des comptes à Medvedev qui n'a
pas commenté les déclarations de Navalny.
Le tout avec un côté enfantin.
Donc inoffensif.
"Dmitri
Anatolevitch, l'on ne vous entend pas"
"Je suis ici parce
que l'on n'entend rien à la télé à
propos des vignobles de Medvedev" et
"Nous sommes méchants, notre humeur est
comme ci comme ça".
Certaines images
simples et efficaces sont lancées,
évidemment de violences policières,
contre des personnes présentées comme
faibles, mais sorties du contexte:
Un enfant a été
interpelé par la police lors d'une
manifestation, lit-on dans les réseaux
sociaux. Sans autre explication; est-il
seul, où sont ses parents, qu'est-ce
qu'il fait là-bas? Rien, uniquement de
la suggestion. Suit l'image d'une femme.
L'on se croirait face aux images des
débuts du Maïdan, dans sa phase encore
pacifique.
Mais ce qui fait
réellement référence, explicitement
référence, au Maïdan, l'on peut le lire
sur le site d'opposition Dojd, même si
la traduction en français ne correspond
pas à ce qui est écrit en russe, c'est
l'interprétation donnée par les
activistes:
Sur le Maïdan, l'on
avait entendu ce cri devenu symbolique:
celui qui ne saute pas est un russe.
Ici, la formulation est reprise et
adaptée: celui qui ne saute pas est
un medved (ours), en jouant sur le nom
de famille du Premier ministre.
La filiation entre
ces mouvements et le Maïdan est non
seulement assumée, elle est revendiquée.
Le mythe des
manifestations "pacifiques"
Evidemment, la
manifestation doit être pacifique, au
début. Navalny a ainsi appelé ses
partisans à
manifester à Moscou sur Tverskaya,
dans l'hyper centre, et à se promener en
tournant dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre. Mais le lieu de
la manifestation n'avait pas été
autorisé et il était certain de
provoquer une collision avec les forces
de l'ordre. Permettant ainsi et la
médiatisation du refus et celle des
arrestations.
Les manifestants
déclarent:
"Nous sommes des
pacifiques, nous sommes sans armes, la
Constitution nous donne le droit de nous
réunir ici."
Au début pas de
pancartes, pas de slogans. Certains ont
le visage en vert. Petit à petit, les
provocations ont commencé. Au départ la
police était très aimable. Un
policiers, dans un haut-parleur
dit:
"Les amis! Ceux
d'entre vous qui êtes venus en ce
dimanche de printemps, exprimer leur
position citoyenne, nous vous rappelons
qu'il est possible de le faire dans le
Parc Sokolniki, l'accord a été donné. En
métro vous pouvez y être en une demi
heure".
La déclaration a
été accueillie avec des rires
méprisants. Les pancartes sont sorties,
les policiers les ont enlevées. Des
jeunes sont montés sur la statue de
Pouchkine, sur des lampadaires, la
police a voulu les faire descendre. Le
ton est monté, le comportement de la
foule a insensiblement changé au fur et
à mesure que le temps passe. Une heure
plus tard, la police prévient, cette
fois-ci, que ceux qui restent seront
interpellés par tous les moyens. Le ton
monte, les échauffourées s'accélèrent.
Dans les échanges
de coup qui suivirent, un policier a été
victime des coups de la foule et est
mort sur son trajet à l'hôpital. Aucun
mot dans la presse étrangère à ce sujet,
ce n'est qu'un policier et la
manifestation est pacifique.
En revanche, l'on
retrouve tout le soutien non seulement
des médias étrangers, mais aussi de
l'ancien ambassadeur américain en
Russie, dont le soutien très actif à
l'opposition est bien connu. Et la
rhétorique est la même qu'à propos du
Maïdan; l'Etat n'est pas en droit
d'assurer l'ordre public, puisque les
manifestants veulent lutter pour le Bien
et que l'Etat incarne le Mal. Le clivage
est simple, simpliste. Si l'on compare
avec les environ 400 personnes tuées par
la police américaine par an, l'on se
demande comment qualifier alors ce pays,
au regard des critères avancés par
McFaul. Mais, il ne s'agit pas
d'analyser les comportements des forces
de l'ordre dans les différents pays, il
s'agit de cliver. Ce n'est pas de
l'analyse, c'est de la propagande.
Propagande dont un ancien ambassadeur
est un des rouages.
Un conflit
soi-disant intérieur: contre la
corruption
L'important est de
montrer qu'il s'agit d'un conflit
intérieur, répondant aux besoins de la
société, et non d'une manipulation
venant de l'extérieur ou des milieux
néolibéraux pro-globalisation. La
corruption en Russie, les oligarques en
Ukraine, les droits des minorités aux
Etats Unis.
Lorsque la
télévision d'opposition Dojd a
tendu un micro vers ces jeunes pour
savoir s'ils pouvaient raconter des cas
de corruption qui dégradent leur vie
quotidienne dans cette Russie
dictatoriale à l'Etat totalement
corrompu, ils n'ont rien pu répondre ...
Un moment de panique sur les visages,
rien à dire. Absolument rien.
Cela ne signifie
pas qu'il n'y ait pas problèmes de
corruption en Russie, cela signifie que
ces jeunes ne sont pas là parce qu'ils
ont eu un problème avec des policiers
corrompus, des juges corrompus ou des
fonctionnaires corrompus. A 15 ans, ils
ne peuvent de toute manière pas avoir ce
genre d'expérience. Ils sont là pour
autre chose. Ils sont là parce qu'ils
ont mis leur vie et leur réalité dans
les réseaux sociaux. Que dans les
réseaux sociaux ils ont vu la vidéo de
Navalny parlant de corruption. Ils n'ont
certainement rien compris aux soi-disant
mécanismes juridico-financiers, mais les
images étaient belles, les mots étaient
simples. A l'adolescence, l'on a besoin
de causes évidentes, le bien contre le
mal. Ils sont jeunes, ils sont le bien.
Ils ont suivi l'appel et sont dans la
rue.
Contrairement à
2011, où il y avait un réel mouvement
contestataire qui a entraîné de
véritables changements dans la politique
intérieure russe, ici le mouvement
est totalement artificiel, il est
contruit autour d'une revendication
plausible, suffisamment médiatisée mais
est porté par des gens qui ne sont pas
concerné par la chose. Ce mouvement est
fondé sur des jeunes contrôlés par
l'extérieur au gré des réseaux sociaux.
Ils ont l'habitude des selfies, ils ont
l'habitude d'exprimer leur "position"
par des clics, ils ont l'habitude des
flash mob. On les appellent, ils
sortent, Ca fait partie du jeu. Action
ou vérité?
Mais cela est
possible car certains éléments du
système intérieur le permettent.
Les faiblesses
du système permettant l'émergence de ces
mouvements artificiels
La faiblesse
politique de Medvedev
Les attaques contre
Medvedev sont régulières. Tellement
régulières, qu'il n'y a rien de
"courageux" pour l'opposition ou
n'importe qui à critiquer le Premier
Ministre. Des pétitions sont lancées sur
des sitse globaux, il est souvent
l'objet de parodies. Il est vrai que ses
dérapages de langage n'aident en rien,
son amour presqu'enfantin pour les
technologies non plus.
Mais au-delà du
fait qu'il plaise ou non, il est Premier
ministre et l'attaquer de cette manière,
c'est aussi attaquer l'Etat. Attaquer le
maillon faible. Selon l'institut de
sondage
Vtsiom, D. Medeved a une cote de
popularité de 16,8% au 19 mars de cette
année et la tendance est à la baisse.
Il est vrai que
Navalny, à la même date, est à ... 0,8%.
Le danger politique qu'il présente pour
le pouvoir, en cas de fonctionnement
normal de la société, c'est-à-dire sans
manipulation de l'opinion publique, est
donc nul. Tout autant que son poids
politique réel.
Or, dans la
population, c'est plus la personnalité
de
Medvedev qui est remise en cause que
l'institution du Premier ministre ou du
Gouvernement, qui sont au-dessus de 50%,
mais dont la tendance récente est
également à la baisse. L'on notera que
les avis sont quand même partagés, car
l'anti-raiting du Premier minsitre est
important: 30%.
La position du
Kremlin a toujours été de ne pas prendre
de décision concernant les
nominations/démissions en conséquence
directe de mouvement d'opinion. La
position est raisonnable dans le sens où
l'on ne peut gouverner en fonction des
articles de presse ou de pétitions. Mais
lorsque le politique a un réel défaut de
popularité, cette faiblesse touche toute
l'institution.
Le projet Navalny
joue donc sur ce terrain. En utilisant
la faiblesse du système et en ne
s'opposant pas frontalement à V.
Poutine. Il ne veut pas franchir la
ligne rouge de l'opposition radicale,
même si rien ne le différencie en
réalité. Il parle d'immunité en cas
d'élection, son mouvement ne serait pas
dirigé contre le Président. Est-ce que
cela change quelque chose finalement,
souvenez-vous de Yahukovitch en
Ukraine.
La faible
popularité de la politique
socio-économique
La Russie réussit à
sortir de la crise économique et à
relancer sa production intérieure, effet
directe des sanctions qui ont mis à mal
la tendance néolibérale du bloc
socio-économique du Gouvernement. Or, si
la politique extérieure, attribuée au
Président, a un appui très solide dans
la population, la politique intérieure
en générale ne satisfait que
38% de la population et la tendance
est à la baisse. Quant à la politique
économique, seulement 28% de la
population est satisfaite, quand 35% ne
l'est pas. Les chiffres sont quasiment
identiques pour la politique sociale.
Pour autant,
67% de la population n'envisage pas
de prendre part à des manifestation
prochainement. C'est pourquoi la
formation d'une masse prête à sortir
dans la rue "doit être" constituée.
Autrement dit, elle est aussi le
résultat de la politique menée.
L'affaiblissement de l'école
L'école joue un
rôle fondamentale dans la formation de
l'individu, qui y prend aussi ses
repères. Or, les changements de
programme et de manière d'enseigner,
sans systématicité ni explications,
suivant les recommandations pédagogistes
des organismes internationaux, sont pour
une grande part dans la possibilité de
manipulation des jeunes. Plus le niveau
de connaissance est faible, plus
l'individu est manipulable.
Utiliser
l'ordinateur est appris dès la première
classe, alors que la plupart des enfants
ne sait pas encore écrire et certains ne
peuvent même pas lire. Des enseignants
organisent des flash mob de fin d'année
dès les premières classes du primaire.
Les rédactions et la réflexion sont
souvent réduites à des courtes
présentations avec images. Le culte du
ludique s'est emparé des lieux. Tout
doit être léger, simple, accessible.
Sinon, c'est que l'enseignant est
mauvais. Les examens sont appelés
"monitoring", la lecture d'un texte
écrit à la maison est un "projet", etc.
Internet est largement conseillé pour
préparer les travaux à la maison,
normalisant l'utilisation de sources non
vérifiées. Et la plupart des parents
trouve cela tout à fait normal, "nous
ne sommes plus à l'époque soviétique"
étant la justification la plus souvent
apportée par ces personnes ne comprenant
pas les difficultés dans lesquelles ils
vont mettre leurs enfants.
Des étudiants
arrivent en fac sans même savoir ce
qu'est la Révolution de février, mais
ils peuvent participer au Bataillon
éternel. L'histoire est transformée en
"petite histoire", la sienne, celle de
ses proches, importante si l'on veut
connaître ses racines, mais qui ne prend
son sens que dans la "grande histoire",
celle du pays. Sinon, elle est
destructurante.
Le culte
d'internet et des réseaux sociaux
Le plus drôle,
pourrait-on dire, est que D. Medvedev
est un grand supporter de la diffusion
d'internet partout, le Gouvernement
soutient totalement les projets
permettant de surfer dans les parcs
publics, le métro et tous les recoins de
Russie. Car sortir dans un parc sans
regarder un écran n'a effectivement plus
aucun sens. Le Gouvernement soutient
tous les projets tournant autour des
nouvelles technologies, qui semblent
dotées de toutes les vertues. Chaque
école se voit doter en priorité de
nouveaux ordinateurs, de tableaux
électroniques, comment apprendre sans
eux. Le mot d'ordre étant il faut
être moderne, vivre dans son temps. Cela
tourne à l'imprécation. Suivre le
temps ou le créer, les sociétés ont
toujours fait leur choix, différent
selon les époques.
Car ce sont
justement ces jeunes, comme l'ont
remarqué tous les médias russes, qui
sont sortis dans les rues dimanche après
avoir vu la vidéo de Navalny sur
Medvedev sur les réseaux sociaux. Leur
moyenne d'âge est extrêmement basse, des
écoliers, des enfants. Ils sont rentrés
chez eux ensuite. Cette fois-ci. Mais on
les a appelé, ils sont sortis. Le
potentiel a été vérifié. Une prochaine
fois, ils pourraient ne pas rentrer. Les
forces de police ne pourront pas à elles
seules protéger la société d'un Maïdan,
une réelle réflexion de fond doit être
menée.
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