Russie politics
Les Etats Unis peuvent-ils cesser de
soutenir
les terroristes en Syrie ?
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 21 juillet 2017
L'annonce faite par
la presse américaine de la suspension de
l'aide américaine aux "rebelles" syriens
islamistes a très rapidement fait le
tour des rédactions. Pourtant, le
traitement de l'information laconique a
tenté de minimiser, même par rapport à
la presse américaine, l'impact politique
de cette décision. Celle-ci parle en
effet ouvertement d'une "victoire de
Poutine" sur le dossier syrien.
The Washington Post a lancé
l'information selon laquelle Trump a
décidé, il y a environ un mois de cela,
lors d'une réunion à la Maison Blanche
avec le directeur de la CIA M. Pompeo et
le responsable de la sécurité nationale
H. R. McMaster de mettre un terme à l'un
des programmes secrets de la CIA
Timber Sycamore, créé en 2013.
A l'époque, ce
programme avait été lancé en urgence
pour aider les rebelles s'opposant à
Assad et sur le point de perdre le
combat, comme l'écrivait alors ce même
Washington Post, et ce, non
seulement tactiquement, mais surtout
stratégiquement Ainsi, les Etats
Unis ont volontairement entretenu le
conflit syrien pour lutter contre Assad.
Il est vrai que dès le début de la
"rébellion" en 2011, ils prirent une
position anti-Assad, adoptèrent des
sanctions contre le pays et aidèrent
"l'opposition". Extrait:
Il s'en est
suivi une fuite des armes et des
hommes formés par la CIA vers les
structures radicales, aucune barrière
étanche n'existant réellement entre
groupes armés d'opposition à Assad et
groupes islamistes. Ce programme,
illustration de la politique américaine
dans la région, a ainsi largement aidé
au développement du conflit. Toutefois,
depuis l'entrée de la Russie dans le
jeu, l'intérêt de ce
programme fut réduit, les rebelles,
qui avaient pu ainsi se rétablir,
perdaient à nouveau du terrain et, en
fin de compte, il a surtout servi à
financer Al Qaïda. La "défaite" d'Alep,
pour les groupes terroristes ouvertement
soutenus par l'Occident, fut le signe de
l'urgence d'un changement de stratégie.
Ce revirement a été
pris très au sérieux par la presse
américaine, qui n'y voit pas que,
techniquement, la fin d'un programme
devenu utile, mais un changement de
stratégie américaine et la victoire de
la Russie sur le dossier syrien:
Cet extrait du
Washington Post n'a pas trouvé beaucoup
d'écho dans la presse française, ce qui
finalement, ne change pas grand chose à
l'affaire.
Les Etats Unis
continuent sur cette voie et annoncent
que le départ d'Assad n'est plus une
condition préalable au règlement du
conflit:
«Je ne crois pas
qu'il soit important, pour nous, de dire
qu'Assad doit d'abord partir.» Selon
Associated Press, C'est en ces termes
que Tom Bossert, conseiller en sécurité
intérieure de Donald Trump, a expliqué
la nouvelle stratégie des Etats-Unis en
Syrie, lors d'une réunion annuelle
d'acteurs de la sécurité nationale et du
renseignement à Aspen, dans le Colorado.
Un signal important
est lancé. Tant aux mouvements rebels:
les temps ont changé, il faut choisir
son camp et passer à autre chose. Qu'à
la Russie, envers laquelle les Etats
Unis tentent de changer d'attitude et de
s'orienter vers une coopération, au
moins en Syrie. Les néoconservateurs
laisseront-ils partir ainsi leurs
créatures? Au-delà de la volonté de
Trump, la question se pose réellement de
savoir dans quelle mesure les Etats Unis
sont encore en mesure de revenir sur
leur politique de soutien systématique
aux mouvements extrémistes, sans
provoquer de crise majeure dans leur
politique intérieure, totalement
sclérosée, et de failles dans leur
sécurité intérieure.
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Le
dossier Syrie
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