Les Etats-Unis continuent à
bombarder
les alliés de l'armée syrienne
Karine Bechet-Golovko
Samedi 10 février 2018
Alors que la
légitimité de la présence militaire des
Etats-Unis en Syrie est plus que sujette
à question, l'armée américaine vient de
bombarder encore une fois des forces
pro-syriennes, luttant contre les poches
de terroristes restantes sur le sol de
leur pays. La Russie a qualifié cela de
"crime". Et il est certain que ce ne
sera pas le dernier: le conflit syrien
étant un conflit périphérique et non
primaire.
Dans la nuit du 7
au 8 février, les forces américaines
dans la région de Deir-Ezzor, encore une
fois, ont attaqué des forces loyales qui
luttaient sur place contre les
terroristes. Mais il se trouvait que ces
terroristes étaient "modérés",
c'est-à-dire soutenus par la coalition
américaine. Même si les vidéos diffusées
font dire aux
spécialistes qu'ils sont liés à
l'état islamique et que ces groupuscules
ont attaqués les forces loyales lors de
leur mission de reconnaissance:
Ayant vu un
mouvement de forces armées pouvant
mettre en péril leur groupe terroriste,
surtout que le sous-sol de la région est
très riche, les Etats-Unis affirment
avoir frappé "pour se défendre". Quelle
est la légitimité de la coalition
américaine à se trouver sur le
territoire syrien? Cela reste une
énigme, qui sort totalement du champ
juridique.
Pour se dédouaner
encore, ils déclarent avoir
informé la Russie de leur
intervention, qui a fait une centaine de
morts selon les Américains et 25 selon
les Syriens, afin d'éviter tout incident
entre les deux pays:
"Coalition
officials alerted Russian officials of
the SDF presence in Khusham via the de-confliction
line well in advance of the PRF attack,"
the statement said. "Coalition officials
were in regular communication with
Russian counterparts before, during and
after the thwarted PRF attack. Russian
officials assured Coalition officials
they would not engage Coalition forces
in the vicinity."
De cette manière,
la coalition américaine tente de faire
comprendre que la Russie aurait donné
son aval à ce que des forces régulières
se fassent bombarder. La réaction de la
Russie laisse entendre qu'elle n'a pas
donné son accord à ce type d'agression.
Vitaly
Nebenzia, le porte-parole russe à
l'ONU a qualifié de criminel le fait
d'attaquer ceux qui se battent contre le
terrorisme.
Il semblerait que
les Etats-Unis ne fassent même plus
semblant de lutter contre le terrorisme,
ils avouent ainsi lutter directement
contre Assad et travailler au découpage
du pays. Ce que soupçonnait déjà le
ministre russe des Affaires étrangères,
S.
Lavrov, avant ces frappes:
La veille, le 6
février, le
ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, avait estimé que les
Etats-Unis avaient probablement pour
ambition de diviser la Syrie. «Ils ont
tout simplement renoncé à leurs
déclarations selon lesquelles leur
présence en Syrie […] était destinée à
vaincre l’Etat islamique et les
terroristes. Maintenant, ils affirment
qu'ils y maintiendront leur présence,
jusqu'à ce qu'ils s'assurent qu'un
processus stable de règlement politique
en Syrie commence, en vue d'un
changement de régime politique»
Le conflit en Syrie
ne prendra pas fin avec la désagrégation
de l'état islamique. En plus des
Etats-Unis, Israel
continue à utiliser cet espace dans
son conflit contre l'Iran, en bombardant
les positions iraniennes en Syrie, qui
luttent contre le terrorisme, annonçant
des représailles en raison d'un drone.
Le système de défense aérien syrien a
joué et leurs attaques furent
détournées, un avion israélien descendu.
Le problème du
conflit syrien est qu'il n'est pas un
conflit primaire, c'est-à-dire un
conflit "en soi". Il est le résultat
d'une jeu géopolitique et se trouve au
centre d'une confrontation d'intérêts.
Il ne pourra donc réellement prendre fin
que lorsque sera résolu le jeu en cours
dans lequel il est parti, à la fois
général (entre les Etats-Unis et la
Russie) et entre les acteurs locaux.
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