Opinion
Face à "L'Aurora"
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Mercredi 3 mai 2017
Pour les Russes,
« Aurora » n’est pas la déesse de
l’aube, c’est avant tout le vaisseau de
guerre Aurora, le croiseur légendaire
dont les salves sur le Palais d’Hiver
avaient été le coup de tonnerre scandant
l’entrée en scène de la révolution russe
de novembre 1917. J’ai récemment
participé à un colloque commémorant le
centième anniversaire de la révolution
russe dans le miroir de la gauche
mondiale, à St-Pétersbourg, la cité de
la révolution, à laquelle étaient
conviés les représentants des partis
socialistes européens. Nous avions, face
à notre salle de conférences, le
croiseur Aurora, et cela nous aidait à
nous concentrer sur les seules choses
importantes, la victoire et la défaite.
La gauche avait
gagné il y a un siècle, et la gauche a
perdu il y a un quart de siècle. Quand
le système soviétique est tombé il y
avait une espérance largement partagée
que la gauche refleurisse, parce que le
mouvement de la jeunesse éternelle
s’était débarrassé de la vieille Russie
poussiéreuse et ringarde. C’était l’idée
des eurocommunistes. Or, à la surprise
générale, la gauche est entrée en
agonie, pour mourir après 1991. Les
partis eurocommunistes se sont évanouis.
Nous ne le savions pas, ou nous ne
voulions pas le savoir, mais
apparemment, la gauche mondiale était
indissociable de la révolution russe.
Il y a cent ans,
Lénine et Staline avaient réglé tous
leurs problèmes et tranchant le nœud
gordien de la cupidité. Ils avaient
modernisé leur pays, donné de l’espoir
au peuple, offert un choix aux
travailleurs. Ils n’avaient pas fait de
la Russie un paradis, même si la Russie
soviétique des années 1960 était aussi
développée et prospère que les pays
constituant le noyau de l’Europe
occidentale.
Paradoxalement, les
travailleurs occidentaux avaient été les
plus grands bénéficiaires de la
révolution russe. La classe possédante
occidentale avait été fort effrayée par
les communistes russes, et cela les
avait amenés à devenir plus
attentionnés. Elle partageait ses
profits avec ses ouvriers. Vous avez eu
la belle vie parce que les canons de
l’Aurora tenaient en joue votre Un pour
cent, dans chaque pays. En 1991, les
communistes ont été vaincus, parce que
leurs dirigeants ont trahi.
Et depuis lors, les
propriétaires de l’Occident victorieux
ont entrepris une Reconquista à
l’échelle mondiale. Ils ont repris aux
travailleurs chacune de leurs conquêtes,
et créé ce nouveau monde d’immense
richesse pour une poignée de gens, et de
misère croissante pour tous les autres.
Mais ce qui a été
perdu, nous pouvons le regagner. Les
capitalistes n’ont pas cédé au désespoir
en 1917.Aucune raison de désespérer pour
les communistes en 2017. Il semble qu’il
n’y ait pas d’autre voie, pas de
raccourci possible : le monde a besoin
de nouveaux Lénine et Staline. La
cupidité doit être terrassée à nouveau,
les médias et les usines doivent être
arrachés à leurs propriétaires. Il ne
faut pas seulement légiférer sur le
minimum vital, mais aussi sur les
revenus maximum.
Le populisme est
devenu un gros mot, mais je vais vous
dire : il en faudrait encore bien plus,
du populisme. Le travail dans la dignité
pour les travailleurs, c’est ce slogan
populiste qui a donné à Trump son ticket
pour la Maison blanche. Il faudrait
donner aux gens tout ce qu’ils veulent.
Lénine avait promis de donner la terre
aux paysans, les usines aux ouvriers, la
paix aux nations, et son gouvernement
avait fait tout ce qu’il avait pu en ce
sens. Maintenant les gens veulent être
sûrs du lendemain, ils veulent que leurs
enfants fassent des études, ils veulent
les soins médicaux de leur choix et
abordables, de bons logements ; ils
veulent la liberté et la sécurité. Ils
veulent regagner tout ce qui a été perdu
après 1991. Et pour y arriver il va
falloir plaquer un certain nombre de
banquiers dos au mur, à l’aube, c’est
tout. On ne veut plus de gentil beau
gosse à la tête du pays, voilà le
premier commandement pour le retour de
la gauche. La gauche doit rompre avec
les libéraux.
C’est le bon moment
pour divorcer. A moins qu’il soit déjà
trop tard ? Ciel, mais pourquoi donc ?
La gauche et les libéraux ont l’air de
vivre des jours heureux ensemble. Au
départ, c’était un mariage d’intérêt
commun, mais c’est devenu un mariage
d’amour. Jusqu’ici, en tout cas ;
seulement l’espérance de vie de la
gauche est devenue très courte, comme
celle de l’amant d’une pieuvre. Ces
créatures (Octopus cyanea, pour
être précis) étranglent et mangent leurs
partenaires dès qu’ils ont fini leur
affaire. La gauche a fait son boulot, et
elle est mûre pour être déglutie. Et qui
va s’apercevoir que la gauche a
disparu ?
Il m’arrive d’avoir
honte d’appartenir à la gauche. Demandez
aux gens dans la rue, pour quoi est-ce
que la gauche se bat, et ils vous
diront : ce sont des bons petits gars
qui défendent de bonnes causes. Les
toilettes transgenre, le mariage gay, la
parité, les réfugiés syriens, le
changement climatique, les accès pour
handicapés, les primes pour les
chômeurs, parfois. Ils sont contre la
discrimination des immigrants, les
insultes, ils sont pour la correction en
politique, et les droits des minorités.
La gauche déteste Poutine et Trump, et
adore Israël, à part son premier
ministre actuel.
Ou pire encore. Je
l’ai relu trois fois, ça m’a fait un
choc, à l’estomac, et je ne pouvais pas
en croire mes yeux : vous avez entendu
parler de Paul Gottfried, l’honorable
contributeur du site unz.com ? Il a
qualifié l’ex patron de l’AntiDefamation
League, Abe Foxman le rougeaud, d’ « un
homme de gauche ». C’est une véritable
insulte. Un juif nationaliste comme M.
Foxman ne peut pas être de gauche.
Staline l’aurait envoyé au fin fond de
la Sibérie, où le dur labeur et le
climat encore plus dur l’auraient guéri
à jamais de son indignation et de sa
constipation permanentes. La gauche
n’est nullement « contre la majorité
blanche et chrétienne », comme le
prétend Gottfried. Les gens de gauche,
les vrais, sont pour la majorité, pour
la classe ouvrière.
Il n’y a pas de
désaccord entre les agendas des gens de
gauche et des libéraux, direz-vous.Or,
surprise pour les petits jeunes,
jusqu’en 1990, la gauche et les libéraux
étaient des ennemis acharnés. La gauche
était pour les ouvriers ; son icône,
Staline, était la terreur des libéraux ;
il conseillait aux communistes allemands
de faire alliance avec l’extrême droite
allemande et non avec les libéraux ; son
marxisme n’était pas une abomination
culturelle, mais un vrai problème pour
les gens riches. Mais après 1990, la
gauche a rejoint les libéraux
victorieux, pour des raisons pratiques.
Comme cela se produit dans les mariages
de raison, leurs rapports ont viré
à l’amour vrai, et il se peut qu’ils
soient devenus un couple fusionnel.
En politique, le
rasoir d’Ockam est impitoyable. La
gauche a perdu son identité, et sa
raison d’être. Aussi elle disparaît,
dévorée par les libéraux. D’habitude, le
chemin vers l’oubli passe par une
coalition pour gouverner. Chaque fois
que la gauche a rejoint le gouvernement
des libéraux (qu’ils l’appellent unité
nationale, front populaire, ou front
contre la bête immonde), la gauche a
fondu, digérée par la chaude étreinte
des libéraux.
Je suis vraiment
malheureux de voir que Counterpunch,
une publication que j’aimais et pour
laquelle j’ai écrit pendant des années
et des années, a succombé à cette
maladie. Ils peuvent toujours se
qualifier eux-mêmes de voix de la gauche
américaine, mais ils publient John
Feffer. Cette bête nauséeuse, Feffer,
est un « gauchiste » partisan de la
libre circulation pour les migrants, de
la guerre contre la Russie et contre
Trump, et il a lancé un appel : « Tous
ceux qui se situent à gauche d’Anne
Coulter devraient être de notre bord.
Plus que jamais, c’est le moment d’être
unis ». Oh que non, moi je veux rester
aux côtés d’Anne Coulter qui a écrit
presque le même jour où Feffer pondait
ses ordures : laissons la Russie devenir
notre nation sœur. Et la dernière chose
que je souhaite, c’est l’unité avec
Feffer.
C’est l’unité pour
tous de Feffer qui nous a amenés où nous
en sommes : la gauche mourante, et les
libéraux qui vont hériter du pactole. Et
la droite antilibérale n’est pas une
alternative viable, hélas. Les élections
récentes en Hollande, le 15 mars
dernier, en ont donné la preuve.
Je ne sais pas si
vous avez suivi ces élections,
l’évènement le plus intéressant et le
plus important qui se soit produit aux
Pays Bas depuis la glorieuse révolution.
Il était impossible de prédire comment
les Hollandais allaient voter. L’effet
Trump arrive, disaient les gens
sombrement, et ils envisageaient que
les Hollandais voteraient pour leur
Trump à eux, qui s’appelle Geert
Wilders.
Le pari était assez
raisonnable. Les Pays Bas ont été
gouvernés par une coalition morose de
droite et gauche. Aucune différence si
vous préférez la gauche ou la droite,
puisque de toutes façons, la gauche et
la droite gouvernent ensemble. C’est
l’establishment qui gouverne, et la
démocratie lui fournit un écran de
fumée..
Avec un pareil
gouvernement, on s’attendait à ce que le
peuple vote pour un outsider. Mais pour
qui? Les Pays Bas, comme le reste de
l’Europe occidentale et l’Amérique du
nord, ont un vaste électorat
insatisfait, en tant que victimes du
néolibéralisme, qui les qualifie de
« déplorables ». Ils souffrent de se
voir déplacés par des vagues
d’immigrants, chassés de leurs emplois
et logements, ils atterrissent quelque
part comme intérimaires dans des macdo,
et ne rêvent plus d’un emploi stable
dans une aciérie.
Les “déplorables”
pouvaient voter pour la gauche ancienne
manière, parce qu’ils sont devenus
chômeurs ou précaires, et ont été
dépouillés par les riches et puissants ;
mais la gauche d’aujourd’hui ne se
souciait pas d’eux. La gauche vivait
bien son alliance avec l’élite libérale,
avec les financiers juifs et juifistes,
et leurs médias ; la tolérance (ce qui
veut dire la priorité aux immigrants),
le marxisme culturel (qui n’a même pas
une vague parenté avec le marxisme de
classe au couteau entre les dents),
l’élitisme, c’était le plus important.
La parti de droite
au pouvoir (le VVD du Premier ministre
Mark Rutte) est un parti de
l’establishment fortuné. Ils mènent des
politiques néolibérales, ils importent
des immigrants, ils s’accrochent à
l’OTAN, ils sont antirusses. Ils sont
comme les Républicains d’avant Trump,
pas très affriolants pour les gens
dépossédés.
Le parti de la
liberté de Geert Wilders était chez lui
parmi les déplorables. Wilders c’est un
gay qui déteste l’islam et les
immigrants, il adore Israël parce qu’il
considère que c’est un bastion européen
dans la marée islamique. Il est tout à
fait antirusse, mais aussi
anti-establishment. Vraiment…?
Les partis au
pouvoir aimaient le parti de Wilders et
ils s’en servaient pour faire peur aux
électeurs, pour les ramener au bercail.
Si vous ne votez pas pour nous, Wilders
le nazi-fasciste va gagner, en pousser
la Hollande droit vers l’enfer.
C’est une manœuvre
habituelle en Europe. En Suède aussi, la
droite mainstream et les partis de
gauche se sont unis dans un gouvernement
en convoquant les effroyables démocrates
de la Suède. En France, « tout sauf Le
Pen » est le slogan du gang de Macron.
Même en Ukraine,
l’ancien président Yanoukovitch avait
nourri, financé et promu le Parti de la
liberté (fasciste), en espérant que tous
les autres le soutiendraient comme la
seule alternative. Mais le plan a
échoué, comme chacun des plans élaborés
par Viktor Yanoukovitch.
Le parti de Wilders
est pratiquement un parti qui n’a qu’un
seul objectif : il est contre les
immigrants musulmans. Cette année, à
cause de l’afflux de Syriens, le PVV
avait une chance de devenir un parti
mainstream. On s’attendait à ce qu’il
gagne avec 30% des votes dans des
élections fragmentées au plus haut
point. Les dépossédés étaient
suffisamment désespérés pour voter pour
le diable en personne à condition qu’il
ne soit pas membre de la coalition
gouvernementale. Et la résistance à
l’immigration de masse après l’appel de
Merkel (« Venez tous, nous vous en
prions ») devenait percutante.
La vraie gauche
communiste est généralement contre
l’immigration : les communistes cubains
sont un bon exemple de cela. Il y a
beaucoup de Latinos qui aimeraient
s’installer à Cuba, l’un des pays
les plus prospères et agréables de
l’hémisphère occidental, mais Cuba ne
prend pas d’immigrants, en règle
générale. L’immigration n’est pas bonne
pour les locaux, et les communistes sont
avant tout en faveur des autochtones.
La gauche libérale
hollandaise était en faveur de
l’immigration massive du tiers monde.
Ils pensaient que les immigrants
voteraient pour eux, et ils n’avaient
guère d’empathie pour les travailleurs
autochtones, contrairement à la droite
de jadis. Ils appartiennent à une classe
confortablement installée dans
l’aisance, d’universitaires et de
fonctionnaires, et les immigrants ne les
dérangent pas, parce que les immigrants
pauvres avec leurs coutumes étranges ne
peuvent pas louer d’appartements dans
les zones protégées où résident les gens
de gauche, et ne peuvent pas les chasser
de leurs emplois non plus.
Les immigrants
causent des désagréments aux gens d’en
bas, tandis que les riches et prospères
tirent des bénéfices de l’immigration.
Ils peuvent trouver des femmes de ménage
plus économiques. Si les riches et
puissants n’en voulaient pas, il n’y
aurait pas d’immigrants pour traverser
la mer. Je déteste l’immigration de
masse, mais je le reconnais : ce ne sont
pas les immigrants qu’il faut accuser,
mais ceux qui les importent, au
gouvernement et dans le monde des
affaires.
En Israël, c’est
pareil : les Africains s’installent à
Tel Aviv sud, où habitaient les juifs
pauvres. Les juifs pauvres se sont
plaints et se font traiter de racistes,
tandis que les juifs fortunés des
quartiers nord de Tel Aviv, ceux-là
mêmes qui ont fait venir les Africains,
peuvent condamner le racisme des juifs
pauvres à distance, en toute sécurité.
L’immigration
(comme le terrorisme ou les armes à feu)
c’est un concept qui sert à nous égarer.
Ce ne sont pas les armes à feu qui
tuent. Les immigrants ne viendront que
si les gens au pouvoir les font venir,
dans leur intérêt à eux. Ce sont des
outils entre les mains des néo-libéraux.
Les gens qui en veulent aux immigrants
ne voient pas très loin, et sont très
faciles à rouler dans la farine. C’est
exactement ce qui s’est passé avec les
« déplorables » de Hollande. Le parti de
droite VVD a confisqué son électorat à
Geert Wilders aussi prestement que Tim
le voyou s’emparerait du gâteau que
Minnie tient dans sa petite main.
A ce moment-là, les
Turcs des Pays Bas (les Turcs qui ont
gardé leur nationalité turque, une
grosse communauté de 400 000 personnes)
devaient voter pour des changements dans
la constitution turque. Un ministre turc
a pris l'avion pour dire à ses
concitoyens de voter dans un sens donné,
et les mobiliser. Dans des circonstances
habituelles, personne n’y aurait fait
attention. Tous les jours il y a une
communauté de migrants qui discute de
ses histoires de migrants. Les Kurdes
demandent leur Etat kurde, les Marocains
discutent du Sahara occidental ; et les
Syriens pour l’islam s’en prennent aux
Syriens pour Assad. Il y aurait donc eu
un débat de plus, pour savoir si Erdogan
devait être autorisé à déclarer l’état
d’urgence ou pas.
Mais le parti de
droite (VVD) devait montrer aux
« déplorables » qu’ils étaient aussi
méchants pour les Turcs et les musulmans
que Gert Wilders, ou pires (meilleurs,
vus de l’autre côté), dans la mesure où
ils ont le pouvoir, tandis que Wilders
ne l’a pas. Ils ont refusé que le jet
turc atterrisse, et renvoyé un autre
ministre turc hors de la Hollande. Les
Turcs ont manifesté, et la police
hollandaise a chargé contre la manif
turque avec des bergers allemands
féroces.
Les électeurs
potentiels de Wilders étaient en extase.
Ils n’en avaient
que faire, d’Erdogan, mais ils étaient
contents que des ministres musulmans
aient reçu un coup de pied au
derrière et que l’on ait lâché les
chiens contre les Turcs. L’extrême
droite appelle à chasser les musulmans,
nous, on le fait : il était là, le
message subliminal du VVD. Et ça a
marché ! Contre toute attente, le VVD a
gagné, le parti d’extrême droite de
Geert Wilders a gagné quelques points,
mais le parti travailliste (le
PvdA) a perdu les élections, laminé. Ce
parti s’est désintégré. Une partie de
son électorat est allée vers un parti de
gauche plus radical, mais la majorité
les a juste lâchés, dégoûtés.
L’establishment
hollandais s’était débrouillé pour
tromper la révolution trumpiste. Wilders
s’est retrouvé dans un désert politique,
les travaillistes se sont effondrés, les
forces de centre droit vont rester au
pouvoir. Les électeurs voulaient
clairement un changement ; ils
refusaient le néolibéralisme et la
globalisation, mais ils l’auront de
toute façon, et vlan, comme récompense
pour avoir été vilains avec les Turcs.
La conclusion
correcte des élections hollandaises,
c’est que la gauche devrait aller plus
franchement à gauche, et fausser
compagnie à la droite libérale, si elle
veut toujours être une force
indépendante.
Les élections
françaises ont commencé là où ont fini
les élections hollandaises : avec la
désintégration du parti socialiste. Rien
à regretter : ce parti était devenu le
jumeau de la droite libérale et
poursuivait le même genre de politique.
Les socialistes avaient rendu furieux
les travailleurs avec leurs lois
anti-travail rédigées par Macron, et ils
avaient rendu furieux les catholiques en
forçant le passage de leurs lois pour le
mariage gay. Le candidat socialiste
faisait 6% à l’issue du premier tour.
C’est Mélenchon qui
a sauvé la cause de la gauche. Non
seulement il s’est bien tiré du premier
tour, mais il a même refusé de soutenir
Macron au deuxième. Il aurait mieux valu
qu’il soutienne ouvertement Marine le
Pen, mais c’était probablement trop dur
pour un gauchiste français.
Dans l’état actuel
des choses, un Français de gauche n’a
pas d’autre choix que de voter Le Pen.
Le Pen, ce n’est pas Geert Wilders, elle
n’est pas aveuglée par une question
unique. Elle a un soutien communiste
solide. Ce n’est pas la candidate idéale
pour la gauche, mais quand on est
mendiant, on n’a pas le choix.
Si c’est elle qui
gagne, la révolution mise en route par
l’élection de Trump va se poursuivre. Si
elle échoue, nous allons reculer,
jusqu’à la case départ. Trump aura
remporté sa victoire surprise pour rien.
Les gens au pouvoir ont appris la leçon.
Peut-être que
désormais la division droite-gauche n’a
plus de raison d’être ; ce qui compte
c’est l’attitude à avoir face au
mondialisme et au néolibéralisme.
Peut-être, je dis bien, en théorie, et
je suis d’accord à ce niveau. Nous
pourrions dire que peut-être Bannon
aurait mieux fait que Trotski. Mais
nous constatons que la droite
antimondialiste ne tient pas sa
promesse. Bannon a été chassé, et Trump
n’est pas sûr d’être décidé à renvoyer
Janet Yellen de la Réserve fédérale
faire ses valises. C’est précisément le
moment où la gauche est attendue au
tournant pour attaquer le bastion des
banquiers et de leurs pairs.
Les
antimondialistes de droite ne vont pas
disparaître, de toute façon ; la gauche
rajeunie des fils de Lénine devrait les
considérer comme des alliés possibles.
Cependant, les révolutions triomphent
quand elles sont conduites par des
hommes d’une carrure hors du commun, et
ce genre de personnages peut surgir des
deux côtés du spectre politique.
Israel Shamir
peut être joint sur adam@israelshamir.net
Traduction:
Maria Poumier
première
publication: The
Unz Review.
Le sommaire d'Israël Shamir
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