Russie politics
Les Etats-Unis iront-ils jusqu'à la
guerre en Syrie, ouvrant la voie à un
conflit mondial?
Karine Bechet-Golovko
Mercredi 11 avril 2018
Le conflit hybride syrien risque
dangereusement de se "traditionnaliser".
Trump s'est donné jusqu'à ce soir pour
annoncer sa décision d'une intervention
militaire de grande ampleur en Syrie,
avec le soutien particulièrement actif
de la France. La présence russe au sol
permettra-t-elle de calmer les ardeurs
guerrières de nos politiciens en mal de
grandeur? Espérons.
Une guerre est toujours improbable, tout
autant qu'inattendue. Un être rationnel
et raisonnable ne peut imaginer que des
hommes prennent la décision d'envoyer
d'autres hommes se battre, sous quelque
prétexte que ce soit (aujourd'hui, les
droits de l'homme), pour défendre en
réalité des intérêts très ciblés,
circonstanciels, voire très personnels.
Trump fera-t-il exception à la
règle, alors que ses avocats se trouvent
perquisitionnés, que des starlettes
l'accusent de les avoir payées pour
taire des scandales sexuels, alors que
l'Establishment fait planer l'ombre
d'une collusion avec la Russie, qu'ils
n'arrivent toujours pas à prouver? Mais
peu importe. C'est à la Une. Scandales
et guerre vont souvent de paire.
Après la montée en
pression de la surprenante attaque
chimique dans la Ghouta alors presque
libérée des terroristes, qui n'a aucun
sens sur le plan stratégique pour Assad,
mais sert largement les intérêts de la
coalition américaine sur place (voir
notre article à ce sujet), Trump
s'est donné 48h pour annoncer sa
décision. Elle doit donc tomber
aujourd'hui.
En attendant la présence
militaire américaine se renforce
dans la zone:
The
USS Harry S.
Truman Carrier Strike Group will
depart Naval Station Norfolk, Va.,
Wednesday for a deployment to the Middle
East and Europe.
The aircraft carrier
will be accompanied by the guided-missile
cruiser USS Normandy and the
guided-missile destroyers
USS Arleigh
Burke, USS Bulkeley, USS Forrest Sherman
and USS Farragut. The destroyers
USS Jason Dunham and USS The Sullivans
will join the strike group later, a Navy
statement said.
The strike group,
carrying 6,500 sailors and Carrier Air
Wing One, will cruise alongside the
German frigate FGS Hessen
during the
first half of the deployment. The German
ship conducted a brief mission with the
Harry S. Truman in 2010, the Navy said.
Le destroyer
Donald Cook, avec ses missiles de
croisière Tomahauwk, est déjà
aujourd'hui à moins de 100 km de la base
russe de Tartous en Syrie. Et l'USS
Porter le rejoindra bientôt, au large
des côtes syriennes.
Le véritable danger
est présenté par le destroyer Cook, qui
peut être opérationnel rapidement.
Sera-t-il ou non utilisé? L'USS Porter
ne sera pas sur les lieux avant une
semaine, quant aux autres il leur faudra
un bon mois. Cela signifie-t-il qu'il ne
s'agit que d'une opération de comm, une
de plus, ou est-ce le signe de la
préparation d'un conflit sur le long
terme?
L'autre question
restant de savoir quelles cibles viser.
Il a déjà été clairement affirmé que les
frappes ne doivent pas être ciblées
comme la dernière fois sur un seul
objet, mais doivent viser plusieurs
cibles et s'étendre sur plusieurs jours:
Administration
officials said they expected any new
strike to be more expansive than last
year’s, but the question was how much
more. Possible options included hitting
more than a single target and extending
strikes beyond a single day.
Il pourrait s'agir
des infrastructures syriennes, des bases
militaires, peut-être aussi pour aider
les kurdes. Autrement dit, des frappes
répétées et étendues dans le temps et
contre des bâtiments publics et des
infrastructures, ça s'appelle une
guerre. Mais justement, ici, à la
différence de l'Irak, des
difficultés existent en raison de la
présence russe et de l'implication de
l'Iran:
The president's new
national security adviser, John Bolton,
urged Trump to skip the trip, an
official said. This reflects a view in
the White House that deeper Russian and
Iranian involvement in Syria have
complicated calculations about a
response to any U.S. military attack,
according to the official, who spoke on
condition of anonymity to discuss
internal deliberations. Moscow has
cautioned the U.S. not to launch a
military attack.
La Russie a en
effet "conseillé" aux Etats-Unis de ne
pas lancer de frappes en Syrie, sous
peine non seulement de détruire les
missiles avec les systèmes de protection
S300 qui sont en place, mais aussi de
détruire les "porteurs" de ces missiles.
Finalement, toute
l'escalade militaire va tenir en cette
question: la Russie répondrait-elle
vraiment en coulant un navire américain
ou en descendant un avion militaire en
cas d'attaque de la coalition?
Car si Trump a
besoin de faire diversion et de montrer
patte blanche pour les élections de
mi-mandat, il ne peut se permettre la
mort de soldats américains. Seule la
certitude de la réponse de la Russie
peut empêcher un nouvel Irak. Rappelons
que la présence au sol de la Russie en
Syrie est très étendue, à la fois
militaire avec les deux bases qu'elle
possède, mais aussi avec la police
militaire qui accompagne l'armée
syrienne, les conseillers qui se
trouvent notamment à Damas, etc. Des
frappes américaines en principe mettent
directement en jeu les intérêts russes.
Ce qui fait quand même peur aux alliés
potentiels de la coalition américaine,
les opinions étant largement partagées.
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