Opinion
Un millier de Marines prêts à débarquer
en Libye
Gilles Munier
Jeudi 29 mai 2014
L’USS Bataan, accompagné de l’USS
Mesa Verde et de l’USS Gunston,
avec à leur bord le 22ème Corps
expéditionnaire de Marines - soit
plus d’un millier de d’hommes –,
des hélicoptères de combat, des avions
Osprey et Harrier -
capables de décoller et d’atterrir
verticalement -, des barges de
débarquement rapide, voguent vers la
Libye (1). « Qui peut le
plus peut le moins » dit-on… mais
c’est quand même beaucoup pour évacuer
l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli.
A ce déploiement de force, il faut
ajouter les 250 Marines
pré-positionnés sur la base de Sigonella
(Sicile) peu avant l’opération «
Dignité » lancée dans la région de
Benghazi par le général Khalifa Hifter
(2), plus ceux basés à Moron et
à Rota, en Espagne. A la
demande des Etats-Unis, le gouvernement
espagnol a autorisé le Pentagone, en
mars dernier, à doubler les effectifs de
la Special-Purpose Marine Air-Ground
Task Force Crisis Response, sa
force d’intervention rapide en Afrique
(3).
Nul doute que dans leurs chambrées,
les Marines ont évoqué les
batailles de Tripoli et de Derna gagnées
sous la présidence de Thomas Jefferson
(1801-1809). Le souvenir de la
première guerre américaine contre la
Libye est gravé dans les esprits des
fusiliers-marins, car chanté dès la
première strophe de The Halls of
Montezuma, l’hymne du Corps des
Marines (4). Au début du
19ème siècle, l’ennemi était le musulman
barbaresque qui rançonnait les navires
marchands en Méditerranée et se livrait
au commerce de « mécréants »
pris en otage. En Afrique du nord, on
appelait cela du « djihadisme
maritime ».
Le porte-hélicoptères USS Bataan
devrait arriver sur zone dans les
prochains jours. Ce n’est pas seulement
un navire d’assaut amphibie, il a aussi
servi de bateau-prison pour les
islamistes soupçonnés à tort ou à raison
d’appartenir à Al-Qaïda. Le
plus connu, Ibn al-Cheikh al-Libi, y a
été interné avant d’être envoyé dans un
centre d’interrogatoire secret en
Egypte, puis à Guantanamo. Livré
finalement au colonel Kadhafi par la
CIA, Al-Libi a été retrouvé «
suicidé » dans sa cellule en 2009
(5).
Photo: l’USS Bataan
(1)
USS Bataan heading to Libya to assist
with potential evacuations, report says
(2)
Libye : le « coup d’Etat » du
général Hifter (France-Irak
Actualité - mai 2014)
(3)
Les US Marines vont pouvoir doubler leur
présence sur la base espagnole de Moron,
par Philippe Chapleau (Lignes de
défense – 9/3/14)
(4) « Des murs de
Montezuma aux rives de Tripoli, nous
nous battons pour notre pays… » :
l’hymne du Corps de Marines est
chanté sur une musique empruntée à «
Geneviève de Brabant », un
opéra-bouffe d’Offenbach.
(5) Pour George W. Bush et
la CIA, Ibn al-Cheikh al-Libi était un
témoin gênant. Ses tortionnaires, parmi
lesquels le général Omar Suleiman –
chef des services de renseignements
d’Hosni Moubarak – lui avaient fait
« avouer », sous la torture,
que le président Saddam Hussein
entretenait des relations avec Oussama
Ben Laden. A ce sujet, lire :
Libye : Benghazi et Derna, viviers
djihadistes (Afrique Asie –
novembre 2012)
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 29 mai 2014 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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