Analyse
La fin du libéralisme
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Lundi 8 juillet 2019 La Russie savoure
son été si bref. La phobie du
réchauffement global n'a pas réussi à
pénétrer ses limites givrées. Tandis que
le midi de la France connaît la
canicule, que la Californie est en feu,
et que les forces progressistes
manifestent contre le climat, les Russes
haussent les épaules, incrédules. Ils
n'auraient rien contre un peu de
réchauffement climatique. Ici, la
température ne dépasse que rarement de
confortables 22 petits degrés, et
maintenant, début juillet, ça stagne
autour de 15°. L'été, c'est la meilleure
saison pour un pays qui est recouvert de
neige la plus grande partie de l'année.
C'est maintenant qu'on peut s'enfoncer
dans la campagne profonde, et découvrir
d'anciennes forteresses ou des églises,
sans trop souffrir.
S'il vous est
arrivé de vous balader en Russie au-delà
de Moscou, vous avez sûrement quelques
histoires horribles à raconter sur les
routes atroces, la nourriture et
l'hébergement, ou plus exactement le
manque de toutes ces choses. Cela a
d'ailleurs changé, et cela continue.
Maintenant il y a des autoroutes
modernes, des cafés et des restaurants à
profusion, et les petits hôtels
pullulent; la robinetterie est au niveau
des normes européennes; les vieilles
perles de l'architecture ont été
restaurées somptueusement; les gens
vivent mieux que jamais auparavant; Ils
continuent à se plaindre énormément,
mais c'est dans la nature humaine. Les
Russes, jeunes et d'âge moyen, possèdent
ou affrètent des bateaux pour sillonner
les fleuves et autres cours d'eau; on
s'achète des villas ("datchas") plus
que partout ailleurs. Ils voyagent à
l'étranger pour leurs vacances, paient
des sommes colossales pour assister aux
concerts des célébrités de passage, font
du vélo en ville, bref, la Russie est
devenue aussi prospère que les autres
pays d'Europe. Cette prospérité durement
acquise et sa longévité sur le plan
politique permettent au président
Poutine de poursuivre ses propres
objectifs en matière internationale. Il
est parmi les rares dirigeants
expérimentés sur la planète qui tiennent
encore, au bout de vingt ans, au poste
le plus élevé. Il a rencontré trois
papes de Rome, quatre présidents US, et
bien d'autres dirigeants. C'est
important: le Premier ministre Mahathir
Mohamad, âgé de 93 ans, qui a gouverné
la Malaisie pendant 40 ans et qui a été
élu à nouveau, a dit que les dix
premières années à la tête d'un pays, on
les passe à apprendre à quoi se
raccrocher, et que c'est seulement au
bout de vingt ans qu'on devient efficace
dans l'art de gouverner. Le premier
ennemi que doit affronter un dirigeant,
c'est son propre establishment: médias,
armée, services d'intelligence et juges.
Tandis que Trump en est encore à perdre
dans ces bagarres, Poutine s'en est bien
sorti, grâce à ses techniques d'esquive,
de judoka.
Une petite tempête
s'est récemment levée dans les médias
russes, lorsqu'un jeune journaliste a
été détenu par la police, et qu'une
petite quantité de drogue a été
découverte, supposément, sur sa
personne. La police a commis plusieurs
fautes dans la gestion de l'affaire. Ils
ont peut-être planté de fausses preuves
de façon à coincer le jeune homme; et
peut-être qu'ils avaient commis ces
fautes évidentes afin de coincer le
gouvernement. La réponse a été terrible,
comme si toute l'affaire avait été
préparée bien à l'avance par
l'opposition enragée, afin de provoquer
et de réveiller la colère populaire
contre la police et l'administration.
Poutine dans ce cas précis, au lieu de
soutenir la police, comme il le fait
habituellement, a fait relâcher le
journaliste et arrêter les officiers de
police les plus âgés. Et cette réaction
par l'esquive a été un coup de maître
contre le montage de l'opposition.
Poutine a fait part
ouvertement, il y a peu de temps, de son
peu de goût pour le libéralisme, dans
une interview pour le
Financial Times. Ceci
constitue une hérésie majeure, comme les
Quatre-vingt-quinze thèses de Luther.
"Les libéraux ne peuvent pas imposer...
Leurs diktats, on les voit partout: tant
dans les médias que dans la vie
réelle. La simple mention de certains
sujets est censée être parfaitement
inconvenante... L'idée libérale est
devenue obsolète. Elle s'avère être en
conflit avec les intérêts de l'écrasante
majorité de la population". Poutine a
condamné le projet libéral d'immigration
encore plus massive. Il a qualifié la
décision d'Angela Merkel d'accueillir
des millions d'immigrants de "faute
cardinale"; il a "compris" la tentative
de Trump pour arrêter l'afflux de
migrants et de drogues depuis le
Mexique.
Poutine n'est pas
un ennemi du libéralisme. C'est plutôt
un libéral à l'ancienne, dans le style
du XIX° siècle. Non pas un "libéral" au
sens amémricain ordinaire, mais un vrai
libéral, qui rejette le dogme
totalitaire du gender, de
l'immigration, du multiculturarisme et
des guerres d'ingérence "humanitaire".
"L'idée libérale ne peut pas être
détruite; elle a le droit d'exister et
devrait même être défendue sur certains
points; mais elle n'a pas le droit
d'être le facteur dominant absolu."
Dans la Russie de
Poutine, le libéralisme n'est pas
exclusif, il ne représente qu'une ligne
possible de développement. Les
homosexuels ne sont ni discriminés ni
promus. Il n'y pas de parades gay, ni de
persécution de gays. Les enfants russes
ne subissent pas de lavage de cerveau
pour leur faire détester leurs pères,
pour les séparer de leurs familles et
pour les livrer à des maniaques
homosexualistes, comme cela vient d'être
révélé par un fait divers
en Italie. On n'initie pas
les gosses aux joies du sexe à l'école
primaire. Les gens ne sont pas sommés
d'adorer les transgenres et les
immigrants. Vous pouvez faire tout ce
qui vous plaît, à condition de ne pas
forcer les autres à vous suivre: voici
la première règle de Poutine, et pour
moi c'est là le vrai libéralisme.
Il y a très peu
d'immigration en Russie, malgré des
millions de demandes: les étrangers
peuvent venir à titre de travailleurs
sous contrat, mais cela ne débouche pas
sur la carte de séjour permanent ou la
naturalisation. La police contrôle
souvent les gens qui ont l'air de venir
d'ailleurs, et les déporte rapidement
s'ils les trouvent en situation
illégale. Les nationalistes russes
voudraient encore plus d'action en ce
sens, mais Poutine est un vrai libéral.
La Russie est un
Etat où les notions de "masculinité
toxique", et de "culpabilité blanche"
sont inconnues. Les garçons ne sont pas
forcés à aller vers l'homosexualité, les
filles n'ont pas à entonner des clameurs
sur le mode "Me too". C'est cette
attitude qui a fait de Poutine une
personnalité culte pour les Européens
fâchés avec l'immigration de masse, le
totalitarisme gender, la botte
des féministes et les guerres sans fin.
C'est l'une des raisons pour lesquelles
il est tellement haï par les promoteurs
du Nouvel Ordre mondial, et admiré par
les gens du commun.
Je suis sûr que cet
amour des Européens ordinaires le fait
sourire de plaisir à l'occasion. Mais
Poutine et son administration veulent
être en bons termes avec les US, avec le
Royaume Uni, et avec l'Europe. C'est
leur première priorité. Si l'Occident
n'était pas si intransigeant dans son
hostilité, la Russie serait un géant
amical. Cependant, sa longue expérience
a appris à Poutine qu'il ne peut pas se
soumettre en échange de promesses
creuses. Il veut arriver à un
accord-cadre solide avec les US, avant
toute chose. Un accord qui permettrait
aux Russes de vivre comme ils
l'entendent et d'agir dans les limites
de la loi internationale, sans devenir
l'objet de la fureur américaine.
Pourquoi Poutine
tient-il à l'assentiment américain?
Pourquoi est-ce qu'il n'arrêterait pas,
tout simplement, d'accepter les dollars?
Cela veut dire qu'il est un pion
américain, s'écrierait un zélote
bouillant d'envie d'en découdre. La
réponse, c'est que les US ont accru
énormément leur pouvoir, bien au-delà de
ce qu'ils avaient en 1988, quand Reagan
négociait avec Gorbatchev. Les années où
c'était la seule super-puissance n'ont
pas été perdues. On n'a pas intérêt à
rigoler avec la puissance américaine.
-
Les US peuvent interdire aux Russes
de continuer à commercer à
l'extérieur en dollars américains
via des banques américaines, et
l'économie russe serait coulée.
-
Les US peuvent interdire
l'exportation de technologie de
pointe en Russie, comme à l'époque
soviétique, et la Russie se
retrouverait broyée, paralysée.
-
Les US peuvent utiliser leur système
de brevets et de copyright pour
empêcher les ordinateurs russes de
fonctionner. Ils ont déjà essayé
d'interdire aux Russes d'utiliser
des scripts d'ordinateurs. Ils
peuvent bloquer tous les ordinateurs
Microsoft et Apple en Russie. Ils
peuvent interdire l'usage des
processeurs, comme ils viennent de
l'entreprendre avec Huawei.
-
Ils peuvent asséner à la Russie le
même traitement qu'à l'Iran et à la
Corée du Nord, et bannir ses
exportations.
-
Ils peuvent attaquer les réseaux
électriques russes et tout ce qui
est informatisé dans un acte de
guerre cybernétique, comme l'a
insinué le New York Times.
Certes, la Russie
est assez vaste pour survivre même à de
pareils traitements, mais les Russes se
sont habitués à la vie facile, et ils
n'aimeraient pas du tout se voir
renvoyés aux conditions des années 1956.
Ils ont pris des mesures pour prévenir
de semblables scénarios catastrophe; par
exemple, ils ont vendu une bonne partie
de leur dette US, et se sont retirés de Microsoft,
mais ce sont des choses qui coûtent cher
et qui prennent beaucoup de temps.
Poutine espère que les US renonceront à
la recherche de la domination pour
assumer une attitude
"laissez-les-vivre", comme le requiert
la législation internationale. Mais en
attendant que cela se produise, il est
bien obligé de manoeuvrer selon les
règles du jeu imposées par Washington,
et de tenter de limiter l'antagonisme.
Or un courtier
expérimenté est arrivé, en promettant
d'obtenir un accord selon les termes
souhaités. C'est l'Etat juif, et il
prétend avoir les moyens de piloter les
US dans la bonne direction. C'est là une
prétention juive traditionnelle, brandie
au cours de la première guerre mondiale
pour persuader le Royaume Uni d'accepter
le marché suivant: vous nous donnez la
Palestine, et nous amènerons les
US à entrer en guerre à vos côtés. Cette
fois-là, cela avait marché : les
Britanniques et leurs alliés avaient
ravagé Gaza; s'étaient emparés de la
Terre sainte, avaient publié la
déclaration Balfour qui promettait de
refiler la Palestine aux juifs; et en
échange, des troupes américaines
fraîches sont arrivées sur le théâtre de
la guerre, entraînant la reddition
allemande.
Cette fois, l'Etat
juif a proposé à Poutine de rompre ses
liens avec l'Iran; en retour, ils lui
ont promis de prêter main forte au
réchauffement général des relations
russo-américaines. Poutine avait une
contre-proposition encore plus digne
d'examen: laisser les US lever les
sanctions et retirer toutes ses forces
armées de Syrie, et la Russie
s'efforcera de pousser les troupes
iraniennes armées hors de Syrie en
retour. Les négociations qui s'en
suivraient autour de l'accord
Iran-Syrie amèneraient à la
reconnaissance des intérêts US et
israéliens en Syrie, puis cela pourrait
déboucher sur des négociations dans
d'autres sphères. C'était un arrangement
gagnant-gagnant qui était proposé là.
L'Iran échapperait aux sanctions; les
intérêts US-israéliens se verraient
reconnus en Syrie; le dialogue si
nécessaire entre Russie et US
s'enclencherait d'un bond. Mais Israël
n'aime pas les propositions
gagnant-gagnant. L'Etat juif veut des
victoires nettes, de préférence, sur un
ennemi brisé, humilié, lynché. Israël a
rejeté la proposition, parce qu'il
voulait que l'Iran souffre sous le poids
des sanctions. La proposition russe
avait d'abord été tâtée en septembre
l'année dernière, et avait été discutée
à huis clos au Parlement israélien, la
Knesset. Le Premier ministre Netanyahou
avait dit: "les Russes nous ont demandé
de leur ouvrir les portes à Washington".
Netanyahou rejeta les propositions
russes parce qu'il pensait que la
ré-imposition de sanctions sur l'Iran
pourrait être utilisée comme un levier
pour faire pression sur les Iraniens en
Syrie, et non le contraire, écrivit le
journaliste israélien à connaître
Barak Ravid, sur la 13°
chaîne. "Netanyahou a refusé de faire
preuve de la moindre flexibilité sur la
question des sanctions US", disait-il en
citant un personnage officiel.
Les Russes étaient
d'accord avec l'idée louche de faire se
rencontrer les conseillers à la sécurité
russe et américain à Jérusalem, en
espérant que cela conduirait à un
déblocage. Mes lecteurs se souviennent
que j'étais très préoccupé à l'idée de
cette
rencontre trilatérale d'un
représentant russe avec les va-t-en
guerre notoires que sont John Bolton et
Netanyahou. Les médias israéliens ont
joué la carte du sommet en y voyant un
point de pivotement pour la région. La
Russie romprait avec l'Iran et
pivoterait vers Israël et les US,
prédisaient-ils. Ce sera un nouveau
pacte Ribbentrop - Molotov, la Russie se
mettant d'accord avec l'agresseur: adieu
l'Iran, bonjour l'Israël.
"Et pourtant le
cadeau de la prophétie a été dérobé au
peuple d'Israël", et donné à des
écervelés, dit le Talmud toujours avisé
(Baba Batra 12b). Le représentant
russe au sommet, Nicolas Patrouchev, n'a
pas tourné le dos à l'Iran, tout en se
faisant amical avec l'Israël. Il a nié
que Téhéran soit la menace clé pour la
sécurité de la région. "Lors du sommet
trilatéral de Jérusalem, la Russie est
aux côtés de l'Iran, contre Israël et
les US. L'officiel russe chevronné s'en
tient à la version de Téhéran selon
laquelle le drone US a été abattu dans
l'espace aérien iranien, et il défend
les droits des troupes étrangères à
rester en Syrie malgré l'opposition
israélienne", telle est la conclusion du
Times of Israel.
La Russie est
amicale avec Israël, parce que beaucoup
d'Israéliens sont liés à la Russie par
la naissance, ou par l'origine de leurs
parents. Une raison encore plus forte en
est que les juifs sont aux manettes aux
US, et que l'Etat juif peut ouvrir bien
des portes à Washington. Les juifs et
l'Etat juif pourraient être aussi peu
importants que les Kurdes, disons, s'ils
n'avaient pas un ancrage aux US.
La Russie veut
certes vivre en paix avec les US, mais
pas au prix suggéré par M. Netanyahou...
M. Patrouchev a condamné les sanctions
US contre l'Iran. Il a dit que l'Iran
avait abattu le drone géant américain
RQ-4A "Faucon global", qui valait plus
de cent millions de dollars, au-dessus
du territoire iranien, et non pas dans
l'espace international comme le
prétendait le Pentagone.
Il a réaffirmé que
les "preuves" américaines selon
lesquelles l'Iran avait saboté des
pétroliers dans le Golfe persique
n'étaient pas concluantes. La Russie a
demandé aux US d'arrêter leur guerre
économique contre l'Iran, de reconnaître
les autorités légitimes de la Syrie,
conduites par le président Assad, et de
retirer leurs troupes de Syrie. La
Russie a exprimé son soutien au
gouvernement légitime du Venezuela. De
la sorte, la Russie s'est montrée, en ce
moment délicat, comme un allié et un
partenaire fiable, tout en assurant le
leadership israélien de son amitié à
toute épreuve.
Le problème, c'est
que la tentation de la guerre avec
l'Iran n'a pas disparu. Il y a quelques
jours, les Britanniques se sont saisis
d'un super tanker iranien dans le
détroit de Gibraltar. Le pétrolier était
en route pour approvisionner la Syrie en
pétrole. Avant cela, les US avaient
quasiment déclenché une attaque de
missiles sur l'Iran. Au dernier moment,
quand les avions étaient déjà en vol,
Trump a interrompu l'opération. Il est
particulièrement troublant qu'il ait lui
même laissé entendre sans ambigüité que
l'opération avait été lancée sans qu'il
soit au courant. Ce qui veut dire que la
chaîne du commandement aux US est
maintenant brisée, et qui précisément
peut commencer une guerre, ce n'est pas
clair. Il faut en tenir compte à la fois
à Moscou et à Téhéran.
La situation est
redoutable. Le président Trump aura beau
vouloir la désescalade après avoir amené
son pays à se retirer d'un accord
nucléaire multilatéral avec l'Iran, il
est happé par son "Etat profond", par
Pompeo et par Bolton; sur ce dernier,
Trump lui-même a dit qu'il voudrait en
découdre avec le monde entier. Les
présidents ne peuvent pas toujours
limoger les ministres dont ils veulent
se débarrasser, même les monarques
absolus de jadis n'y parvenaient pas
toujours.
Espérons que, étant
donné le peu d'entrain de Trump pour
partir en guerre, et la position de
faiblesse dans laquelle se trouve le
premier ministre Netanyahou quant à lui,
il y aura un progrès dans ce domaine.
Mais en attendant, Trump a introduit de
nouvelles sanctions contre l'Iran; le
dirigeant iranien a qualifié les
dirigeants américains de "dérangés"; et
les Américains sont à nouveau en train
de menacer l'Iran de "destruction
complète".
La Russie veut
aider l'Iran, non par pur amour envers
la République islamique, mais dans le
cadre de ses efforts pour fonder un
monde multipolaire, où des Etats
indépendants puissent suivre le chemin
de leur choix. L'Iran, la Corée du nord,
le Venezuela, leur combat pour la survie
rentre dans le cadre des efforts russes.
Si ces Etats sont brisés, la Russie
deviendra la prochaine victime, voilà ce
que ressent Poutine.
Le président Trump
semble avoir certaines idées positives,
mais il a les mains liées. Lors de la
parade du 4 juillet, son propre
Pentagone s'est cruellement moqué de son
souhait de faire défiler les chars à
Washington. Ils avaient envoyé quelques
vieilles carcasses à la peinture
écaillée, alors que le président leur
avait demandé d'envoyer les équipements
les plus extraordinaires. A cette
occasion, ils ont fait constater à Trump
qu'il ne saurait imposer sa volonté même
à sa propre armée.
Dans ces
conditions, Poutine tente de construire
des ponts avec les nouvelles forces en
Europe et aux US, de travailler avec la
droite nationaliste. Ce n'est pas le
partenariat le plus évident pour ce
libéral à l'ancienne mode, mais cela
s'insère dans son idée de la
multipolarité, de la suprématie de la
souveraineté nationale et de la
résistance contre l'hégémonie mondiale
des puissances atlantiques. Sa récente
visite en Italie, un pays où s'imposent
des forces nationalistes solides, avait
été un succès; et sa rencontre avec le
pape en est un autre.
Au lendemain de
l'audience avec le pape, Poutine a
fermement défendu l'Eglise catholique,
en disant: "il y a des problèmes, mais
on peut pas leur donner une dimension
exagérée et s'en servir pour détruire
l'Eglise romaine catholique elle-même.
J'ai l'impression que ces cercles
libéraux commencent à se servir de
certains problèmes de l'Eglise
catholique comme d'un outil pour
détruire l'institution elle-même. C'est
cela que je trouve incorrect et
dangereux. Après tout, nous vivons dans
un monde basé sur les valeurs de la
Bible, et les valeurs traditionnelles
sont plus stables et plus importantes
pour des millions de gens que cette idée
libérale qui est en train, à mon avis,
de cesser d'exister." Cela faisait des
années que les Européens n'avaient pas
entendu ce genre de message. C'est
peut-être le moment d'écouter.
adam@israelshamir.net
Source: The
Unz Review
Traduction:
Maria Poumier
Le sommaire d'Israël Shamir
Le
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