Opinion
Le nouvel axe Ryad-Tel-Aviv
Kamel Moulfi
Photo:
D.R.
Dimanche 19 juillet 2015
Le grand événement que constitue la
signature à Vienne de l'accord sur le
programme nucléaire iranien, a été
qualifié d’historique – il le mérite à
bien des égards – et salué par le monde
entier comme un acte exceptionnel de
paix. Sauf par Israël et l’Arabie
Saoudite. Une coïncidence ? Une
conjonction d'intérêts ? En tout cas,
leur position commune et unie contre cet
accord confirme que l'entité sioniste et
le régime wahhabite, en apparence
ennemis jurés, sont en fait de mèche.
L'Iran, affaibli par le blocus et les
sanctions, était déjà vu comme le
principal danger aussi bien par l’Arabie
Saoudite et les autres pays du Golfe,
que par l’Etat hébreu. Bientôt,
l’économie iranienne connaîtra une
croissance plus forte, grâce aux apports
nouveaux générés par l’amélioration de
ses relations extérieures et de sa
position sur le marché pétrolier
notamment. Cette perspective, à elle
seule, sème la panique à Ryad et à
Tel-Aviv. On comprend parfaitement
Israël qui considère l’Iran comme une
menace depuis la chute du Shah en 1979
et la décision de ce pays de fermer
l’ambassade d’Israël à Téhéran et de la
remplacer par la première ambassade de
Palestine au monde. Les dirigeants
iraniens n’ont jamais caché leur volonté
de soutenir le combat contre l’entité
sioniste et n’ont pas cessé de le faire
sur le terrain par l’aide massive qu’ils
fournissent aux mouvements de résistance
en Palestine occupée et au Liban. Quant
à l’Arabie Saoudite, c’est son statut de
serviteur soumis excessivement aux
intérêts occidentaux – Israël compris –
dans la région, qui lui dicte sa
position d’hostilité à l’Iran, vu comme
principal obstacle à ces intérêts. De
plus, la stabilité et la sécurité au
Moyen-Orient, facilitées par l’accord,
ne sont pas bien vues par Israël et
l’Arabie Saoudite qui sont plutôt des
instruments de tension et de guerre. Et
c’est d’autant plus inquiétant pour eux
qu’il s’agit du second accord, après
Cuba, signé par leurs protecteurs, les
Etats-Unis, avec un pays classé sur
«l’axe du mal». Certes, pour les
partisans de la paix, rien n’est encore
définitivement gagné, les fauteurs de
guerre au sein de l’administration
américaine peuvent renverser le cours
des choses. Mais cet accord avec l’Iran
a au moins eu le mérite de dévoiler la
convergence des intérêts entre Israël et
l’Arabie Saoudite.
K. M.
Le
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