La Russie selon Poutine: un Etat
souverain, libéral respectant les
valeurs européennes traditionnelles
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 1er décembre 2016
Le discours du Président russe devant
l'Assemblée fédérale a fait passer,
cette année, un message très clair:
personne ne remet en cause le cours
libéral de la politique économique du
pays, pour autant la Russie a une
histoire, des traditions et des intérêts
auxquels il n'est pas acceptable de
porter atteinte. La dominante fut
l'unité nationale, la justice sociale et
le développement économique.
Voici le discours
(en russe) du Président russe V. Poutine
devant l'Assemblée fédérale:
Alors que l'année
dernière, un accent particulier était
mis sur les questions internationales et
surtout l'intervention russe en Syrie,
cette année, le message est un
message de politique intérieure, dont
les trois point forts sont l'unité
nationale, le renforcement de la justice
sociale et le développement de
l'économie. La Russie est un pays
unie, sa population a donné un mandat au
parti au pouvoir, non pas forcément par
accord avec tout ce qui a été fait, mais
pour mener à bien les réformes
nécessaires. Toutefois, l'unité
n'implique pas la remise en cause du
pluralisme et la Russie rejette la
censure, favorise le développement de
projets individuels, l'implication des
jeunes dans la société civile, etc. Pour
autant que chacun respecte l'autre.
Le Président, à ce
sujet, est revenu sur le scandale de
l'exposition de photos classée +18
ans mettant en scène des enfants et des
adolescents dans un contexte parfois
suggestif, sans aller jusqu'à la
pornographie. Cette exposition avait
provoqué une réaction violente de la
société civile, qui avait contraint les
organisateurs à fermer l'exposition. Le
Président a utilisé cet exemple pour
rappeler la nécessité du respect dans le
vivre ensemble: s'il est inadmissible de
porter atteinte aux convictions,
notamment religieuses des uns, il est
également inadmissible de porter
atteinte à la liberté d'expression des
autres, dans les limites fixées par la
loi. La violence privée n'est pas une
réponse, c'est à l'Etat de réagir face à
ces situations.
Sur le plan social,
toute l'évolution de la médecine a été
rappelée, et la nécessité de continuer
dans cette voie. Economiquement, V.
Poutine a rappelé que les sanctions
adoptées contre la Russie ont permis aux
industriels russes de se développer,
mais ces mesures de protection ne seront
pas éternelles, le marché russe doit se
renforcer suffisamment pour supporter la
concurrence. Il faut développer
l'investissement, la formation des
cadres, les hautes technologies. Le
contrôle de la part des organes
étatiques est important, mais il ne doit
pas bloquer le développement des
entreprises et la responsabilités des
fonctionnaires a été renforcée. A ce
sujet, la lutte contre la corruption a
été soulignée, le Président rappelant
que personne n'était protégé par ses
relations, ses anciens faits d'armes ou
décorations. L'actualité est en effet
assez riche ces derniers temps. Mais une
pique a été lancée au Comité d'enquête,
sans le citer: il est inadmissible de
transformer la lutte contre la
corruption en show télévisé. Le
porte-parole de cette institution, qui
avait la furieuse tendance de parader,
souvent et longtemps, devant les
caméras, a été démis de ses fonctions,
pour que le Comité d'enquête revienne à
une communication plus professionnelle,
qui ne porte pas atteinte aux droits des
personnes interpellées, ni à la
réputation de l'organe.
Une grande partie
du discours a été été consacrée à
l'enseignement, qui joue un rôle
fondamental dans le développement de
l'enfant et la formation de sa
personnalité. Le but est de donner les
capacités à chacun de se réaliser, mais
pour cela développer des enseignements
conduisant uniquement l'enseignant à
amener l'enfant à "trouver" par lui-même
n'est pas suffisant, l'école apporte
aussi des connaissances. Si
l'expérimentation pour faire évoluer le
système est importante, il faut y
recourir avec parcimonie pour ne pas
porter atteinte aux intérêts de
l'enfant.
D'une manière
générale, il n'y a pas eu de surprises
particulières, pas de grandes annonces
non plus, plutôt un état des lieux, ce
qui est normal à plus d'un an des
prochaines présidentielles. Il est
encore trop tôt pour lancer une
offensive politique, le temps est à la
consolidation. Et les marqueurs ont été
posés très clairement: la Russie
est un Etat souverain qui ne cherche pas
le conflit mais défend ses intérêts
nationaux, libérale sur le plan
économique et prônant le respect des
valeurs européennes traditionnelles. C'est uune tendance que l'on
retrouve à des stades plus ou moins
développés dans d'autres pays européens.
Et la Russie pourrait être en mesure
d'occuper ici une place de choix.
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