Russie politics
Syrie : les Etats Unis
reconnaissent la défaite
de la coalition
internationale
Karine Bechet-Golovko
Mercredi 20 septembre 2017
Avec l'échec
militaire de Daesh, l'incompétence des
groupes d'opposition dits
"démocratiques" et le renforcement de
l'Etat syrien, les bruits du départ des
Etats Unis de la Syrie commencent à
circuler. En effet, qu'y faire de plus,
militairement, c'est la défaite de la
coalition américaine et de "leur"
opposition. La Russie est devenue une
force incontournable dans la région. Les troupes
régulières syriennes, aidées par
l'aviation russe, ont traversé l'Euphrate
pour prendre les dernières forces de
Daesh à rebours. Ce qui sonne la fin de
cette organisation dans le pays. Mais
pas uniquement, cela annonce aussi le
vide du projet d'une opposition
"pro-occidentale" artificiellement
soutenue, armée, financée et entraînée
par la coalition américaine, flirtant
sans trop se cacher avec les
terroristes. Elle aussi perd du terrain
et donc de son poids politique pour la
construction de la paix.
Il reste encore
certains sursauts. La coalition accuse
la Russie d'avoir bombardé à proximité
de Deir ez-Zor certains de leurs hommes
de l'opposition démocratique, qui,
certes, se trouvaient à proximité de
terroristes ... La Russie dément. Mais
elle remarque un phénomène étrange : le
cours de l'Euphrate a très vite monté
lorsque les troupes devaient le
franchir. Il semblerait que ces forces
"démocratiques" aient voulu laisser du
temps à Daesh.
Plus violemment
encore, suite à une contre-attaque
massive par les forces d'oppositions
autoproclamées "démocratiques" et des
forces spéciales américaines faisant feu
sur les militaires syriens à proximité
de Deir ez-Zor et portant une "aide
médicale" aux terroristes, le
ministère de la
défense russe a demandé
aux Etats Unis, au minimum, de ne pas
gêner la lutte contre le terrorisme.
Evidemment, les
Etats Unis veulent garder cette zone de
"désescalade"
sur l'Euphrate, pour garder une
influence dans la région et préserver
ses forces d'opposition, comme
l'explique un responsable américain:
Dans l'est syrien,
deux offensives distinctes sont
actuellement en cours pour chasser le
groupe Etat islamique (EI) de Deir Ezzor,
la dernière province qu'il contrôle
majoritairement dans ce pays.
Les forces prorégime soutenues par les
Russes se concentrent sur la ville même
de Deir Ezzor, dans l'ouest de la
province, alors que les FDS appuyées par
l'aviation de la coalition
internationale progressent dans l'est de
la province.
Or, l'armée
régulière avance ... car elle est
justement l'armée régulière et qu'elle
est chez elle. C'est ce que le
ministre russe des affaires étrangères
russe a rappelé à New York à son
homologue américain :
"Nous maintenons
notre position selon laquelle, malgré
toute la réalité de la présence de la
coalition américaine en Syrie, il n'en
reste pas moins qu'elle n'y a pas été
invitée"
Toutefois, la
démarche russe est pragmatique : puisque
cette coalition est là, qu'elle
coordonne ses forces pour lutter contre
Daesh et qu'elle se concentre sur la
lutte contre le terrorisme. Cette remise
en place n'a étrangement pas été
particulièrement médiatisée dans la
presse occidentale, un oubli
certainement.
La conclusion est
intéressante : des bruits courent
sur le départ prochain des Etats Unis de
leur base militaire de
Al Tanf, qu'ils
utilisaient notamment pour former
l'opposition et à proximité de laquelle
ils ont plusieurs fois attaqué l'armée
syrienne régulière qui s'en approchait
trop. En attendant, selon les médias
iraniens, il y aurait déjà eu un accord
pour le départ des américains de
Al Zakaf, non loin d'Al Tanf. Tout
cela sonne la fin du
plan des Etats Unis pour occuper le
sud-est de la Syrie, qui se portait déjà
mal cet été avec l'offensive continue de
l'armée syrienne.
La présence
militaire américaine, officielle du
moins, ne semble plus, en effet,
nécessaire, les Etats Unis ont reconnu
leur défaite et celle de la coalition.
Le combat va se reporter sur le plan
politique et ici leur expérience et
leur savoir-faire sont redoutables.
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