En fait, il y a deux "affaires Théo". La
première concerne l'histoire que la
presse nous a immédiatement présentée:
celle d'un innocent noir de banlieu
matraqué et violé par les policiers,
parce qu'il était noir et d'une cité. La
seconde affaire Théo est celle de la
complicité politico-médiatique dans le
compassionnel, pour nous resservir des
héros de notre temps: soit des migrants,
soit des gens de couleurs, ces
"laissés-pour-compte" du système qui se
battent contre l'injustice de cette
classe abominable, blanche et riche.
Tant la presse que les milieux
politiques complaisants, surtout en
période électorale, nous mettent dans
une alternative intenable, hésitant
entre la communautarisation et
l'invective du Klu Klux Klan.
Il y a
deux semaines, un jeune homme, Théo, est
hospitalisé suite à des "brutalités
policières". Innocent et se trouvant là
presque par hasard, les policiers se
seraient jetés sur lui et sans raison,
sauf parce qu'il est noir, lui auraient
lancé des insultes racistes au visage,
l'auraient matraqué et violé avec une
matraque. Suite à cela, il fut
hospitalisé, un policier accusé de viol
les trois autres sont mis en examen pour
violence. Théo ressort de l'hôpital sur
ses deux jambes, sa famille pleure de
joie, lui est une victime parfaite.
Médiatisable à souhait.
Tellement parfaite que la presse s'en
empare, que le
Président va lui rendre visite comme
à un héros de guerre - chaque époque a
les héros qu'elle peut ... et les
Présidents aussi. La police est montrée
du doigt, stigmatisée, notamment par ces
artistes qui se sentent investis d'une
mission civique tout autant
qu'artistique. Tout cela avant même que
l'enquête n'ait aboutie. Notre société
n'a plus besoin d'enquête, la justice se
fait dans la presse et dans la rue,
c'est plus simple et plus rapide. Cela
s'appelle le lynchage. La presse qui ne
donne la parole qu'à une partie: la
"victime" Théo, qui ne s'interroge pas
sur les policiers, leurs raisons.
A tel
point que la
Police nationale publie un
communiqué: la police n'est pas raciste,
elle fait son travail, à savoir protéger
l'ordre public et si la justice
reconnait les faits, les policiers
seront sanctionnés. Mais pas en raison
de la rue, suite à une décision de
justice. C'est toute la différence entre
un état de droit et un état barbare.
Mais
peu importe, l'occasion est trop belle.
Les
manifestations s'enchaînent, les
manifestants soi-disant venus se
prononcer contre les injustices se
déchaînent et le spectacle est
pitoyable. Entre les journalistes
complaisants qui tendent les micros pour
que ces jeunes puissent expliquer que
les flics les interpellent pour rien les
frappent chaque jour, etc. Et ensuite,
l'on voit ces jeunes bruler des
voitures, casser des vitrines.
Et
après tout cela, le journal
Le Point publie le témoignage du
policier. Et il se trouve que ce
témoignage est corroboré par les vidéos
de surveillance. Que notre cher
Théo est intervenu dès l'arrivée de
la police qui contrôlait un autre gentil
jeune homme du quartier. Il a frappé les
policiers et donné des coups dans tous
les sens. Cette version avait été donnée
par les policiers moins de deux heures
après l'arrestation, avant même qu'il ne
porte plainte. Les policiers, eux, ont
porté plainte contre Théo pour outrage
et rébellion. Maintenant, la presse
publie le témoignage objectif
d'un ami de Théo qui affirme avoir été
frappé il y a peu, justement par le
policier qui est accusé de viol.
Bref,
Théo a été matraqué après avoir agressé
des policiers qui procédaient dans un
quartier particulièrement difficile à un
contrôle sur un autre individu de ce
quartier. Donc, son "innocence" est déjà
largement remise en cause. Quant au
viol, il doit encore être prouvé ... et
pas dans la presse.
Ces
engouements médiatiques aveugles et
sélectifs servent des intérêts très
contestables. Ils renforcent le
communautarisme qui s'insinue en France,
favorise les discours racistes en
réaction, stigmatisent le travail des
forces de l'ordre que l'on accuse soit
d'abandonner les quartiers difficiles,
soit de violences.
C'est
dérangeant cette manière de s'engouffrer
dans n'importe quel soutien aveugle,
avant même que l'enquête préliminaire
n'ait été bouclée. Cette complaisance
dégoulinante d'hypocrisie et de
renoncement, comme si elle était le
résultat d'une culpabilité. Mais de quoi
sommes-nous finalement coupables?
Un
individu agresse des policiers dans
l'exercice de leurs fonctions. Ils
réagissent. Cet individu n'a pas à
agresser des policiers, quelle que soit
sa religion, sa couleur de peau, sa
condition sociale. Les policiers doivent
réagir quelle que soit la religion, la
couleur de peau et la condition sociale
de toute personne qui se comporte de
cette manière sur n'importe quel endroit
du territoire français. C'est la
République. Les habitants des cités,
quelle que soit leur religion, leur
couleur de peau et leur condition
sociale doivent aussi respecter les
règles de droit. Parce qu'il n'y a pas
que des droits, mais aussi des devoirs.
Sinon
imaginez ce qui pourra se passer
bientôt. Vous appellerez la police,
parce que quelqu'un de violent tente
d'entrer chez vous. Et le policier vous
demande: Il est violent? Réponse: Oui.
Question: Il est blanc? Réponse: Non.
Réaction: Désolé, mais on ne peut pas
se déplacer. Vous comprenez, c'est une
personne de couleur qui est violente, on
sera obligé de réagir et alors l'on nous
accusera de violence. Mais vous pourrez
toujours porter plainte après, enfin si
la justice ne veut pas prendre le risque
d'être accusée de racisme et si vous
êtes en état de le faire.
Pensez-y lorsque vous irez manifester
contre la police. Quant aux violences
policières, aux vraies, elles sont
condamnables, ce que chacun, les
policiers eux-mêmes, savent pertinamment.
Mais après une décision de justice.
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