Opinion
Félicitations, les gars !
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Jeudi 10 novembre 2016
Quel bonheur, de s’être levés assez tôt
pour suivre les dernières minutes de la
course historique entre le champion des
« déplorables » et la meilleure amie des
banquiers, et de voir Trump en sortir
vainqueur ! Merci Seigneur de m’avoir
permis de voir toutes ces scènes, et qui
plus est, depuis Jérusalem, où je me
trouve en ce moment, au soleil. Et merci
à nos amis américains, d’avoir remporté
cette victoire. Vous n’avez pas eu peur
quand on vous a traités de racistes
ringards, vous n’avez pas flanché quand
la CNN a dit, encore hier, que la
Clinton avait 96% de chances de gagner.
Vous ne vous êtes pas rassis avec une
bouteille de bière, vous êtes
quand même allés voter, que Dieu vous
bénisse.
Et merci aussi à ceux qui ont voté
contre Trump. L’ex-président Bush a dit
qu’il n’avait pas voté pour Trump, et
là, je me suis senti gâté. Je suis
tellement heureux à l’idée que nous ne
devions rien, pas le moindre petit
bulletin de vote, aux belliqueux
bushistes. Ce serait très gênant de se
retrouver dans le même camp que le
boucher de l’Irak. John McCain a même
essayé de poignarder Trump, et ne l’a
pas soutenu, excellente nouvelle. Le
patron du FBI a succombé aux pressions
et a soutenu la Clinton au lieu de s’en
tenir à la loi, bon débarras !
Dieu vous bénisse, mes collègues et
éditorialistes de ces vrais grands
médias américains que sont Ron Unz de
Unz.com, Jeffrey St Clair de
Counterpunch.org, Justin Raimondo
d’Antiwar.com. En attaquant les médias
officiels corrompus, vous avez sauvé la
dignité et le sens de votre profession,
vous avez fourni des analyses et des
opinions aux travailleurs qui
réfléchissent en Amérique.
Dieu te bénisse, Julian Assange de
Wikileaks, depuis ta chambre sans
fenêtre à l’ambassade équatorienne de
Londres ! Tu as tellement fait en
publiant les documents auxquels personne
n’osait toucher. Sans toi, le peuple
américain ne saurait rien des sales
manigances de la Convention démocrate,
et des complots de Podesta. Tu as étalé
leurs plans secrets. Ces découvertes
donneront beaucoup de grain à moudre aux
médias de demain. Que le président Trump
pardonne à Julian, parce que tout ce
qu’il a fait, il l’a fait pour nous,
dans la grande bataille contre les
sinistres globalistes. Et, dans la
foulée, qu’il pardonne aussi à Edward
Snowden et à Bradley Manning, qu’ils
puissent rentrer chez eux avec les
honneurs mérités.
Aujourd’hui, le monde a évité un grand
danger. Nous avons scruté les abîmes de
l’Armageddon, et nous en sommes écartés
en vitesse. Maintenant, le monde va
pouvoir régler ses nombreux problèmes.
Les guerres du Moyen Orient vont bientôt
prendre fin. Avec la déroute de la reine
de Daech Killary, les rebelles
fanatiques vont quitter Alep et regagner
leurs bases dans le désert d’Arabie, ce
qui permettra aux Syriens de
reconstruire leur magnifique pays. Que
les Saoudiens hébergent et se chargent
de nourrir les gangs d’Isis, ils
deviendront peut-être de bons
conducteurs de chameaux. Il y a assez de
place en Arabie saoudite pour tous les
djihadistes, laissons-les s’y rendre et
y rester.
L’amitié avec la Russie va désarmer
l’autre source de danger, l’Europe de
l’Est. Les va-t-en guerre de l’Otan
partiront à la retraite cultiver leurs
concombres. L’Estonie sera bien plus en
sécurité, de fait, sans les chars US. Le
monde n’a pas besoin de toutes ces armes
de destruction massive ; les
financements peuvent servir à autre
chose, comme des soins médicaux
abordables pour la moyenne des
Américains. ; ou pour mettre à jour les
infrastructures, comme l’a dit Trump.
La stratégie visant les minorités n’a
pas marché. Les femmes, les femmes
blanches d’Amérique, ont voté pour Trump,
alors même qu’on leur ordonnait de
marcher derrière la petite sœur de
madeleine Albright. Les citoyens US
d’origine mexicaine savaient qu’ils
étaient utilisés par des gens qui ne se
soucient nullement d’eux, et ils n’ont
pas éprouvé le moindre besoin d’aller
voter pour Clinton.
Et les juifs ? Je vais vous étonner :
malgré beaucoup de sombres pronostics
dans l’autre sens, les Israéliens ont
été satisfaits de la victoire de Trump.
Les citoyens US vivant en Israël ont
voté pour Trump. Les juifs religieux (en
Israël et aux US) ont voté pour Trump.
Il y a eu une grande hystérie dans
le camp progressiste juif, chez les
juifs gays et ostentatoires, ou parmi
les juifs financiers, mais ce n’est
qu’une petite partie de la population
juive, quoique teigneuse.
Naturellement, les propagandistes à gage
d’Hillary prétendaient que tous les
juifs soutenaient Billary, et
redoutaient Trump. Masi toutes les
femmes juives ne s’appellent pas Janet
Yellen ; tous les hommes juifs ne
s’appellent pas George Soros (qui est
très impopulaire en Israël) ou Lloyd
Blankfein, le directeur général de
Goldman Sachs. Les juifs conservateurs
et pratiquants n’aimaient pas qu’on les
embringue dans les attaques contre la
normalité en matière de genre, ce qui
semble être le sujet favori dans le camp
Clinton.
L’idée de Trump d’un mur frontalier est
déjà une réussite en Israël, parce qu’il
en existe déjà un, entre Israël et le
Sinaï égyptien. Avant que le mur soit
construit, des dizaines de milliers
d’Africains inondaient Israël, à la
recherche d’un emploi ; depuis que le
mur a été achevé, ils ne sont plus guère
qu’une centaine à avoir réussi à passer.
La gauche israélienne demandait qu’on
reconnaisse tous les droits aux réfugiés
d’Erythrée et du Soudan, qui logeaient
dans le voisinage des quartiers juifs
pauvres. Cela aggravait encore les
choses, et le mur a tout réglé d’un
coup.
Bref, le « soutien de tous les juifs »
était aussi mensonger que le
« soutien de toutes les femmes ». On
peut s’attendre à ce que les juifs se
dotent de nouveaux dirigeants
communautaires, pour remplacer
l’ancienne direction, fortement entachée
de haine envers la classe ouvrière
blanche et l’église chrétienne. C’est
possible, car les juifs sont très
flexibles, et en général ils perçoivent
très bien la différence entre ce qu’ils
souhaitent et ce qu’ils peuvent obtenir
dans les faits.
Les Palestiniens que j’ai rencontrés ces
jours-ci à Jérusalem, à Bethléem et à
Ramallah ne regrettent pas du tout la
chute de la maison Clinton. Ils n’ont
rien obtenu des présidents démocrates.
Ils obéissaient à l’Aipac, et
s’empressaient d’opposer leur veto à
chaque résolution pro-palestinienne. Y
a-t-il une solution au conflit
israélo-palestinien ? Oui, et elle
s’appelle la solution à un seul Etat.
Qu’Israël finisse d’absorber tous les
territoires palestiniens avec leurs
populations et leur donne l’égalité des
droits, comme les Américains l’ont fait
avec leurs minorités. La campagne pour
l’égalité des droits aux US a été très
populaire chez les juifs américains, ils
vont certainement adorer remettre ça en
Israël…
Les Russes sont abasourdis par la
victoire de Trump. Certes, bien des gens
la souhaitaient et priaient pour Trump,
mais pratiquement tous les Russes que je
connais étaient archisûrs que la Clinton
gagnerait malgré les vœux du peuple.
Après avoir été manipulés pendant des
années, les Russes avaient perdu leur
foi dans les processus démocratiques.
Ils étaient certains que les banques, le
Pentagone, la Cour suprême et les médias
feraient passer la Clinton en force. Mes
amis des médias russes pro-Kremlin ne
croyaient pas qu’aux US, les gens
pourraient passer outre les Maîtres du
Discours. Gens de peu de foi, leur
disais-je, tout peut arriver si nous le
voulons. Maintenant ils ont appris que
tout n’est pas « sxyacheno » (plié,
concerté et décidé d’avance).
La victoire de Trump est le grand
triomphe de la démocratie, le second
après le Brexit. Deux fois en un an,
Anglais et Américains ont fait la preuve
qu’ils peuvent réaliser ce qu’ils
veulent, même si les élites
globalisantes des banquiers et des
médias se dressent face à eux. Espérons
que les élections en Europe vont suivre
ce nouveau schéma de la vraie
démocratie, à la place des singeries de
ces dernières années. La France pourrait
être la première à décrocher son Trump,
sa Marine.
Si la Clinton avait gagné, il y aurait
plus de wc transgenre, plus
d’immigrants et plus de guerres. Rien de
très réjouissant. Nous entrons
maintenant dans tout un monde de
nouvelles idées et de nouvelles actions
d’éclat. Il y a des centaines de
suggestions mûres à mettre en œuvre.
Donald Trump peut s’inspirer de Kennedy,
et mettre en route immédiatement un
débat à l’échelle du pays sur ce qui
peut être fait. Trump peut capter
l’énergie des masses comme cela n’a pas
été fait depuis un siècle. Et les
partisans de Sanders qui ont été trahis
la veille peuvent prendre une place
éminente dans cette transformation.
C’est la partie la plus intéressante et
la plus dangereuse qui commence
maintenant, après l’élection. Le New
York Times a déjà fait une
proposition: “Trump peut être un bon
président. Il faut juste qu’il oublie la
plus grande partie de ce qu’il disait
pendant la campagne”. Ce qui est bon
pour le New York Times est
mauvais pour ceux qui ont voté Trump et
ceux qui le soutiennent. Espérons qu’il
saura éviter le danger de se faire
coopter par les gens qui l’ont conspué
hier. Laissons-le donner forme à ses
idées. Et aidons-le à nous conduire vers
un monde meilleur et plus neuf.
Joindre l’auteur :
adam@israelshamir.net
Original publié par The
Unz Review.
Traduction : Maria Poumier
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