Poutine : une conférence de presse
sur fond de politique sociale
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 14 décembre 2017
Aujourd'hui a eu lieu la grande
conférence de presse de V. Poutine
devant une salle remplie de plus de 1600
journalistes, particulièrement actifs,
pendant près de 4h. Malgré une actualité
internationale mouvementée, les
questions ont principalement porté sur
la politique socio-économique du pays.
D'une certaine manière, c'est un tableau
de l'état du pays avant les nouvelles
élections qui s'annoncent.
Pour les russophones, voici la
conférence de presse :
D'une manière
générale, la conférence de presse fut
tenue sur un ton plutôt conventionnel.
L'ensemble des questions a montré un
intérêt essentiellement centré sur les
questions socio-économiques : les tarifs
des frais communaux qui ne s'arrangent
pas, la question de la vente du blé dont
la récolte-record s'accompagne d'une
faible rentrée d'argent pour les
producteurs, le développement des
infrastructures, etc. Les réponses
apportées furent rassurantes,
socialement orientées.
En ce qui concerne
les questions plus sensibles, comme
l'écologie, elle est soutenue mais en
tenant compte de l'industrialisation du
pays. Quant à la réduction du contrôle
sur le business, la situation a déjà
beaucoup évolué, il reste somme toute
peu de barrières. Evidemment la question
la faiblesse endémique de l'opposition a
été soulevée et la réponse fut franche :
sans programme constructif, aucune
opposition réelle ne pourra voir le
jour. Ksénia Sobtchak a dû patienter (et
elle a eu du mal) jusqu'à la dernière
heure pour pouvoir poser sa question sur
les difficultés de l'opposition, la
réponse fut la même : au lieu d'être
contre tous et de pousser les gens à la
révolte stérile comme pour un Maïdan, il
faudrait développer une vision pour le
pays.
Un doute, technique
somme toute, a été levé : V. Poutine
sera candidat indépendant aux
présidentielles, mais attend - et
obtiendra - le soutien des strutures qui
partagent son point de vue, qu'il
s'agisse de parti politique (Edinaya
Rossiya) ou de structures de la société
civile (comme le Front populaire et
d'autres).
Sur le plan
international, les journalistes
étrangers se firent particulièrement
remarquer par l'absurdité de leurs
questions. L'un demande à Poutine
d'apprécier le début de mandat de Trump.
Le président russe lui rappelle que
c'est au peuple américain de se
prononcer. Quant aux relations
russo-américaines, V. Poutine insiste
sur le choix fait par la Russie d'une
vision stratégique face à une vision
géopolitique conjoncturelle en Occident.
A un autre il est nécessaire de rappeler
que les pays restent et doivent
collaborer au-delà des dirigeants et des
conflits politiques internes. La Russie
est donc toujours prête, même si le
Congrès américain la place à côté de la
Corée du Nord pour le danger qu'elle
représente, d'aider les Etats-Unis sur
certaines questions internationales dans
la mesure où il est possible de régler
des problèmes qui revêtent une
importance réelle pour la communauté
internationale. Le journaliste
ukrainien, toujours dans la provocation,
n'a finalement rien avancé de nouveau,
sa question se résumant à quand la
Russie va-t-elle retirer ses troupes et
à rappeler la nécessité d'un échange de
prisonniers, oubliant manifestement que
c'est l'Ukraine qui bloque cet échange
de prisonniers avec LNR DNR.
D'une manière
générale, cette conférence n'a comporté
aucune révélation sensationnelle.
L'annonce de candidature a déjà été
faite. La question des JO, trop
conflictuelle, a été écartée au profit
de celle plus consensuelle du dopage et
de la politisation incontestable de la
décision du CIO. La question syrienne a
surtout été traitée dans sa dimension
humaine, l'aide apportée aux civiles
victimes. Les journalistes régionaux en
ont également profité pour porter à la
connaissance du Président des problèmes
locaux. Dans l'ensemble, c'est plutôt un
bon signe. Celui d'un pays qui
globalement fonctionne. L'accent mis sur
la dimension sociale, sur les problèmes
de la vie réelle et non les fantasmes
postmodernes d'une partie de la caste
dirigeante laisse entendre la
compréhension de la nécessité d'une
ligne politique plus conservatrice,
correspondante à son électorat.
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