Analyse
Nouveau blocus d'un camp de réfugiés
palestiniens en Syrie
IRIN
Les
résidents du camp de Yarmouk creusent
des trous
dans la route pour trouver de l'eau.
Photo: UNRWA/Rami Al-Sayyed
Londres, 3 février 2015 (IRIN)
Les conditions de vie des réfugiés
palestiniens vivant dans le camp établi
dans la banlieue de Damas se sont
considérablement détériorées au cours de
ces dernières semaines, avec la mise en
place de nouvelles restrictions sur les
articles de secours. Ces restrictions
ont entraîné une aggravation de la
pénurie de produits alimentaires et
d'eau potable ainsi qu'un manque de
soins de santé décents, d'après des
résidents.
« Il y a deux mois, l'UNRWA acheminait
des denrées alimentaires à Yarmouk », a
dit Abdullah, un des 18 000 résidents du
camp de Yarmouk, à propos de l'Office de
secours et de travaux des Nations Unies
pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient. « Il n'y a plus rien
maintenant, nous n'avons pas de
nourriture...et les infirmières et
médecins n'ont pas le droit d'entrer ».
Il y a un an ce weekend, une terrifiante
photo
présentant des milliers de Palestiniens
au visage émacié qui faisaient la queue
lors d'une distribution alimentaire
organisée par les Nations Unies, dans
les ruines de Yarmouk, a attiré
l'attention du monde sur cette crise –
avec une campagne mondiale qui a conduit
le gouvernement syrien à assouplir le
siège et à autoriser la reprise de la
distribution de l'aide pendant une bonne
partie de l'année. Mais un an plus tard,
le camp ne fait plus la une des médias
et il semble qu'un nouveau blocus ait
été mis en place.
Chris Gunness, le porte-parole de
l'UNRWA, a dit qu'aucune aide n'avait
été distribuée depuis le 6 décembre,
mais que l'organisation demandait « tous
les jours » au gouvernement syrien de
lui autoriser l'accès. D'après M.
Gunness, environ 400 colis alimentaires
doivent être distribués chaque jour pour
répondre aux besoins de base –
l'organisation peut en acheminer jusqu'à
mille, si nécessaire. « Nous n'avons eu
aucun accès », a-t-il dit. « La
situation s'est progressivement aggravée
– [elle] était désespérée et elle est
devenue plus désastreuse encore ».
Le gouvernement syrien n'est pas le seul
obstacle. La région a connu une grave
escalade du conflit et même si le
gouvernement délivrait des
autorisations, les affrontements entre
les groupes rebelles entraveraient les
distributions.
A deux reprises au mois de décembre, des
employés de l'UNRWA ne participant pas
aux distributions d'aide ont dû être
évacués après un tir de mortier. M.
Gunness a dit qu'il appelait tous les
groupes armés à accepter une trêve pour
permettre la reprise de l'aide
humanitaire.
« Une situation désespérée »
Les résidents du camp ont fait état
d'une situation critique. L'électricité
fonctionne de manière intermittente, il
y a beaucoup de malades et les prix des
combustibles ont connu une telle envolée
que beaucoup de résidents ne peuvent
plus chauffer leur domicile, alors que
le Moyen-Orient vit quelques-unes des pires
tempêtes de son histoire récente.
La
publication de cette photo a attiré
l'attention sur Yarmouk
Photo: UNRWA
« Nous pouvons dire que nous avons trois
grands problèmes : le premier est la
nourriture, le second la santé, le
troisième l'eau », a dit Abdullah. Il a
ajouté que le camp n'était plus
approvisionné en eau depuis le mois
dernier et il a accusé le gouvernement
syrien de l'avoir coupée de manière
délibérée. Les résidents ont commencé à
creuser des trous dans les routes pour
trouver de l'eau.
Amina, une autre résidente du camp, a
dit à l'UNRWA que le prix de l'eau était
tellement élevé que sa famille ne se
lavait plus. « Cela veut non seulement
dire que l'on ne peut plus prendre de
douche, mais aussi que l'on ne peut plus
tirer la chasse d'eau ou transporter de
l'eau au quatrième étage d'un
bâtiment ».
Le gouvernement syrien a mené plusieurs
sièges pour reprendre les zones
contrôlées par les rebelles. Amnesty
International l'a accusé
d'avoir défié délibérément le droit
humanitaire.
Abdullah a ajouté que, si le
gouvernement autorisait la reprise de
l'acheminement de l'aide alimentaire,
bon nombre de résidents craignaient
d'être arrêtés en se rendant aux
distributions.
« Tous les jeunes hommes qui allaient
aux distributions d'aide humanitaire
étaient arrêtés par le régime. Plus de
150 arrestations ont eu lieu aux points
de contrôle pendant les distributions
d'aide humanitaire ».
Le camp de Yarmouk hébergeait environ un
demi-million de Palestiniens avant le
début de la guerre civile syrienne en
2011, mais la grande majorité des
réfugiés sont partis dans les pays
voisins ou se sont installés dans une
autre région de la Syrie.
Au cours de ces derniers mois, les
réfugiés palestiniens vivant en Syrie
n'ont pas été autorisés à entrer au
Liban et en Jordanie à la suite de la
mise en place de politiques
de plus en plus restrictives de
fermeture des frontières. Abdullah a
dit que, s'il pouvait fuir le conflit,
il préférerait partir dans une autre
région de ce pays déchiré par la guerre
plutôt que d'aller au Liban.
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© IRIN 2015. Tous droits réservés.
Publié le 3 février 2015 avec l'aimable
autorisation de l'IRIN
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