France-Irak
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L’ « Alliance islamique » saoudienne :
défi lancé à l’Etat islamique ou menace
pour l’Iran ?
Gilles Munier

Mercredi 23 décembre 2015
Suite aux pressions de Barak Obama
qui veut que les Etats sunnites prennent
une part plus importante dans la guerre
livrée à l’Etat islamique, le
prince Mohamed Ben Salman d’Arabie -
35 ans, vice-prince héritier, ministre
de la Défense, vice-Premier ministre…
etc - a annoncé le 15 décembre, à
la va-vite, la création de l’Alliance
islamique, une coalition militaire
de 34 pays musulmans – 40 à terme
– pour « combattre le terrorisme ».
Empêtré dans la guerre d’agression
anti-chiite qu’il a
déclenchée au Yémen, et accusé
d’être à l’origine de la
bousculade tragique de La Mecque,
Mohamed Ben Salman a choisi la fuite en
avant pour s’assurer du soutien des
Etats-Unis et pour éliminer son
concurrent à la succession de son père,
le roi Salman, dont une partie de la
famille Saoud
souhaite l’abdication. Il a
apparemment marqué un point, car Ashton
Carter, secrétaire d’Etat US à la
Défense, s’est aussitôt félicité de son
initiative.
Une
coalition anti-iranienne
L’Alliance islamique
comprend, outre la Saoudie : la
Jordanie, les Émirats arabes unis, le
Pakistan, Bahreïn, le Bangladesh, le
Bénin, la Turquie, le Tchad, le Togo, la
Tunisie, Djibouti, le Sénégal, le
Soudan, la Sierra Leone, la Somalie, le
Gabon, la Guinée, la Palestine, la
République fédérale islamique des
Comores, le Qatar, la Côte d’Ivoire, le
Koweït, le Liban, la Libye (gouvernement
de Tobrouk), les Maldives, le Mali, la
Malaisie, l’Égypte, le Maroc, la
Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le
régime yéménite pro-saoudien.
Aux dernières nouvelles, la JRTN
(Armée des hommes de la Naqshbandiyya),
organisation soufie néo baasiste d’Izzat
Ibrahim al-Douri, a annoncé son adhésion
à l’Alliance, ce qui dénote la
tendance très anti-iranienne de la
nouvelle coalition militaire.
Les pays chiites ou assimilés –
Iran, Syrie, Irak – ne font
évidemment pas partie de la liste des
membres, mais on remarque l’absence de
l’Algérie peu disposée à recevoir des
ordres de l’étranger, d’Oman dont le
sultan s’est toujours tenu prudemment à
l’écart des conflits inter-arabes ou
religieux, et de l’Afghanistan.
Le centre de commandement
opérationnel de l’Alliance islamique,
sorte d’OTAN sunnite, sera implanté à
Ryad. Le communiqué de l’agence
saoudienne officielle SPA
s’appuie sur le Coran pour enjoindre les
pays musulmans à « coopérer dans la
justice et la piété » et « les
enseignements de la Charia qui rejettent
le terrorisme sous toutes ses formes ».
Derrière ces objectifs partagés par
tout un chacun dans le monde musulman,
les Saoudiens espèrent accroitre leur
influence religieuse dans les milieux
des forces armées des pays membres, et -
pétrodollars aidants - de
disposer d’une force capable d’affronter
l’Iran.
Tigre en
papier ?
Manque de sérieux dans le lancement
de l’opération - et fausse note de
taille en matière de communication
-, le prince Mohamed Ben Salman, pressé,
n’avait pas pris la peine d’informer le
Pakistan ni la Malaisie qu’ils les
associaient à son initiative ! Que
décideront-ils ?
L’avenir dira si l’Alliance
islamique deviendra autre chose
qu’un « Tigre en papier ». Pour
l’heure, l’Etat islamique
l’attend de pied ferme sur le terrain.
Il a réagi en traitant la Saoudie de
« collusion avec les croisées » et
les membres de la coalition de «
crétins et d’imbéciles ». L’EI
a déclaré qu’« Avec la permission
d’Allah, l’Alliance marque le début de
l’écroulement des gouvernements
oppresseurs en terre d’islam ». Qui
vivra verra…
Photo : Le prince
Mohamed Ben Salman annonçant la
naissance de l’Alliance islamique
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