Analyse
L'hypocrisie au sommet du G20
Israel Adam Shamir

Israel
Adam Shamir
Vendredi 27 octobre 2020
Les dirigeants du
G20 sont parvenus à un consensus d'une
ampleur déjà observée lors des sommets
du Pacte de Varsovie. Bref : ils veulent
nous vacciner, puis, avant qu'on se
remette à bouger, passer à la lutte
contre le réchauffement climatique. Si
nous survivons aux masques et aux
vaccins, c'est l'austérité qui tuera les
survivants. Vous vous souvenez
qu'avant la pandémie, il y avait Greta ?
Greta reviendra, dès que tout le monde
aura reçu sa petite piqûre. Ce programme
"Sauvez le monde" (Save-The-World)
s'adresse à une partie importante de
l'humanité, y compris les Russes, les
Européens, les Américains. D'abord, une
bonne petite piqûre pour nous sauver ;
ensuite, on visera plus haut: nous faire
sauver la planète du réchauffement. Une
grande partie de ce programme de
sauvetage du monde est tout droit sortie
d'une bande dessinée. Prenons maintenant
le temps de regarder ce qui se passe.
Pendant que vous
passiez votre week-end aux préparatifs
de Thanksgiving, les dirigeants de vingt
des plus grands pays du monde ont tenu
leur sommet en ligne. D'habitude, ils se
réunissent, discutent, abordent des
problèmes dans les couloirs - cette
fois, tout était en ligne. Bien que le
sommet ait été officiellement accueilli
par l'Arabie saoudite, Zoom c'est Zoom -
les hôtes du sommet ont eu peu
d'occasions de montrer leur hospitalité.
Et il y a eu peu de controverse. Les
dirigeants étaient généralement d'accord
entre eux.
Le principal
opposant - le monstre orange, alias le
président Trump - aurait pu lancer un
bâton dans les rayons du chariot, mais
il n'avait pas le temps de le faire. Il
était plongé dans sa bataille pour la
Maison Blanche devant les tribunaux, et
pendant son temps libre, il jouait au
golf.
Le précédent sommet
du G20 avait eu lieu en mars, et là, ils
avaient décidé de lancer les
confinements et de détruire le monde tel
que nous le connaissions. Avant mars,
l'obsession du Covid était encore un
souci minoritaire. Les Russes se
contentaient d'en rire. Après la
décision du G20 de mars, c'est devenu la
priorité absolue. Le sommet de novembre
a confirmé les décisions de mars et il
est allé plus loin, beaucoup plus loin.
Alors que le
président Poutine soulignait lors du
sommet que le principal danger pour le
monde est le chômage, la pauvreté et la
dépression économique d'une ampleur sans
précédent, d'autres intervenants ont
donné l'impression qu'ils étaient
satisfaits de la situation actuelle, car
elle permet de tout reconstruire.
"Reconstruire en mieux": c'est
précisément le slogan de Joe Biden.
Pour certains, le
Covid est un fléau, mais pour nos
dirigeants, c'est une fenêtre d'Overton.
Ils feraient mieux de croquer dans un
citron avant de parler. Bien sûr, cela
n'aidera en rien contre le Covid, mais
au moins cela effacera les sourires
béats de leurs têtes à claque.
("Vous feriez mieux
de croquer dans un citron, avant de
minauder", conseil donné à une dame qui
se plaignait d'excès d'attention
masculine à son endroit, en Italie).
Le leader chinois
Xi a proposé d'introduire un puçage avec
des codes QR mondiaux afin que, sans
eux, les gens ne puissent pas se balader
de manière irresponsable sur la planète.
Personne ne s'y est opposé, mais ils
n'ont pas non plus soutenu cette
initiative. Xi redoute que les
Occidentaux rusés n'imposent leurs
propres passeports sanitaires permettant
de voyager uniquement aux personnes
ayant reçu des injections de vaccins
occidentaux. Cette possibilité inquiète
également Poutine, car la Russie aussi a
mis au point deux ou trois vaccins. Si
les vaccins chinois et russes ne sont
pas reconnus par l'Europe, leurs
populations ne pourront pas voyager.
L'OMS estime que ce
virus n'est pas le dernier ; il y aura
d'autres pandémies, et seuls les
vaccins, les masques et les généreuses
contributions à son budget nous
sauveront. Ils ont également promis une
nouvelle vague de Covid en janvier, puis
une autre, et ainsi de suite jusqu'à ce
que la terre entière soit vaccinée. Pour
aider les pays pauvres, les dirigeants
ont déclaré que le remboursement des
dettes pourrait être reporté et que des
vaccins seront fournis gratuitement aux
nations impécunieuses. Gratuit pour eux,
mais c'est vous qui les paierez.
(Non pas qu'ils
en aient besoin. Les pays pauvres ne
souffrent pas de Covid. La Mongolie,
voisine de la Chine, malgré une
frontière ouverte avec la Chine, n'a pas
eu de Covid. Pauvre Cambodge, idem.
L'Afrique, aucun, sauf l'Afrique du Sud.
)
Les représentants
de l'Union européenne ont appelé à une
reconstruction globale - "BBB, Build
Back Better", reconstruire en
mieux). C'est-à-dire que nous allons
tout reconstruire, mais "en mieux",
selon des normes inclusives, écologiques
et durables. Et beaucoup plus coûteuses.
Et à vos dépens. La lutte pour le
climat, c'est l'austérité sous un autre
nom ; ce qui implique une baisse
radicale du niveau de vie. Nous nous
serrerons la ceinture, et nous allons
regretter que le Covid ne nous ait pas
soulagés d'un tourment inutile.
Dans les forums
précédents, Trump n'avait cessé de
s'exprimer contre la lutte contre le
réchauffement, mais cette fois-ci, il
s'est résigné. Et son successeur
probable, Joe Biden, s'est déjà engagé à
remettre l'Amérique sur les rails de
l'OMS et de l'accord de Paris sur le
climat.
La reconstruction
du monde, la nouvelle perestroïka,
semble donc aussi inévitable que celle
de Gorbatchev en 1986. La perestroïka
russe a tué plus de gens que le goulag
de Staline ; elle a détruit les moyens
de subsistance de millions de personnes.
La richesse du peuple russe a été pillée
par MM. Abramovitch, Deripaska et
d'autres. Dès les premiers jours de ces
changements, une minorité de Russes
n'était pas optimiste quant à l'issue,
mais ils ont été marginalisés et leurs
voix ont été réduites au silence. Il en
va de même pour les mécontents et les
dissidents - si les 20G empruntent tous
cette voie désastreuse, cela est presque
inévitable. Je ne sais pas ce qui est le
pire, le verrouillage universel grâce au
Covid ou l'austérité climatique, mais il
n'est pas nécessaire de trancher car
nous aurons les deux.
Quelques chiffres
concernant l'austérité climatique. La
perestroïka russe avait réduit les
émissions de CO2 de 5 % année après
année pendant dix ans. La Grande
Dépression avait fait mieux : une baisse
de 10 % des émissions année après année.
Des millions d'Américains sont morts
(Relisez Les Raisins de la colère),
et personne ne leur a dit qu'ils étaient
en train de sauver la planète. Des
chercheurs optimistes du Global Carbon
Project affirment que les émissions
devraient être réduites de 5,5 % par an
au cours des 45 prochaines années. C'est
un effondrement mortel ; ce que nous
avons maintenant, c'est un aperçu de ce
qu'ils nous réservent, à nous et à nos
enfants. (Vous pouvez consulter les
chiffres
ici).
Cela ne dérange pas
les Chinois, car ils n'ont rien contre
les restrictions, la reconnaissance
faciale et le passeport sanitaire. Leur
film populaire
The Wandering Earth montre un
monde qui lutte contre le réchauffement
climatique à la manière chinoise et
dépeint un avenir si sombre que 1984
paraît une riante utopie à côté. Malgré
cela, le public chinois le considère
comme un film positif et encourageant.
Nous ne devrions pas accepter les
méthodes chinoises de lutte contre les
maladies ou le changement climatique, ni
même la gouvernance générale. Elles sont
trop étrangères pour nous.
S'ils insistent sur
la lutte contre le réchauffement
climatique, commençons par eux
personnellement. Laissons Gore et Greta
et leurs partisans vivre écologiquement
avec un salaire moyen. Ce n'est pas
difficile de vivre écologiquement si
vous êtes millionnaire. Faites-le avec
un revenu moyen. Après avoir payé
l'électricité, l'eau, les impôts, les
transports, l'école, vous ne penserez
plus à payer encore plus pour rendre
votre voiture "verte" et neutre en CO2.
Vous serez heureux de survivre comme ça.
J'en ferais une loi : tout militant
écologiste devrait renoncer à ses
actifs, les mettre en lieu sûr, et gérer
sa vie verte avec le revenu moyen local
pendant au moins un an.
Le sommet a appelé
à poursuivre la numérisation, à
accroître les flux d'information
transfrontaliers, à combiner
l'enseignement à distance avec
l'enseignement traditionnel. Une
certaine numérisation est peut-être
inévitable, mais en avons-nous besoin de
plus ? Nous avons besoin de plus de
liberté, et la numérisation semble être
fortement répressive. C'est un bon outil
pour la tyrannie. Tout tyran
d'autrefois, qu'il s'agisse d'Hitler ou
de Borgia, aurait pu faire bien mieux,
s'il avait pu compter sur Zuckerberg.
Nous devons mater les géants numériques,
les taxer à fond, leur rendre la vie
impossible, changer leur PDG par le vote
des utilisateurs au moins une fois par
an.
L'enseignement à
distance est probablement la pire
innovation de ce genre. Et les gens
riches le savent bien. À New York,
les écoles publiques ont été interdites,
mais les écoles privées ont fonctionné
normalement, car l'enseignement à
distance ne vaut pas mieux que
l'apprentissage par la télévision.
Il tue également le tissu et les
habitudes sociales, rendant les enfants
grossiers et incapables de communiquer.
Et c'est inutile, car les enfants
n'attrapent pratiquement pas le Covid.
La principale raison de
l'enseignement à distance est de rendre
nos enfants encore plus stupides qu'ils
ne le seront probablement de toute façon
après avoir regardé YouTube sans limite.
Autre raison: les rendre asociaux et
incapables d'agir ensemble contre leurs
supérieurs. Cela devrait être carrément
interdit, et non encouragé.
Une
déclaration détaillée a été préparée
et rédigée avant le sommet, puis
confirmée par les dirigeants. Elle
contient également la ratification de la
précédente déclaration de mars qui a
lancé la marche triomphale des
confinements dans le monde entier.
Bien entendu, le
sommet n'a pas pris de décisions
contraignantes - il n'y a que des
déclarations d'intention, mais elles
sont détaillées et sans ambiguïté. Les
vaccinations, une lutte perpétuelle
contre les pandémies, se transformant en
douceur en une lutte contre le
réchauffement climatique, et plus
d'austérité accompagnée de codes QR pour
tous à l'échelle mondiale. Ce que nous
avons déjà, c'est ce que nous aurons,
c'est ce qu'ils ont décidé. Les masques,
c'est maintenant et pour toujours, Biden
a parlé de "devoir patriotique".
Les dirigeants ont
convenu de renforcer l'OMC (les
États-Unis reviendront à ce qu'ils
étaient auparavant, sous Biden) et de
s'efforcer de créer un système fiscal
mondial unifié. Le FMI sera au centre
des efforts visant à coordonner les
cryptomonnaies en relation avec les pays
débiteurs, les banques et les autres
institutions financières. Certains
analystes s'attendaient à ce que le
dollar cesse d'être la monnaie de
réserve, mais cela n'a pas encore été
débattu.
Dans la discussion
en cours entre le mondialisme libéral et
le nationalisme, le G20 a opté pour le
mondialisme et le libéralisme sous
stéroïdes. Bien que le président Trump
espère toujours solder les élections en
sa faveur, le G20 a déjà emprunté
l'option Biden. C'est difficile à
comprendre, car l'OMC, le FMI et l'OMS
sont universellement détestés par les
Russes, les Américains et de nombreux
Européens également. C'est une décision
triste et qui met mal à l'aise.
L'humanité a fait
un grand pas vers l'unité lors de ce
sommet. Je ne suis pas sûr qu'il faille
s'en réjouir. Le désaccord est quelque
chose de dangereux et conduit à des
guerres, mais l'unanimité peut être
encore plus dangereuse si c'est
l'unanimité des experts et non des
peuples.
Une pensée
réconfortante quand même, contre le
désespoir : des déclarations d'unité
avaient déjà été adoptées plus tôt,
notamment lors de la création de la
Société des Nations et de l'ONU, mais
les désaccords ont ensuite pris le
dessus et une diversité d'opinions bénie
est revenue. Je ne pense pas que nous
soyons mûrs pour une telle unité.
Joindre l'auteur :
adam@israelshamir.net
Source :
The Unz Review.
Traduction : Maria Poumier
Le sommaire d'Israël Shamir
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