Tendances de
l'Orient
Un plan américain pour une
longue guerre d'usure contre la Syrie
Ghaleb Kandil
Photo:
D.R.
Lundi 31 mars 2014
Saigner la Syrie et empêcher son
redressement constituent l'objectif des
efforts déployées par les Etats-Unis,
avec l'Otan, la Turquie, l'Arabie
saoudite et le Qatar, après que cette
alliance ait compris que la chute du
régime et le renversement du président
Bachar al-Assad sont impossibles à
réaliser.
Les moyens d'intensifier la guerre
contre la Syrie étaient, en effet, au
centre des entretiens du président Barak
Obama en Arabie saoudite, samedi. Les
déclarations des responsables américains
qui ont accompagné Obama ont montré que
les deux parties se sont entendus sur
l'augmentation des aides américaines aux
groupes armés en Syrie, qualifiés de
"modérés" par Washington. Il s'agit en
fait du Front islamique et du Front al-Nosra,
affilié à Al-Qaïda, et dont le chef,
Abou Mohammad al-Joulani, a vu son nom
rayé des listes terroristes américaines.
Certains des membres de la délégation
américaine ont fait état d'un projet
d'entrainement de 600 rebelles par mois
dans des camps saoudiens, qataris,
jordaniens et turcs (l'implication de la
Turquie n'a plus besoin de déclarations
publiques). Ces mêmes sources ont
précisé qu'Obama a réitéré son refus de
livrer des missiles anti-aériens aux
groupes rebelles. Cependant, les
services de renseignements saoudiens ont
remis aux insurgés ces derniers mois,
sans doute avec le consentement et le
soutien américain, des armes
sophistiqués, qui ont été dernièrement
utilisés dans les batailles du Qalamoun.
D'importantes quantités en ont
d'ailleurs été retrouvées dans des
dépôts saisis dans la région.
Les indices montrent que les Etats-Unis,
en coopération avec leurs alliés,
veulent provoquer un longue guerre
d'usure en Syrie, en formant de nouveaux
groupes armés, semblables aux Contras du
Nicaragua, qui ont été soutenus et
reconstitués malgré leurs défaites
successives contre les forces
sandinistes. Les efforts sont donc
déployés pour envoyer davantage d'hommes
et d'armes en Syrie, afin de prolonger
la guerre et les destructions.
L'entrainement mensuel de rebelles
prouve l'existence d'un projet sur le
long terme, essentiellement basé sur les
assassinats et les sabotages, dans le
but d'entraver l'avancée de l'armée
syrienne sur le terrain, ainsi que le
redressement de l'Etat. Ce plan
d'entrainement vise à pallier au retour
dans le giron de l'Etat de milliers
d'ex-rebelles, grâce aux réconciliations
et aux amnisties présidentielles, et à
l'inversement du flux migratoire des
extrémistes étrangers.
C'est dans ce cadre qu'intervient
l'implication directe de la Turquie dans
la guerre en Syrie. Après la dernière
visite de Recep Tayyeb Erdogan à
Téhéran, les milieux du pouvoir turc ont
indiqué qu'Ankara avait convenu, avec la
partie iranienne, que la priorité en
Syrie devrait aller à lutte contre le
terrorisme. Mais il est apparu que les
réalités sur le terrain étaient à
l'opposé de ces déclarations. La Turquie
a en effet planifié et organisé
l'attaque des groupes terroristes contre
la localité syrienne de Kassab (au Nord
de Lattaquié), dont les habitants sont
des rescapés du génocide arménien. Le
but de cette agression est d'ouvrir un
nouveau front pour perturber
l'organisation des prochaines élections
présidentielles en Syrie.
Mais malgré ces efforts des Etats-Unis
et de ses alliés, la Syrie est capable
de résister encore longtemps, grâce à
l'appui populaire à l'armé et à l'Etat,
et au soutien de ses alliés régionaux et
internationaux.
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