Russie politics
Syrie: des snipers français
interpelés
par les forces régulières
syriennes
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 17 mai 2018
La question de la
présence militaire française au sol en
Syrie est une question extrêmement
délicate, la Syrie est un Etat
souverain, qui n'a en rien appelé la
République à son secours. Des forces au
sol seraient donc signe d'une ...
occupation. Or, 60 snippers français
viennent de se faire interpeller par
l'armée régulière syrienne, après s'être
perdus. Rassurez-vous, ils furent
libérés, mais que faisaient-ils là-bas?
Que faisons-nous là-bas? Etrangement,
aucune info ne filtre dans la presse
française ... Les faits: 60
militaires français au sol en Syrie hors
mandat international
Le 1er mai, à la
frontière entre l'Irak et la Syrie, un
cortège de 20 Jeeps blanches avec 60
militaires français rencontre un groupe
des Forces démocratiques syriennes
(Kurdes) qui doit les accompagner sur le
territoire syrien.
Sortant d'Irak, les
militaires français et le groupe
Kurde devaient ensemble se rendre à El
Qâmichli, que les forces kurdes et
régulières syriennes se partagent. Mais
arrivés à la ville de Al-Malikiyah,
étrangement, les deux groupes se
séparent et les Français continuent
seuls.
C'est alors que
dans la région de El Hassekeh, ils
se trompent et au lieu de passer par le
poste de contrôle tenu par les Kurdes,
ils se dirigent droit sur le poste de
contrôle tenu par l'armée syrienne
régulière, à laquelle ils se rendent
sans aucune résistance.
En fouillant, les
véhicules, les soldats syriens
découvrent des fusils de snipers,
des viseurs de nuit et
différentes armes de guerre. Etrange
arsenal pour des "conseillers", comme le
déclare
Paris:
Le ministère
français de la Défense avait reconnu en
juin 2016 la présence de forces
spéciales françaises en Syrie "pour
conseiller les FDS contre l’EI
Après
interrogatoire, l'on apprend que ces
militaires, snipers français, devaient
ensuite se diriger vers le centre de la
Syrie, à El Hassekeh puis encore plus
profondément à Deir ez Zor, cette zone
tenue par les Américains qui ont la
fâcheuse tendance de tirer sur l'armée
régulière syrienne qui ose se rapprocher
de trop près ... sur son territoire ...
Les Kurdes sont
intervenus et ont négocié leur
libération, ce qui fut fait, puisque les
Forces démocratiques syriennes se sont
récemment ralliées aux forces
gouvernementales dans la lutte contre
l'Etat islamique. Mais les Français
n'ont pas expliqué quelle était leur
mission en territoire étranger.
L'aide française
aux Kurdes
La question de la
présence française au sol en Syrie pose
la question de la légalité de
l'intervention française dans un pays
souverain, hors mandat de l'ONU et hors
demande du pays concerné. Dès 2016 le
ministère de la défense reconnaissait
une "certaine" présence française, sans
jamais préciser ni son ampleur, ni ses
missions, ni son déploiement. Le
floue est de mise lorsque l'illégalité
est patente.
En mars de cette
année, le Président
Macron déclare qu'il faut aider les
Kurdes, contre les Turcs. Et cela en
Syrie. Sur quel mandat? Aucun. Mais il
faut. La Présidence française
tente de troquer la légalité
indéfendable par une légitimité
communicable. Toutefois, ici
aussi, la politique
louvoie. Et pour cause, l'opération
reste totalement illégale:
Après la rencontre
avec Emmanuel
Macron, un représentant des Kurdes
syriens à Paris a déclaré que le
président français avait promis l'envoi
de troupes françaises dans la région de
Manbij. Vendredi, l’Élysée a démenti
cette déclaration, affirmant que "la
France ne prévoit pas de nouvelle
opération militaire sur le terrain dans
le nord de la Syrie en dehors de la
coalition internationale anti-Daech
(acronyme de l'EI en
arabe)".
Lorsque la
Russie est intervenue en Syrie, il y a
eu un débat au Parlement, une décision
présidentielle officielle entérinant un
concensus politique. Lorsque la France
intervient en Syrie, elle se cache dans
les juppons des Etats-Unis, envoie des
snipers qui se perdent dans le désert.
Le Gouvernement français pourrait
peut-être nous expliquer quel combat
nous menons en Syrie et sur quel
fondement?
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Le
dossier Syrie
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