Opinion
Rai News 24 : Les rebelles syriens, et
non Assad,
ont utilisé des armes chimiques
IlFatto
Mercredi 9 avril 2014
L’information fait la une des journaux
télévisés de la RAI en Italie.
Qui en a entendu parler en France ?
D’après la reconstruction du prix
Pulitzer Seymour Hersh, ce sont
les rebelles et non le régime d’Assad
qui ont utilisé les armes chimiques en
Syrie. Ce piège fut orchestré par Ankara
pour déclencher l’intervention
américaine dans le conflit. Une
stratégie fixée depuis l’étranger, la
Turquie pour être précis, qui avait pour
objectif de convaincre, voire de
contraindre les États-Unis à intervenir
militairement.
Dans la reconstruction faite par le
journaliste américain, récompensé par le
Prix Pulitzer en 1970 pour le reportage
sur le massacre de My Lai en mars 1968
durant la guerre du Vietnam au cours
duquel les forces armées américaines
tuèrent délibérément au moins 109
civils, l’attaque au gaz sarin fut, en
réalité, un piège préparé délibérément
pour Washington, lequel au dernier
moment, s’est aperçu du traquenard et a
annulé l’ordre d’attaque.
Nous sommes fin 2012, les
renseignements américains viennent de
comprendre que les rebelles syriens sont
en train de perdre la guerre. Une fin
inacceptable pour le premier ministre
turc Recep Tayyip Erdogan qui a soutenu
les rebelles au plan politique et, chose
encore plus importante, au plan
économique. C’est à ce moment-là
qu’aurait été prise la décision
d’entrainer les USA dans le conflit,
puisque c’étaient les seuls à pouvoir
renverser la vapeur.
Mais la politique du président Obama
était claire et nette, il avait fixé une
limite précise qu’Assad ne devait pas
dépasser, s’il ne voulait pas subir
l’intervention des États-Unis, et cette
limite n’avait pas été franchie.
L’utilisation d’armes chimiques aurait
signifié le pas de trop, et l’envoi de
bombardiers à la bannière étoilée.
Ainsi, à Ankara, on eut l’idée de
faire utiliser les armes chimiques par
les rebelles, puisqu’ils en possédaient
déjà, grâce notamment à l’aide de la
Turquie, et d’en attribuer la
responsabilité à Assad. L’attaque fut
lancée le 21 août.
Une opération apparemment bien
conçue. Au point que les navires et les
avions américains avaient déjà été mis
en position pour frapper Damas. Même la
date de l’assaut était fixée, les USA
devaient attaquer la Syrie le matin du 2
septembre, un lundi. Mais au dernier
moment, le président Obama, informé de
la réalité de la situation et de la
responsabilité des Turcs et des rebelles
syriens, stoppa net l’intervention. Nous
étions le 31 août.
Ce jour-là, Obama, qui ne pouvait pas
admettre de s’être trompé en affirmant
qu’Assad était le seul en Syrie à être
en possession d’un arsenal chimique, et
ne pouvait pas non plus accuser
ouvertement Ankara, un allié de l’OTAN,
décida de botter en touche en demandant
l’aval du Congrès pour lancer
l’opération militaire. Entretemps,
l’accord élaboré avec le président russe
Vladimir Poutine prenait corps ; Assad
promettait de consigner son arsenal
chimique et de le faire détruire. Un
accord qui permettait à la fois de
désarmer le président syrien, et de
faire en sorte que la situation dans
laquelle s’était retrouvée Washington ne
se représenterait plus.
Le texte intégral de l’enquête de
Hersh, traduit par notre site
ilfattoquotidiano.fr, peut
être consulté
ici.
Source :
Rai News 24
Le
dossier Syrie
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