Opinion
Pourquoi la Mishnoh ne parle
pratiquement
pas de Hanoukkoh ?
Judaïsme contre Sionisme
Lundi 15 décembre 2014
De la nuit de ce Mardi 16 Décembre 2014
à la nuit du Mercredi 24 Décembre 2014,
nous célèbrerons la fête de Hanoukkoh.
Nous allons voir ensemble et tenter de
comprendre un fait assez étrange.
La Mishnoh (qui
rassemble les lois pratiques de la vie
quotidienne du Juif, et qui constitue la
première partie du Talmoud) ne
parle pratiquement jamais de Hanoukkoh.
L'auteur de la Mishnoh, Rabbî Yéhoudoh
Hannosî` זצ״ל, consacre une
Masékhéth (traité) entière à chacune des
fêtes juives, à l'exception de Hanoukkoh.
Ainsi, les fêtes de Rô`sh Hashonoh, Yôm
Hakkîppourîm, Soukkôth, Pourîm, Pésah
et Shovou'ôth possèdent chacune leur
propre Masékhéth dans la Mishnoh. La
seule fête qui ne possède pas sa propre
Masékhéth est celle de Hanoukkoh !
Rabbî Yéhoudoh Hannosî` se contente
simplement de mentionner, en passant,
l'existence de cette fête, et ce, à deux
endroits différents. La première fois
qu'il la mentionne, c'est dans la
Masékhéth Bîkkourîm 1:6, où il
est dit que Hanoukkoh était la
dernière opportunité que l'on avait
d'apporter les prémices de ses fruits au
Temple de Jérusalem. Et la deuxième et
dernière fois où Hanoukkoh est
mentionnée dans la Mishnoh, c'est dans
la Masékhéth Bavo` Qammo` 6:6, où
l'on mentionne la règle à suivre dans le
cas de lins transportés par un chameau
qui prennent feu après être entrés en
contact avec des bougies de Hanoukkoh
placées devant un magasin. Le fait que
Rabbî Yéhoudoh Hannosî` fit le choix de
ne pas consacrer une Masékhéth entière
sur Hanoukkoh, ou même un
chapitre concernant cette fête, est une
preuve criante de l'intention qu'il
avait de minimiser cette fête.
Effectivement, il n'y pas même une seule
discussion systématique des Halokhôth de
Hanoukkoh dans toute la Mishnoh.
En outre, même dans les sources
tannaïques extra-mishnaïques (telles que
les Béraythôth ou les Tôsèftôth), il n'y
a là encore pratiquement aucune
discussion sur la fête de Hanoukkoh.
Il apparaît donc clairement que tous les
autres Tanno`îm s'accordaient avec Rabbî
Yéhoudoh Hannosî` pour minimiser la fête
de Hanoukkoh.
Quand on sort de la
Mishnoh et de la littérature tannnaïque
extra-mishnaïques, et que l'on passe à
la deuxième partie du Talmoud, à
savoir, la Gémoro` (qui rassemble des
discussions, analyses et anecdotes pour
décortiquer les lois rapportées dans la
Mishnoh), nous ne trouvons qu'une seule
discussion systématique sur les lois
relatives à cette fête dans la Masékhéth
Shabboth 21b-24a, au chapitre qui
traite des lois relatives aux bougies de
Shabboth. Cependant, le fait que la
Gémoro` soulève des questions si
basiques sur Hanoukkoh, comme par
exemple pourquoi est-ce que nous
célébrons en fait Hanoukkoh[1],
ou encore s'il faut ou pas ajouter un
office de Mousof à Hanoukkoh,
semble laisse croire que les Tanno`îm
n'accordaient que très peu d'importance
ou d'attention à cette fête. Est-ce le
cas, et comment expliquer ce trop peu
d'informations sur cette fête dans le
Talmoud ?
Deux explications
ont été apportées. L'explication la plus
souvent avancée pour répondre à la
question « Pourquoi Hanoukkoh
est si minimisée dans la Mishnoh ? »
est que Rabbî Yéhoudoh Hannosî`
était un descendant de Dowîd Hammèlèkh[2]
ע״ה, et il ne pouvait cautionner
le fait que les Hashmôna`îm
usurpèrent la royauté, alors qu'elle
n'était réservée qu'aux descendants de
Dowîd Hammèlèkh. D'ailleurs, le Ramban[3]
זצ״ל critique en des termes très
durs les Hashmôna`îm (qui étaient
des Kôhanîm de la tribu de Léwî) pour
s'être emparés du pouvoir politique à la
place d'un membre de la tribu royale de
Yéhoudoh. Même durant les
périodes troubles décrites dans le livre
de 2 Mélokhîm, lorsque les assassinats
politiques étaient malheureusement
monnaie courante et que le niveau
spirituel des masses était relativement
bas, les Juifs s'assuraient toujours
qu'un des fils du roi déchu soit nommé
comme successeur afin de préserver la
lignée davidique. Ce qui explique
pourquoi Rabbî Yéhoudoh Hannosî`
décida de laisser les lois relatives à
la fête de Hanoukkoh dans le domaine de
la Tôroh Shèbé'al Péh (loi orale) et ne
les rapporta pas par écrit, en guise de
critique implicite de l'attitude des
Hashmôna`îm et afin de transmettre
la leçon pour les générations futures
que lorsqu'une souveraineté juive sera
pleinement restaurée, seul un descendant
de la Maison de Dowîd devra être nommé
comme dirigeant et roi. Et ce roi ne
sera nul autre que le Messie, qui
régnera sur le monde entier.[4]
La deuxième
explication donnée pour comprendre
l'omission presque complète de Hanoukkoh
est à trouver du côté de la proximité
temporelle entre la révolte de Bar
Zôzîvo` (qui eut lieu de 135 à 138 de
l’Ère Courante) et la rédaction de la
Mishnoh (en l'an 200 de l'E.C.). La
victoire contre toute attente des Hashmôna`îm
face aux Syro-Grecs servit d'inspiration
à ceux qui désiraient se révolter contre
le contrôle qu'exerçaient les Romains
sur la Palestine. En outre, Hanoukkoh
fut instituée en partie pour célébrer la
restauration de la souveraineté juive en
`Èrès Yisro`él (après que les
Hashmôna`îm parvinrent à bouter
dehors les Syro-Grecs).[5]
Les Tanno`îm, qui dans leur majorité ne
soutinrent pas la révolte de Bar Kôzîvo`
contre les Romains (comme cela est
clairement dit dans le Talmoud
Yérousholmî[6]),
désiraient calmer les passions de
certains pour les révoltes armées[7]
en reléguant les lois relatives à Hanoukkoh
au domaine exclusif de la Tôroh Shèbé'al
Péh. C'est ainsi que le Rov Samson
Raphaël Hirsch[8]
זצ״ל explique que l'un des buts
de la quatrième bénédiction de la
Birkath Hammozôn[9],
qui fut composée après la révolte ratée
de Bar Kôzîvo`[10],
était d'éviter qu'une telle révolte ne
se reproduise et inviter plutôt les
Juifs à pleinement se soumettre à la
nation dominante en Palestine.[11]
Voilà pourquoi Hanoukkoh
est à peine mentionnée dans la Mishnoh,
et il était très important de le
rappeler car les Sionistes utilisent
généralement cette fête pour légitimer
leurs compagnes militaires et justifier
leur usurpation de la Palestine ! Or,
leurs arguments sont balayés d'un revers
de la main par les paroles de nos Sages,
qui ont justement veillé à en dire le
moins possible sur cette fête pour nous
empêcher de reproduire les erreurs de
nos ancêtres et nous préserver de tomber
dans les conclusions et les hérésies des
Sionistes !
1Shabboth 21b, tel
qu'expliqué par Rashî זצ״ל.
2Gémoro`, Shabboth
33b
3Sur Béré`shîth 49:10.
4Voir Yésha'yohou 11:1 ;
Mishnéh Tôroh, Hilkhôth Mélokhîm
Chapitre 11
5Voir Mishnéh Tôroh,
Hilkhôth Hanoukkoh 3:1.
6Ta'anîth 4:5
7Voir l'article « Hannoukah
n'est pas la fête de la guerre »
8Sur Dévorîm 8:10.
9La Birkas Hammozôn est une
prière récitée après avoir consommé un
repas au cours duquel du pain a été
servi. Elle est composée de quatre
bénédictions. Les trois premières sont
d'ordre biblique, tandis que la
quatrième ne fut composée que bien plus
tard.
10Gémoro` ,
Bérokhôth 48b
11Nous avions déjà mentionné
cet enseignement du Rov Hirsch dans les
articles intitulés « Notre
indépendance du Sionisme » et « Une
souveraineté juive en période d'exil ? »
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