Opinion
La révolution rose, et comment la
mater
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Lundi 28 août 2017
Les révolutions de
couleur ne se produisent habituellement
que dans les pays qui jouissent d’une
présence diplomatique US. Il vous faut
une ambassade américaine pour
trouver le gouverneur potentiel qu’on
pourra gonfler de popularité puis porter
sur le trône ; il vous faut une
ambassade américaine pour fournir assez
de liquide afin de couvrir les dépenses
de l’apocalypse organisée ; et il vous
faut un diplomate américain pour
protéger les révolutionnaires, puis pour
ordonner au dictateur en place de
démissionner. Est-ce que par hasard il y
aurait maintenant une ambassade
américaine en Amérique ? La Grande
Révolution américaine de couleur est en
marche. Le script est très semblable à
ceux qui ont été mis en œuvre outre
Atlantique. Il comporte généralement des
monuments qu’on déboulonne. Les forces
pro-américaines ont abattu les statues
de Saddam Hussein à Bagdad, de Félix
Djerzinsky à Moscou,de Vladimir Ilich
Lénine à Kiev, du Soldat libérateur
russe à Tallin et à Varsovie. Et voilà
que cela se retourne contre l’Amérique
comme un boomerang, avec l’assaut contre
les statues des Confédérés.
Il ne s’agit pas
d’un vandalisme insignifiant, mais d’une
déclaration symbolique de victoire. Les
vainqueurs renversent les monuments des
vaincus. Et les vaincus grognent et
crachent leur dépit, mais n’y peuvent
rien. Mais regardez bien comment ils s’y
prennent : partout et à chaque fois, les
révolutionnaires colorés choisissent des
monuments commémoratifs de peu
d’importance pour la majorité. C’est une
différence avec les vraies révolutions,
où ce sont les symboles bien réels du
pouvoir qui sont renversés.
La bien réelle
révolution française de 1789 a démantelé
la Bastille, une autre vraie révolution
en Russie en 1917 a mis en pièces les
statues du tsar et s’est emparée du
Palais d’hiver. Une vraie révolution
aux US occupera probablement la Réserve
Fédérale et déboulonnera les icônes des
présidents récents. Mais les révolutions
de couleur sont des falsifications, des
imitations, et elles ne peuvent que
viser des cibles faciles. Lénine à Kiev
ou Lee à Charlottesville, c’était des
appeaux. La cause de Lénine avait été
battue en 1990, et le général Robert Lee
livrait bataille il y a 150 ans.
Beaucoup de gens sont indignés de ces
saccages, mais fort peu prendraient les
armes pour les défendre. Cela relève
d’une opération de relations publiques,
et c’est très efficace.
Le merveilleux
Steve Sailer a écrit : « L’Etat profond
américain a mis à bas plusieurs régimes
opposants à travers le mécanisme d’une
révolution de couleur ». Excellente
lecture, mais insuffisante. La force qui
est derrière les révolutions de couleur,
y compris celle qui est en cours en
Amérique, n’est pas une force
américaine, ni même une manifestation de
l’Etat profond américain, c’est une
force globale, qui sert l’élite
globaliste et le ténébreux gouvernement
mondial. Jusqu’à une date récente, ces
gens se sont servis de la puissance
américaine pour leurs objectifs,
maintenant les voilà qui affrontent le
Golem qui surgit des Etats-Unis comme
ils avaient attaqué l’Ukraine ou la
Suède, bien plus faibles. « Golem,
connais ta place » est l’incantation
utilisée par le Sorcier de Prague, le
créateur du Golem, dans
la légende juive médiévale. Ce
sortilège vient à bout de la créature.
Les gens qui sont
proches du pouvoir aux US s’y entendent
en hégémonie globale, et s’y retrouvent.
Ceux qui la soutiennent sont des groupes
libéraux lourdement juifs, qui mettent
en branle le politiquement correct, leur
hostilité envers l’Eglise, leur
approbation de la fluidité de genre dans
le but de miner l’esprit et la mentalité
des Américains ordinaires, des
nationalistes, des goy de la classe
ouvrière (Adieu le goy, titrait le
Huffington Post commentant
le renvoi de Steve Bannon). Ils
taraudent et taquinent le goy sans
relâche, de façon à le pousser à des
actes de rébellion prématurée qu’il sera
facile de mater. Pour provoquer le
travailleur, ils mettraient même,
voyez-moi ça, sur le dernier avion de
ligne des cuvettes de WC sans
urinoirs !!!!, pour le bien-être
d’éventuels transgenres... et pour
faire enrager les bouseux, les
péquenots, les rednecks.
Les globalistes
mondialistes ont eu la peur de leur vie
quand leur candidate Hillary Clinton a
perdu les élections, mais ils n’ont pas
perdu de temps et se sont aussitôt
mobilisés pour la bataille. Ils ne vont
pas renoncer à l’hégémonie. Pratiquement
tous les médias, le système judiciaire,
le Congrès, les Services d’intelligence
sont entre leurs mains. Charlottesville
leur a fourni une occasion de montrer
aux ploucs entre quelles mains repose
l’hégémonie.
Les hégémonistes
ont leurs propres troupes de choc, les
antifas. Ce mouvement extrémiste est né
en Allemagne. Là ils paradent dans les
rues pour l’anniversaire du bombardement
de Dresde avec des drapeaux israéliens
et ils scandent : « Mort à l’Allemagne »
Longue vie à Bomber Harris (le
commandant britannique de l’Air Force,
grand amateur du tapis de bombes sur
l’Allemagne). Ils sont arrivés à
terroriser les Allemands : à toute
objection, ils traitent leur opposant de
nazi et le rouent de coups. Et s’ils
rencontrent de la résistance, la police
arrive en renfort. C’est la raison pour
laquelle en Allemagne, la résistance à
l’afflux massif d’immigrants a été
presque imperceptible. On en parle à la
cuisine, chez soi, mais pas dans la rue.
Et l’Antifa est
arrivée en Amérique. Ils ont le même
mode d’action qu’en Allemagne. Tous ceux
qui sont contre eux sont des nazis, ou
des « racistes blancs ». Ils ont fait
leurs preuves à Charlottesville, ville
qui a le privilège d’avoir un maire juif
qui a choisi sa police urbaine. Bien des
militants juifs ont rappliqué, il en est
venu depuis Boston. Après
l’échauffourée, les journaux ont glapi :
les nazis attaquent les juifs !
Le président Trump
a condamné les deux parties, les
nationalistes blancs et les antifas.
C’est exactement ce qu’espéraient ses
adversaires. Sa tentative pour rester
au-dessus de la mêlée était condamnée à
l’échec : les hégémonistes libéraux ont
aussitôt brandi leurs épithètes
habituels : néonazi et raciste. Trump
leur a rappelé que tous les défenseurs
du monument n’étaient pas des racistes
blancs, mais cet argument n’a nullement
fait mouche.
La réponse publique
au cri de guerre « raciste! », véritable
coup de sifflet pour chien, a été
écrasante. Les rabbins ont dit qu’ils ne
voulaient plus que Trump leur téléphone
et leur souhaite de bonnes fêtes
juives. 300 juifs, anciens camarades de
promotion de Mnuchin, le secrétaire
d’Etat, l’ont supplié de démissionner
(Et s’il y avait trop d’élèves juifs à
Yale ? Où est donc passée la diversité,
là-bas ?)
L’écrivain juif
connu Michael Chabon a appelé Ivanka à
tuer son père, avec une formule magique,
en portant le grand deuil pour un
président encore en vie. Les juifs
croient que cela doit tuer un vivant
aussi sûrement qu’une balle. Il faut
lire le
pavé hystérique de Chabon pour le
croire. « Maintenant tu le sais, que
Trump est un antisémite, un sympathisant
nazi, un ami du Ku Klux Klan haïsseur de
juifs », a-t-il déclaré. Et ils sont de
plus en plus nombreux, les juifs qui
réclament la destitution de Trump le
raciste ET antisémite.
Malgré cela, les
non-juifs ont repris le refrain
docilement tandis que les juifs les
manipulaient comme une caisse de
résonnance. Des industriels se sont
retirés du conseil présidentiel, des
généraux ont publié un désaveu de leur
commandant en chef, des milliers de
non-juifs ont participé à des marches et
à des rassemblements contre les
« racistes blancs ». Bref, les juifs ont
joué en équipe, et ont dicté les règles
du jeu. Très très peu de gens ont offert
une défense argumentée de Trump. Ils
auraient été ostracisés, s’ils avaient
osé, et Trump a fait comprendre qu’il ne
va pas se battre pour ses amis. Si sa
position sur Flynn n’avait pas suffi,
son renvoi de Bannon l’a prouvé.
Dans le climat
politique actuel, personne n’est
autorisé à parler contre la vision
hégémoniste. Si vous le faites, vous
êtes un raciste blanc, et donc votre
opinion n’est pas simplement rejetée,
elle est déclarée aussi illégale
qu’inadmissible. C’est ça l’hégémonie :
c’est quand un point de vue opposé est
privé de la moindre légitimité.
On peut invoquer le
racisme (qui sera toujours préférable à
la cupidité, qui est un péché mortel, le
racisme relevant de la défense naturelle
d’un territoire tribal), mais c’est
difficile, et parfaitement futile. Avant
Trump le raciste, il y a eu Trump
l’espion russe, qui avait été précédé
par Trump le pinceur de fesses. On
trouvera encore de nouvelles raisons
pour le destituer, qui en douterait.
Mais il est
désormais plus facile de retourner
l’arme du racisme contre l’adversaire,
parce que l’adversaire juif de Trump est
aussi raciste qu’un éventuel membre du
KKK, ou pire. La semaine dernière on a
appris qu’en Israël les colons avaient
implanté un
panneau de signalisation qui dit
« la zone où vous vous trouvez est sous
contrôle juif. L’entrée est
absolument interdite aux Arabes et
constitue un danger mortel pour vous. »
Vous n’auriez jamais pu trouver de
panneau semblable dans les Etats
sudistes, même au temps de Jim Crow ! Y
a-t-il eu la moindre riposte du côté des
juifs américains « antiracistes » ?
C’est une question rhétorique,
évidemment.
N’importe quel
numéro d’un quotidien juif vous
offrirait des échantillons suffisants du
racisme juif. Ici c’est un rabbin qui
appelle à exterminer les goys
(comme les vermines qu’ils sont), là ce
sont les juifs qui volent leur terre aux
Palestiniens, là encore on a des juges
juifs qui approuvent un vol caractérisé
qui fait passer des maisons chrétiennes
entre des mains juives.
Y a-t-il quelque
chose que Trump ne saurait pas? Et s’il
est au courant, pourquoi ne s’en sert-il
pas pour sa défense ? Là, ce n’est pas
une question rhétorique. La réponse,
c’est qu’il a choisi de s’allier avec
les juifs sionistes contre les juifs
libéraux. C’est la méthode choisie par
l’extrême-droite en France, en Grande
Bretagne, en Hollande, en Suède.
Peut-être que ça été utile quelque temps
(pour avoir accès aux médias dominants),
mais comme tout outil immoral, la chose
a une durée de vie limitée. Les
sionistes sont, pour le peuple juif,
comme un fonds pour se couvrir, ceux qui
parient contre le paradigme régnant. Ils
ne peuvent pas vous faire chérir par les
patrons des médias de masse, leur statut
auprès du gouvernement mondial est
extrêmement hasardeux. Les sionistes
juifs peuvent pour un temps vous
protéger de l’accusation
d’antisémitisme, mais ils vous
poignarderont dans le dos, aussitôt
qu’il le faudra.
Non que les
sionistes juifs ne servent à rien. Les
sionistes sont utiles, dans un domaine
en particulier : ils sont excellents
pour révéler le racisme juif caché. Les
militants palestiniens, parmi lesquels
il y a des juifs aussi, peuvent
expliquer ça aux Américains. Le livre
d’Alison Weir et son site s’appellent
« Si les Américains savaient », et tout
y pointe sur cela. Norman Finkelstein
peut en rajouter, de même qu’un bon
nombre de juifs et de non juifs qui ont
l’expérience du soutien aux
Palestiniens.
Il est possible de
battre les juifs et leur entourage au
petit jeu du « sus au raciste » en s’en
prenant au racisme israélien. De fait,
c’est la seule chose qui marche, toute
autre approche est vaine. Bannon a
proclamé son sionisme, et il a fini en
goy qu’on met à la porte. Richard
Spencer a dit qu’il adorait Israël, et
le voilà traité en paria. Le président
Trump a suivi la même pente, qui mène à
la défaite et à être rayé de la carte.
Les nationalistes américains qui
défendent le sionisme ont perdu leur
supériorité morale et n’ont rien obtenu
en échange.
Prendre position
contre le racisme israélien est non
seulement moral, c’est pratique et
réaliste. C’est la voie pour résoudre le
conflit israélo-palestinien. Exigez
qu’Israël abroge ses lois « sudistes » à
la Jim Crow. Laissez les Palestiniens
avoir les mêmes droits, les mêmes que
les juifs en Terre sainte. Qu’ils aient
le droit de vote, le droit à l’égalité
dans l’emploi, la liberté de mouvement
dans les mêmes autobus que les juifs.
Un Etat palestinien
séparé et indépendant, ça ne suffit pas,
surtout si on garde à l’esprit que les
Juifs n’ont aucune envie d’en être les
garants. Rappelez-leur plutôt que les
Combattants juifs pour la liberté ne
défendaient pas l’idée de bantoustans
séparés pour les noirs, mais l’égalité
pour les noirs et les blancs dans tous
les Etats Unis d’Amérique. C’est la même
attitude qu’il faut appliquer en Israël
Palestine ; elle est là, la solution.
Si vous voulez
leur casser la baraque, appelez à la
démolition du mémorial au négrier juif
David Levy Yulee[1],
qu’on appelait “l’avaleur de feu de
Floride » pour sa rhétorique enflammée
en faveur de l’esclavage au Sénat US. Il
avait démissionné de son siège de
sénateur pour soutenir la Confédération,
mais sa statue se dresse toujours très
haut à Fernandina, sur l’île Amelia, en
Floride, comme l’a
confirmé Michael Hoffman qui
remarque que ni l’Anti Defamation League
ni le Centre de lois sur la pauvreté au
Sud (SPCL) n’ont jamais appelé à
l’abattre. C’est le moment d’exiger de
la Floride qu’elle abroge sa désignation
officielle de « Grand Floridien », qui
date de 2000.
Je recommanderais
au président Trump d’en appeler au
meilleur côté de la nature humaine : si
vos concitoyens américains veulent moins
de racisme, eh bien il faut aller dans
ce sens, en rejetant le sionisme. Et
foncez pour appliquer votre ordre du
jour. Monsieur le Président, j’ai
constaté avec une vive satisfaction
que vous vous êtes débarrassé de la
Corée du Nord, et que vous vous êtes
référé à Jeff Bezos, votre ennemi juré.
Mais il reste votre projet pour
l’Afghanistan, qui est une erreur. Cela
ne vous vaudra aucune gloire. Il
vaudrait mieux vous en tenir au plan de
départ, c’est à dire limiter les pertes
et vous retirer d’Irak, d’Afghanistan et
de Syrie avant que le retors Netanyahou
vous embringue dans une guerre que vous
n’aurez pas choisie. Commencez à ramener
chez vous troupes et bases. Faites mieux
qu’Obama : démolissez le bagne de
Guantanamo et rendez l’enclave aux
Cubains, avec les prisonniers qui y sont
encore. Laissez-les se débrouiller avec
les propriétaires.
Il est parfaitement
superflu de vous mettre les noirs à dos.
Il n’y a rien à y gagner. Ils ne sont
pas contre vous, ils ne sont pas contre
les blancs, ils ne sont même pas contre
les nationalistes. Ils sont en partie
blancs, en général. Certes, la
surestimation de la contribution des
noirs à la civilisation américaine,
obligatoire selon le dogme de la
diversité, peut être pesante, surtout
dans la mesure où c’est censé offrir une
couverture pour cacher leur taux
excessif d’incarcération. Occupez-vous
de cette question. Il y a beaucoup trop
de pensionnaires dans le goulag US.
Ramenez leur nombre au niveau des années
1970, par exemple. Abrogez les lois
Clinton draconiennes. Et vous serez
appelé Trump le Libérateur, et la
principale raison pour le grossissement
artificiel du facteur noir s’évanouira
d’elle-même.
Une révolution de
couleur, on peut la mater en tenant
fermement la barre, par l'arrière. Vous
êtes golfeur : gardez les yeux fixés sur
votre balle, Monsieur le Président.
[1] Wikipedia lui
rend un vif hommage, et conclut :
« David Levy Yulee est le fondateur et
propriétaire de la plantation
de canne à sucre devenue le site
historique d'État de Yulee Sugar Mill
Ruins, détruite pendant la guerre
de Sécession, employant plus
de 1 000 esclaves.
La ville de Yulee et
le comté
de Levy en Floride sont nommés en
son honneur ».
Pour joindre
l'auteur: adam@israelshamir.net
Traduction et
notes: Maria Poumier
Publication
originale:The
Unz Review.
Le sommaire d'Israël Shamir
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