Syrie
Une hypocrisie de plus
Kamel Moulfi
Mardi 8 septembre 2015
L’affaire des «milliers de réfugiés
syriens accueillis les bras ouverts» en
Europe trahit encore une fois
l’hypocrisie des dirigeants des pays
occidentaux. Une partie de l’opinion
publique dans ces pays avale, comme
d’habitude, les grosses couleuvres que
lui servent les médias aux ordres. Mais
dans nos pays, ce sont plutôt les
interrogations sur cette grande mise en
scène, comme au cinéma, et ses
motivations réelles, qui dominent. Après
avoir aidé des groupes terroristes à
déstabiliser la Syrie et à placer des
régions entières dans l’insécurité, les
dirigeants des pays occidentaux versent
des larmes de crocodile sur les victimes
qui fuient cette terreur et annoncent
leur décision de leur ouvrir les portes
de l’Europe. Une Syrienne qui a pris la
parole à Belgrade a posé ces deux
petites questions : «Si l’Occident ne
veut pas que ces réfugiés périssent en
mer, pourquoi ne lève-t-il pas les
sanctions qui pèsent sur le peuple
syrien qui ont déjà coûté 143 milliards
de dollars à la Syrie ?» «Si ce n’est
pas dans l’agenda de l’Occident,
pourquoi n’aide-t-il pas les Syriens à
rester [chez eux] en aidant l’armée
syrienne à se débarrasser des
terroristes et faire de la Syrie un pays
sûr de nouveau ?» On a l’impression que
les dirigeants des pays occidentaux ne
savent plus où donner de la tête. Ils
tentent une énième manœuvre en Syrie qui
échouera sans aucun doute comme les
précédentes. Le «printemps arabe» est
tombé sur l’os syrien qui résiste,
conforté par le réveil de la
«superpuissance rivale», la Russie, qui
ne laisse pas faire. L’Allemagne
prévoit, pour ces réfugiés privilégiés,
des constructions de logements sociaux
et d’abris, mais aussi le recrutement de
milliers de policiers supplémentaires
sans doute pour les surveiller et parer
à toute éventualité. L’effet «cinéma»
produit par les images diffusées par les
télévisions appuyées sur des discours
officiels et des explications d’experts
gonfle l’ampleur de la fuite et donne
l’impression que la jeunesse syrienne
n’est composée que de gens lâches. C’est
peut-être un des objectifs des stratèges
occidentaux de la guerre psychologique
dont nous connaissons un bout depuis
notre lutte de libération nationale. Le
fait, vérifiable, est que la Syrie
résiste et qu’elle est formidable.
K. M.
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