Opinion
Harlem Desir, implacable avec le Front
national,
conciliant avec le Likoud
Hicham Hamza
Mercredi 9 avril 2014
Double discours.
Le 5 octobre, Harlem Desir -sur le point
d'intégrer aujourd'hui le gouvernement
Valls- a fustigé le Front national dans
le cadre d'un forum contre
"l'extrémisme". En 2004, le même homme,
alors député européen, se vantait de ne
pas avoir sanctionné le gouvernement
israélien dirigé par Ariel Sharon
Il y a
foule au gymnase Japy de Paris. Dans
ce
lieu emblématique de la mémoire
collective, où des centaines de citoyens
juifs avaient été détenus par les
autorités de Vichy avant d'être expédiés
dans les camps d'extermination, le Parti
socialiste a
organisé, ce samedi 5 octobre, un
forum-débat intitulé "La République
face aux extrémismes".
Son
premier secrétaire, Harlem Desir, a
dénoncé -durant son
discours- le parti,
qualifié d'« extrême droite »,
de Marine Le Pen.
Jeudi, la présidente du FN avait
pourtant
fait savoir qu'elle attaquerait en
justice quiconque userait de cette
expression pour désigner sa mouvance
politique. Une réaction jugée
aujourd'hui
« négationniste » selon Harlem Desir.
Chose curieuse : neuf ans plus tôt, le
député européen n'avait pas exprimé la
même virulence à l'encontre d'un autre
parti, pourtant
assimilable -selon de nombreux
analystes géopolitiques- à la
mouvance de
l'extrême droite : le Likoud.
Le 29 juin 2004, lors d’un
dîner organisé par un
club explicitement
pro-israélien et
dénommé le
Cercle Léon Blum, l'ex-dirigeant de
SOS Racisme (une association
crypto-sioniste et
instrumentalisée par le
socialiste Julien Dray) avait
déploré l’opprobre générale suscitée
alors par la politique d’Ariel
Sharon.
Après avoir fustigé le « rétrograde »
Tariq Ramadan pour son
article intitulé "Critique des
(nouveaux) intellectuels communautaires",
Harlem Desir -dont
une proche dirige désormais l'Institut
des cultures d'islam- avait
égalemment fait savoir son regret de ne
pas avoir davantage protesté contre une
demande de sanction, émanant du
Parlement européen, à l’encontre
d’Israël avant de renchérir sur
l’importance -selon lui- à reconnaître
la « responsabilité particulière »
de l'Europe envers l’Etat hébreu.
Le 10 avril 2002, le Parlement européen
avait adopté (269 votes pour, 208
contre, 22 abstentions) une résolution
(finalement repousée par le Conseil
européen) visant à suspendre l'accord
d'association (signé en 1995 et entré en
vigueur en 2000) qui lie l'Union
européenne à Israël.
Voici l'intégralité de ce texte
vis-à-vis duquel Harlem Desir s'était
félicité, face à ses camarades du Cercle
Léon Blum, d'avoir refusé un vote
favorable (passages en gras soulignés
par Panamza).
Le Parlement
européen,
vu sa recommandation au Conseil du 13
décembre 2001 ainsi que sa résolution du
7 février 2002 sur le Moyen-Orient et sa
résolution du 20 mars 2002 sur le
Conseil européen de Barcelone,
A. profondément choqué par la spirale
de la tragédie humaine vécue par les
populations israélienne et palestinienne,
B. convaincu que seul un retour à la
table des négociations permettra de
rétablir la perspective de la
coexistence de deux États, Israël et la
Palestine, dans un climat de paix et de
sécurité,
C. gravement préoccupé par les
affrontements qui ont lieu à la
frontière avec le Liban et qui
pourraient s’étendre à la région tout
entière,
D. considérant que la poursuite du
conflit au Moyen-Orient est une source
de tension grandissante dans les pays
arabes et entraîne une détérioration de
la situation politique et économique
internationale,
1. appuie les résolutions 1397, 1402
et 1403 du Conseil de sécurité de l’ONU
demandant le retrait de l’armée
israélienne des territoires
palestiniens, y compris Ramallah ;
exige leur mise en oeuvre complète
et immédiate et l’arrêt de toute
violence ;
2. condamne vigoureusement tous les
attentats-suicides aveuglément
perpétrés par des terroristes
palestiniens contre Israël ; demande à
l’Autorité palestinienne de redoubler
d’efforts pour prévenir les actes de
terrorisme ;
3. condamne l’escalade militaire du
gouvernement Sharon, qui viole les
lois internationales et humanitaires et
qui n’apportera aucune solution réelle
aux attaques terroristes, et condamne
l’oppression de la population civile
palestinienne par l’armée israélienne
ainsi que la destruction systématique
des infrastructures en Cisjordanie ;
4. signifie au gouvernement israélien
que M. Arafat, le président
démocratiquement élu de l’Autorité
nationale palestinienne, doit pouvoir
bénéficier de la liberté de mouvement et
juge inacceptable l’assignation à
résidence dont il est de facto l’objet ;
5. condamne le refus du Premier
ministre Sharon de permettre à une
délégation de haut niveau de l’Union
européenne de rencontrer le Président
Arafat et est d’avis que le
gouvernement israélien devrait tirer
profit des efforts déployés sincèrement
par l’Europe pour trouver une solution à
la crise, y compris à la question du
terrorisme ; considère que le
traitement injurieux réservé à la
délégation de l’Union européenne marque
un tournant dans les relations entre
Israël et l’Union européenne ;
6. souligne l’importance de la réunion,
à Madrid, entre l’Union européenne, les
États-Unis, la Russie et le Secrétaire
général des Nations unies pour discuter
de la situation actuelle et se félicite
de l’initiative de la Présidence du
Conseil ; demande que des mesures
soient envisagées en ce qui concerne
l’envoi d’une force internationale
d’interposition et d’observation dans la
région sous l’égide des Nations unies ;
demande aux États membres, dès à
présent, de préparer leur contribution à
cette force ;
7. demande au Conseil d’instaurer un
embargo sur les livraisons d’armes en
Israël et en Palestine ;
8. demande au Conseil et à la Commission
de convoquer d’urgence le Conseil
d’association UE-Israël pour transmettre
sa position au gouvernement israélien en
lui demandant de respecter les dernières
résolutions de l’ONU et de réagir
positivement aux efforts déployés
actuellement par l’UE pour parvenir à
une solution pacifique au conflit ;
demande à la Commission et au Conseil,
dans ce contexte la suspension de
l’Accord d’association euroméditerranéen
UE-Israël ;
9. souligne la responsabilité spéciale
des États-Unis dans la crise,
essentiellement en raison de l’influence
qu’ils exercent sur la politique
israélienne et appuie la décision
d’envoyer une délégation américaine de
haut niveau dans la région en vue de
rétablir les pourparlers entre les deux
parties et de mettre un terme à la
violence ;
10. se félicite de l’acceptation par la
Ligue arabe de la proposition saoudienne
qui devrait constituer une base de
discussion pour un accord de paix
durable entre Israël et la Palestine, et
invite le gouvernement israélien à
reconnaître ce revirement dans
l’attitude des États arabes à l’égard du
conflit ;
11. condamne vivement les actes
d’antisémitisme récemment perpétrés en
Europe, tels ceux commis contre des
synagogues, des écoles et des cimetières
juifs ;
12. exprime son entier soutien aux
Israéliens, aux Palestiniens et aux
organisations internationales qui
oeuvrent pour la paix à tout niveau
possible, y compris les réservistes
israéliens qui refusent de servir dans
les territoires occupés, et exprime en
particulier sa sympathie et son soutien
aux coalitions israélo-palestiniennes en
faveur de la paix ;
13. demande à Israël de garantir le
libre-accès des médias aux territoires
occupés et de permettre aux
autorités diplomatiques et consulaires
de l’Union européenne de prendre contact
avec les ressortissants de l’Union dans
la région ;
14. charge son Président de transmettre
la présente résolution au Conseil, à la
Commission, au gouvernement et au
Parlement d’Israël, au Président de
l’Autorité nationale palestinienne et au
Conseil législatif palestinien, au
Secrétaire général des Nations unies, au
Président et au Congrès des États-Unis
ainsi qu’au Secrétaire général de la
Ligue arabe.
HICHAM HAMZA
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