France-Irak
Actualité
Syrie - Jean-Loup Izambert: " il
faut briser le mur
du silence imposé par
les puissances occidentales"
Gilles Munier
Jeudi 19 avril 2018
Interview de
Jean-Loup Izambert
(avril 2018)*
France-Irak
Actualité : La presse mainstrean boude
vos derniers ouvrages d'investigation.
Pourquoi?
Jean-Loup
Izambert : La censure s’est exercée
sur les deux tomes de 56
et sur Trump face à l’Europe.
L’envoi systématique de communiqués à
près de 600 journalistes de médias
français, la présentation du contenu des
ouvrages afin de faciliter leur travail
et, pour certains, l’envoi des livres
par IS Edition comme à
L’Humanité, Le Monde diplomatique,
plusieurs chaînes de France
Télévisions, RMC, BFM TV
ou Russia Today et Sputniknews
n’ont pas suffi à briser totalement le
« mur du silence ». Mais ils ne pourront
pas dire que d’octobre 2015 à janvier
2018 ils n’ont pas été informés par mon
éditeur de la parution de ces ouvrages
d’actualité. Plusieurs raisons
expliquent cette censure. La propriété
économique et la dépendance financière
en sont les principales parmi d’autres.
D’une part, je mets en cause le pouvoir
politique français en prouvant que 56
dirigeants parmi les principaux ont soit
protégé soit soutenu des groupes
terroristes des années 1990 à ce jour ;
et, d’autre part, je montre comment la
plupart de ces médias ont trompé
l’opinion publique en se contentant de
reproduire les communiqués officiels du
pouvoir sans même chercher à vérifier
les faits. Ce ne sont plus des
journalistes mais des chargés de
communication de l’Elysée-Matignon. Ils
ont la vérité sous les yeux mais se
refusent à la voir car ils sont,
volontairement ou non, impliqués dans le
mensonge d’Etat. Le rôle des
journalistes est de rapporter la vérité
vraie, les faits que je dénonce sur les
amitiés franco-terroristes, et non de
broder un roman en fonction de leurs
préjugés ou des communiqués d’un pouvoir
politique, quel qu’il soit.
"Une nouvelle
fois la religion sert de prétexte pour
diviser les peuples."
FIA : Ne
craignez-vous pas d'apporter de l'eau au
moulin de la vague islamophobe en
focalisant vos recherches sur les
activités d'organisations extrémistes
salafistes ou les Frères musulmans ?
J-L.I. :
Non. Je suis athée et je ne crois pas en
un quelconque sauveur suprême. Je
respecte les croyants si leur foi peut
les aider à franchir des moments
difficiles ou éviter la mort, du moment
qu’ils n’essaient pas d’imposer leur
croyance. Concernant les pays arabes, je
dénonce la collusion entre les Frères
musulmans et les dirigeants occidentaux
avec d’autant plus de fermeté que cette
organisation est la collaboratrice des
puissances colonialistes depuis les
années 40. Comme vous le savez, après
avoir collaboré avec les nazis lors de
la Seconde Guerre mondiale, les
dirigeants de cette organisation
financée par les dictatures du golfe
persique sont devenus les idiots utiles
de services occidentaux, principalement
étasuniens, anglais et français. Ils
sont aujourd’hui la principale
organisation collaborant avec l’axe de
la mort Washington-Londres-Paris qui met
le monde arabe en pièces pour
s’approprier ses richesses. Une nouvelle
fois la religion sert de prétexte pour
diviser les peuples.
"La France ne
sortira ni grandie ni indemne de
l’aventure dans laquelle
le président
Macron et le gouvernement Philippe l’ont
embourbée."
FIA : Vous
décrivez dans 56 la manière dont s’est
mise en place et développée la campagne
de propagande sur le thème des armes
chimiques. Que pensez-vous des derniers
développements avec l’affaire Skripal à
Londres et la prétendue attaque à l’arme
chimique dans la ville syrienne de Douma
?
J-L.I. : Les
faits confirment ce que je décris dans
56. L’affaire Skripal a
été montée de toutes pièces par des
services du Premier ministre anglais,
Thérésa May, et des Affaires étrangères.
Le montage est semblable à celui des
précédentes campagnes montées sur le
même thème de propagande par des
services français sous les présidences
de Hollande puis de Macron dont
Jean-Yves Le Drian, l’associé permanent
du crime d’agression, est l’un des
principaux protagonistes. Mais l’affaire
va bien au-delà de la seule
responsabilité des dirigeants français
et engage celle, de manière bien plus
grave, de leurs homologues étasuniens et
anglais. C’est en réalité tout un réseau
d’intervenants qui a procuré du matériel
et des armes chimiques aux groupes
terroristes de l’ « opposition modérée »
soutenus par les présidents Hollande et
Macron. Les sociétés Tekkim,
basée à Gaziantep, la société Sachlo
de Riyad, la société qatarie-allemande
I.V.C. mais surtout trois
sociétés anglo-saxonnes sont du nombre
des ces pourvoyeurs de la mort. Il
s’agit des sociétés Federal
Laboratories et NonLethal
Technologies, toutes deux basées aux
Etats-Unis, et de la société Chemring
Defence UK basée en Angleterre.
Donald Trump et Thérésa May ont des
comptes à rendre à l’ONU. Ils doivent
expliquer comment ces sociétés dont le
commerce des productions est strictement
réglementé et surveillé par les agences
de lutte contre la criminalité
transfrontalière ont pu exporter des
munitions chimiques et des substances
toxiques à des groupes irréguliers et
terroristes. Là encore, vous
constatez que du Figaro à
L’Humanité en passant par Le
Monde, c’est le silence total dans
les médias français sur cette question.
En réalité, depuis 2013, voyant qu’ils
sont militairement battus dans leur
guerre par procuration, Washington,
Londres et Paris s’efforcent de
fabriquer un prétexte afin de détruire
la République arabe syrienne et son
environnement pour contrôler le
Proche-Orient et s’emparer de ses
richesses. En prenant la responsabilité
de mener des frappes coordonnées dans la
nuit de vendredi 13 au samedi 14 avril
contre la République arabe syrienne, les
Etats-Unis, l’Angleterre et la France
ont violé une nouvelle fois le droit
international. Mais, surtout, ils ont
pris la lourde responsabilité
d’amplifier la guerre totale déjà en
cours. Leur objectif était également
d'entraver le travail de l'équipe de
l’Organisation pour l’interdiction des
armes chimiques (OIAC) et de faire
pression sur elle. Mais ils devaient
surtout faire disparaître les preuves de
leur implication dans cette nouvelle
opération criminelle menée avec de
telles armes en territoire syrien par
les groupes qu’ils instrumentalisent. A
l’heure où nous parlons, les français
sont en guerre. Ils ne le savent pas
encore mais je pense qu’ils vont
découvrir qu’en s’alignant une nouvelle
fois sur Washington pour opérer de
nouveaux actes criminels contre un
peuple souverain, la France ne sortira
ni grandie ni indemne de l’aventure dans
laquelle le président Macron et le
gouvernement Philippe l’ont embourbée.
Il est évident que les bombardements
contre la Syrie après plus de sept
années de guerre terroriste ne seront
pas sans conséquences pour les
agresseurs.
(Propos
recueillis par Gilles Munier)
*
Jean-Loup Izambert est un
journaliste d'investigation indépendant.
Il a notamment publié « Faut-il
brûler l'ONU? », « Le krach des
40 banques », et « 56 (tome 1 :
L’Etat français complice de groupes
criminels) ».
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