Russie politics
Affaire Navalny : le ministère russe des
affaires étrangères convoque
l'ambassadeur allemand
et annonce une
possible crise internationale
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 11 septembre 2020
Au regard de la
poussée d'hystérie en Occident autour de
l'affaire Navalny, des déclarations
agressives du G7 envers la Russie et de
l'implication de l'OIAC, la Russie a
décidé de réagir fermement. Le ministère
des affaires étrangères a convoqué
l'ambassadeur allemand pour lui remettre
une note de protestation. Puisqu'à ce
jour aucune analyse n'a été transmise
aux autorités russes, Navalny est quand
même citoyen russe, si les autorités
russes ne reçoivent pas les documents
demandés, elles considéreront cela comme
une provocation hostile, avec toutes les
conséquences qui, logiquement, en
découlent, faisant reposer la
responsabilité de cette crise
internationale, non seulement sur
l'Allemagne, mais aussi sur l'OTAN et
l'UE. A suivre.
Quand Navalny a été exfiltré vers
l'Allemagne, les médecins russes ont
également donné les résultats d'analyses
réalisées, afin que leurs collègues
allemands puissent continuer le
traitement immédiatement mis en place,
qui a permis à l'opposant chéri des
globalistes de rester en vie. Après
quelques déclarations des responsables
allemands invoquant l'empoisonnement, le
laboratoire militaire a "trouvé" du
Novichok chez le patient, qui pourtant
n'en est pas mort et qui en plus a été
le seul contaminé, dans un espace clos
comme un avion. Ni à l'aéroport de
départ, ni à l'hôpital non plus,
personne n'a été touché. Pour une arme
chimique militaire, sous forme de gaz
particulièrement volatile, cela soulève
de très nombreuses questions. (Voir
notre texte ici).
Malgré les demandes
répétées de la Russie d'avoir accès aux
analyses de Navalny effectuées en
Allemagne, rien n'a été transmis. Dans
le même temps, la pression politique
internationale monte. Les ministres des
affaires étrangères du
G7 déclarent unanimement la Russie
coupable:
G7 : l’attaque sur
Navalny est une nouvelle atteinte à la
démocratie en Russie
Et évidemment, la
Russie est appelée à "faire toute la
lumière" sur cette affaire. Le fait
que les médecins russes n'aient pas
trouvé de trace de novichok, que le
Comité d'enquête des transports en
Sibérie n'ait lui non plus trouvé aucune
trace de cette arme chimique ne change
rien :
Nous, ministres des
affaires étrangères du G7, appelons la
Russie à faire toute la lumière, sans
délai et en toute transparence, sur
l’identité des auteurs de cet
empoisonnement odieux
Et toujours du côté
du bien, c'est-à-dire du sien, d'assumer
l'ingérence au nom "de la démocratie" :
Nous demeurons
fermement déterminés à soutenir la
démocratie, l’État de droit et les
droits de l’Homme en Russie et à
renforcer notre appui à la société
civile russe./.
Qui pourrait être
contre la démocratie ? Certainement pas
les Irakiens, les Libyens ou les
Ukrainiens - après avoir été
"démocratisés".
Et ne s'arrêtant
pas en si bon chemin, le communiqué
conjoint des ministres allemand et
français des affaires étrangères d'aller
encore plus loin dans la condamnation :
Ils partagent une
profonde consternation sur cette attaque
conduite contre M. Navalny, qui
constitue une atteinte très grave aux
principes élémentaires de démocratie et
de pluralisme politique. Ils constatent
que cette atteinte à l’intégrité
physique d’une personnalité de
l’opposition russe n’est malheureusement
pas un acte isolé. Ils expriment dans ce
contexte leur attente que les autorités
russes puissent garantir les conditions
d’expression des droits civils et
politiques fondamentaux de la population
russe.
Et comme cela est
qualifié d'attaque chimique, évidemment
l'OIAC doit s'en occuper. Ces
déclarations datent du 9 septembre. Ca
tombe bien, car il y a une semaine, le 3
septembre, cette
Organisation internationale contre
les armes chimiques se déclarait déjà
prête à entrer dans la danse.
La situation
devient quand même cocasse. Non
seulement, la Russie n'a politiquement
aucun intérêt à créer une victime
sacrificielle qui permettrait à la
communauté internationale de relancer la
vague de russophobie, mais en plus
Navalny n'ayant strictement aucun
capital politique à l'intérieur du pays,
il fait moins de bruit vivant que malade
ou mort. Donc, si les médecins
russes et le Comité d'enquête n'ont
trouvé aucune trace de novichok, que
personne d'autre n'a été touché, il y a
de fortes chances pour que,
effectivement, en Russie, Navalny n'ait
pas été contaminé au novichok.
De deux choses
l'une : soit, et aujourd'hui, Navalny
n'a aucune contamination au novichok et
l'Allemagne bluffe d'où l'hésitation à
envoyer des analyses à la Russie, soit
aujourd'hui il est contaminé au novichok
... mais alors cela a été fait après son
départ de Russie, dans l'avion spécial
qui l'exfiltrait, dans les véhicules
sanitaires militaires qui l'on récupéré
en scaphandre à la sortie de l'avion ou
à la Charité.
N'ayant aucune
réponse à ses demandes officielles
d'informations, la Russie a hier
fortement réagi. Tout d'abord, un
communiqué officiel a été publié
hier, soulignant que les autorités
russes n'ont pas reçu les informations
nécessaires de la part des autorités
allemandes, ce qui l'empêche de pouvoir
mener à bien toutes les mesures
d'enquête qui sont en cours et que, par
ailleurs, les médecins russes ont déjà
proposé à leurs collègues allemands une
étroite collaboration, mais sans
réponse. Ce qui soulève des questions
... politiques :
"Parallèlement,
sur fond d'une démarche aussi peu
constructive des autorités allemandes,
des attaques infondées contre la Russie
continuent. L'ampleur de la campagne de
désinformation massive démontre que ses
auteurs n'ont pas pour but la santé de
A. Navalny et la découverte des
véritables raisons de son
hospitalisation, mais la mobilisation
d'une volonté de sanction."
En toute logique,
mais largement passé sous silence
médiatique, ce même 9 septembre, l'ambassadeur
allemand a été convoqué au ministère des
Affaires étrangères pour recevoir une
note de protestation en raison des
accusations verbales et des ultimatum
adressés à la Russie, autant qu'en
raison de l'instrumentalisation par
l'Allemagne de l'hospitalisation d'un
citoyen russe, Navanly, pour discréditer
la Russie sur la scène internationale.
Une demande officielle a été à cette
occasion à nouveau formulée de
transmettre à la Russie toutes les
informations concernant l'état de santé
de Navalny. Sinon :
"Il a été
indiqué à l'ambassadeur que l'absence
des documents indiqués ci-dessus sera
considérée comme un refus de la
République fédérale d'Allemagne
d'établir la vérité dans le cadre d'une
enquête objective et ses actions
antérieures et futures liées à A.
Navalny comme une provocation hostile
flagrante contre la Russie, qui aura des
conséquences sur les relations
russo-germaniques autant que de
sérieuses complications sur la scène
internationale. Toute la responsabilité
concernant les conséquences de cette
politique repose sur la République
fédérale d'Allemagne et ses alliés de
l'OTAN et de l'Union européenne."
Cela fait longtemps
que l'on n'a pas vu une réaction aussi
forte de la Russie, c'est un excellent
signe, car le combat qui s'annonce, sur
fond de tentative d'ensevelissement de
la Biélorussie dans le monde global et
de soumission des Etats par
l'intermédiaire du Covid, va être rude.
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